Condorcet : « Aucun pouvoir public ne doit avoir l’autorité, ni même le crédit d’empêcher le développement des vérités nouvelles, l’enseignement des théories contraires à sa politique particulière ou à ses intérêts momentanés » Rapport et projet de décret relatifs à l’organisation de l’Instruction publique Présentation à l’Assemblée législative 20 21 avril 1792, extrait.
Condorcet estimait que l’instruction doit être protégée de la politique, qu’elle vienne des partis ou des groupes de pression. Son contenu et ses modalités ne doivent donc pas dépendre des changements politiques de l’État.
Principes généraux
• Les Clionautes s’opposent à l’idée d’un roman national qui serait le fil conducteur des programmes d’histoire du premier comme du second degré. Cela est contraire à notre conception, régulièrement rappelée : « l’histoire comme la géographie sont des disciplines scientifiques et de formation ». Un « roman » ou un « récit » national, viendraient en contradiction avec cette démarche scientifique.
• Les Clionautes s’opposent notamment à toute intervention d’intérêts particuliers, communautaires ou idéologiques, dans l’élaboration des programmes. Il s’agit plus précisément de refuser les pressions de groupes cherchant à imposer leur vision mémorielle sur telle ou telle période de l’Histoire.
• Les Clionautes inscrivent leur démarche dans le cadre d’une application stricte des principes de la laïcité, tels que définis dans la loi de 1905, la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, la charte de la laïcité à l’école. Cela concerne tous les cycles de formation, jusqu’à l’entrée à l’Université. Les cours qui traitent des religions sont présentés d’un point de vue historique et non confessionnel.
• Les Clionautes revendiquent clairement une participation des professeurs des écoles, de lycée et de collège à la rédaction des programmes par l’intermédiaire de leurs associations de spécialistes. Les concepteurs et rédacteurs de ces programmes doivent avoir nécessairement une expérience dans l’enseignement primaire et /ou secondaire d’au moins 7 ans dans des lycées généraux, technologiques et professionnels, des collèges et dans le premier degré.
• Les Clionautes tiennent à réaffirmer le principe de la liberté pédagogique, dans le cadre des programmes scolaires. Ils souhaitent notamment que dans les écoles supérieures du professorat et de l’éducation, l’ensemble des démarches pédagogiques puisse être présenté et expérimenté pour les étudiants fonctionnaires stagiaires.
Le numérique dans l’éducation
Association pionnière dans l’utilisation du numérique éducatif, les Clionautes souhaitent que soit mise en œuvre :
• une véritable éducation à Internet et au numérique en général dès le cycle 1 avec une mise en avant de la responsabilisation (les droits et devoirs sur Internet), de l’information (comment s’informer, comment faire le tri devant l’offre pléthorique de sites plus ou moins fiables) et de l’utilisation pédagogique d’Internet et de l’outil numérique.
• demandent l’application de la circulaire du 19 septembre 2011 portant sur «l’orientation pour l’usage des logiciels libres dans l’administration», auxquels la priorité doit être donnée. Cela permettra une meilleure adéquation avec les besoins réels des utilisateurs. Il en va également de l’indépendance du service public d’éducation vis-à-vis des entreprises dominant le secteur du numérique, tout en favorisant le développement de services locaux liés aux logiciels libres, source d’emplois qualifiés. Au niveau des enseignements la cartographie numérique peut devenir une option du baccalauréat.
• Les associations disciplinaires de spécialistes, en histoire et en géographie pour ce qui nous concerne, doivent pouvoir intervenir auprès des services des directions académiques des systèmes d’information pour homogénéiser les accès Internet des établissements publics et locaux d’enseignement (EPLE), dans le cadre de leurs démarches pédagogiques.
Pour ce qui concerne les programmes d’histoire et de géographie dans les différents cycles :
Au niveau des lycées d’enseignement général et professionnels comme au collège :
• L’histoire globale, la géo-histoire doivent davantage habiter les études actuelles. Cette histoire globale n’est pas pour autant renoncement au local comme au national. Elle doit partir au contraire du local pour arriver à la compréhension de situations plus globales.
• L’histoire sociale en France doit faire un retour dans les programmes, avec, dans le cas du lycée, une étude comparée sur un pays européen. (le modèle allemand ou scandinave par ex.)
• À titre d’exemple de proposition en histoire (niveau de 1ère) : une ligne directrice du programme d’HG incluant l’histoire des génocides de manière globale et mondialisante (exemple de titre : le XXème siècle le siècle des génocides) : des Hereros en Namibie au Rwanda, avec une approche thématique et chronologique.
• Les Clionautes proposent des programmes modulables en fonction des filières ES-L-S: un socle commun de questions peut être défini mais par la suite des questions propres à chaque série peuvent être envisagées : histoire des sciences en série scientifique par exemple.
