Idéalement placée avant le repas du samedi soir, l’intervention de Laurent Litzenburger et Pierre-Jean Thomas, enseignants au lycée Varoquaux à Tomblaine, était l’occasion de présenter leur récent ouvrage « A Table » édité par le CRDP de Lorraine.
La version cycle 3 existe également, rédigée par Pierre Courbet, directeur d’école d’application et Pierre Morlot et Jean-Paul Rossignon, formateurs à l’IUFM de Lorraine.
A l’aide d’une banque de 16 photographies grand format représentants des familles du monde posant devant leur stock de nourriture hebdomadaire et signés Peter Menzel, les deux professeurs ont bâti des séances modulables selon le niveau de classe pour étudier différents pans des questions alimentaires dans une optique spatiale.
Comparer les produits concernait la première entrée possible. Au delà du simple critère de la quantité, il était possible de s’intéresser à la variété, à la part de produits naturels, superflus, transformés, à la part de viande, à la présence d’équipements électriques de cuisine…
La sécurité alimentaire était l’occasion de voir si les familles avaient assez, en quantité, en variété, si elles avaient la possibilité de choisir, de faire le lien entre la sous-alimentation et le niveau de vie mais surtout avec la part d’agriculteurs dans la société (qui n’est pas un critère de richesse alimentaire – l’Europe, par exemple, venant en contre-exemple de pays davantage structurés autour de l’agriculture vivrière). Un travail sur les régimes alimentaires, l’espère de vie, l’obésité est également possible…en lien avec la question de l’uniformisation des pratiques alimentaires.
Autre grand volet, celui des déchets : de la consommation énergétique de l’aliment (son stockage au froid), la réutilisation des restes pour le compost ou l’alimentation d’animaux ou encore, à échelle plus restreinte, les flux de déchets à l’intérieur d’un établissement scolaire.
Le dernier point abordé par les intervenants traitait des kilomètres alimentaires : provenance spatiale de l’aliment et trajet, distance, moyen de transport utilisé, rationalisation des flux.
Un très intéressant support et des auteurs convaincants et tout en nuances, ayant très bien réussi à déjouer les pièges des causalités faciles parfois émises par les élèves :
– Si un pays riche consomme beaucoup et pollue davantage qu’un pays moins développé, serait-il souhaitable que ce dernier ne se développe pas davantage ? Non, puisque ne faire que du local ne permettra pas de lancer un plein développement pour ce pays,
– Sur la rationalisation des flux : difficile de casser les liens Nord/Sud mais nécessité de travailler à des échelles moindres même si celles-ci sont politiquement « moins visibles ».
Il reste juste une remarque sur le fait qu’une photographie résume un pays entier (sauf la Chine présente deux fois) et donc qu’il faudrait sans doute apporter des compléments pour amener encore quelque nuance.
Bon appétit !