• Pour les département et territoires d’outre-mer les Clionautes préconisent une adaptation des programmes d’histoire et de géographie en fonction des spécificités géographiques et historiques sans pour autant remettre en cause le cadre globalisant du programme.
• Pour les lycées professionnels le volume horaire est manifestement insuffisant dans le cadre de la « tri-valence », ( Lettres-histoire-géographie) au vu de l’ampleur des programmes. Une heure de cours supplémentaire hebdomadaire / quinzomadaire pourrait être rajoutée.
L’enseignement de nos disciplines doit avoir du sens : L’histoire, comme la géographie sont ainsi mises au service de la compréhension du présent. Pour cela l’approche thématique peut permettre l’étude de situations faisant écho aux questions qui touchent nos sociétés et le monde entier.
• Pour la géographie, il conviendra, dans le cadre de la bivalence, de veiller à l’équilibre avec l’histoire. Cela doit passer par une intégration en tant que telle de la cartographie, y compris par les moyens numériques. La maîtrise adaptée du vocabulaire géographique, incluant la géographie physique doit faire partie des connaissances à acquérir dans les différents cycles.
• Concernant le collège, Les Clionautes émettent le souhait de redonner un statut de professeur, plus que d’animateur dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires, (EPI). Ils souhaitent ainsi redonner la place au récit et à l’acquisition dans la transmission du savoir.
Enseignement primaire (Cycle 3 incluant la sixième)
Au niveau du cycle trois, (premier degré), une attention particulière sera portée à de grands repères chronologiques, comme la périodisation, en associant l’histoire nationale à l’histoire mondiale. Les grands thèmes géographiques comme l’approche des territoires, peuvent être abordé à partir d’études de cas, locales et régionales. (Étude du relief pour un vocabulaire de base, des différentes formes d’aménagement de l’espace. (Espaces ruraux, urbains, milieu de vie.)
Enseignement moral et civique
• Les Clionautes souhaitent que cet enseignement soit assuré par les professeurs d’histoire et de géographie, qui disposent, de par leur formation, des moyens de transmettre les bases indispensables aux citoyens en devenir, comme la connaissance des institutions, celle des différentes systèmes politiques, ainsi que les différents moyens d’intervention des acteurs dans la Cité.
• Cela suppose qu’un horaire soit spécifiquement défini pour cela, et que l’on envisage de proposer cet enseignement comme une option au baccalauréat, afin qu’il soit revalorisé.
Volumes horaires consacrés à l’enseignement des disciplines, histoire, géographie, enseignement moral et civique
• Afin de permettre l’approfondissement en termes de connaissances, mais également pour favoriser les processus d’acquisition de celles-ci, la question des volumes horaires consacrés à ces disciplines doit être posée. Cela suppose, notamment au niveau du lycée, que l’on s’interroge sur la pertinence de ces enseignements d’exploration en seconde, des travaux personnels encadrés en première, à propos desquels un bilan doit être tiré. (Les volumes horaires ainsi dégagés pourraient être attribués aux enseignements disciplinaires, tout en favorisant, sur la base du volontariat, le travail pluridisciplinaire.)
Organisation de nos enseignements et hiérarchie
Au niveau national :
• Les Clionautes préconisent la mise en place d’une commission consultative par disciplines auprès des services de la direction générale de l’enseignement scolaire. Celle-ci doit associer des représentants des associations de spécialistes et des personnalités qualifiées pour définir les grandes orientations générales des conditions de mise en œuvre des programmes, ainsi que pour en étudier de façon opérationnelle, les retours et bilan d’expérience. L’inspection générale doit être associée à cette démarche, en étant en charge du pilotage de celle-ci au niveau national.
Au niveau académique :
• il nous apparaît indispensable et urgent de recréer un lien entre les inspections pédagogiques régionales et les équipes des professeurs. Cela suppose un contact et une correspondance suivie sur les équipes par le biais du professeur coordonnateur dans le cadre des nouvelles évaluations prévues à la rentrée.
Formation des professeurs d’histoire, géographie, enseignement moral et civique, dans les écoles supérieures du professorat et de l’éducation.
• Au vu des conditions d’entrée dans le métier des étudiants fonctionnaires stagiaires, il nous apparaît pertinent de procéder à une réorganisation de la structure, ainsi que des enseignements qui sont délivrés.
• Les formations, pour les enseignements disciplinaires, doivent associer de façon paritaire des professeurs en activité et des universitaires.
• Pour les enseignements généraux, permettant une approche globale du métier, la formation existante doit être concentrée sur un trimestre, afin que la dimension pratique associée à une réflexion théorique sur les pratiques enseignantes puisse être mise en œuvre.
• Pour le reste de l’année de formation, au niveau du Master 2, l’attention doit être portée sur une pratique effective de mise en situation auprès du formateur tuteur, dont il conviendra de renforcer la responsabilité, ce qui doit aller de pair avec une revalorisation significative de son indemnité eue égard à la charge de travail supplémentaire que cette mission renouvelée représenterait.