L’association Dauphiné-Savoie des auditeurs de l’IHEDN organise un colloque intitulé : « Assurer la sécurité et la défense de l’Union Européenne : Pourquoi ? Comment ? »
Emmanuel Carroz, adjoint « Mémoire, Migrations et Coopérations internationales » de la mairie de Grenoble, représentant Eric Piolle, maire :
- Souligne combien la France et l’UE sont à la croisée des chemins avec les nouveaux dangers géopolitiques, la question épineuse de la politique d’accueil des réfugiés, les questions environnementales urgentes), questions qui concerne chaque citoyen de notre pays.
Le général Paul Sanzey, nouveau commandant des troupes de montagne :
- Rappelle la personnalité du sergent Maxime Blasco, symbole de la richesse et de la diversité des jeunes Français engagés dans la défense de leur pays.
- Souligne le rôle de la Task Force Takuba : Cette coalition internationale de forces spéciales, voulue par Paris, regroupe 600 militaires dont 300 Français et 300 issus de volontaires de 8 pays européensBelgique, Estonie, Italie, Pays-Bas, République tchèque, Portugal et Suède. Le Danemark prévoit une contribution d’une centaine de militaires en 2022. La Grèce, la Hongrie et la Serbie se sont montrées intéressées. et vise à former et à accompagner les troupes maliennes au combat. Certains pays européens sont donc prêts aux côtés des Français à payer le prix du sang.
Rosène Charpine, présidente de la section régionale Savoie-Dauphiné de l’IHEDN :
- Salue le comité directeur de l’association qui a entrepris d’organiser ce colloque en anticipant le temps fort de la présidence française de l’UE.
- Remercie les partenaires qui ont permis sa tenue :
- L’Université Grenoble-Alpes
- La Mairie de Grenoble
- Le Conseil départemental de l’Isère
- La Casden (« banque des enseignants »)
- Le CEA
- Les jeunes de l’IDHEN
- Se réjouit de la présence des élèves de la spécialité géopolitique des lycées du Grésivaudan et de Notre-Dame et de leurs enseignants.
Delphine Deschaux-Dutard, Maître de conférences en sciences politiques à l’Université de Grenoble, vice-doyenne aux relations internationales et membre du Centre d’études sur la sécurité internationale et les coopérations européennes (CESICE), introduit le colloque :
Ce colloque évoque des questions de géopolitiques à la fois actuelles et brûlantes à point nommé puisque en janvier 2022, la France prendra la présidence pour 6 mois du Conseil européen.
Prenons les mots du thème un par un
Europe / Union Européenne ?
On est passé d’un espace géographique à un espace civilisationnel puis à une réalité politique unique dans le monde.
Sécurité ?
Les 14 points du Président Wilson
La notion de sécurité collective est une notion mise en lumière par le président Wilson début 1918 devant le Congrès américain. Le 1er de ces 14 points refuse la diplomatie secrète en usage avant le déclenchement de la Grande Guerre.
Une idée en fait ancienne, liée aux conflits européens…
En fait, l’idée d’une sécurité collective, ayant pour but de mettre fin aux guerres européennes apparaît avec la catastrophe des guerres de religion. A la fin du XVIe siècle le duc de Sully avait imaginé un grand dessein : une communauté européenne de 15 membres avec une armée financée en commun.
Le quaker William Penn, fondateur de la ville de Philadelphie, envisageait à la fin du XVIIe siècle, un parlement européen capable de militairement intervenir.
Emanuel Kant plaidait en 1795 lors des guerres révolutionnaires pour une confédération européenne dans son ouvrage « La paix perpétuelle ».
… Mise en place après les guerres mondiales du XXe siècle
Mais ce seront les conséquences des 2 guerres mondiales qui vont en faire naître les institutions.
- D’abord la SDN, mais sans que les EU la cautionnent et que la Russie bolchévique y participe.
- Puis les accords de Locarno en 1925 qui proposent un pacte de sécurité collective qui ne sera jamais appliqué.
- Winston Churchill propose à l’université de Zurich le 19 septembre 1946 des Etats-Unis d’Europe, basés sur la réconciliation franco-allemande, tout en refusant toutefois que la Grande Bretagne en fasse partie.
- Le projet de Communauté Européenne de Défense (CED) de 1950 prévoit une armée européenne intégrant l’ancienne armée allemande, et placée sous l’autorité stratégique de l’Otan (ce que la France refusa).
L’intérêt de ce détour par l’histoire est d’en montrer l’épaisseur et actuellement de s’interroger sur la question de la pertinence de l’Otan.
Pourquoi assurer la sécurité de l’Europe ?
Où en est l’OTAN en 2021 ?
L’Europe a vécu depuis la Guerre froide sous la très forte dépendance des EU et de leur bras armé.
Mais depuis la présidence de Barack Obama, les Etats-Unis s’interrogent sur la pertinence de l’Alliance, dans un contexte dans lequel le pivot du monde s’est déplacé de l’Atlantique à l’Indo-Pacifique.
L’OTAN est-elle en « mort cérébrale » ?
Le retrait de ses troupes en Afghanistan avec l’absence de coordination assumée des Etats-Unis a profondément troublé les alliés européens.
« Les Européens doivent apprendre le monde tel qu’il est »
Pour Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a déclaré à propos des événements récents (et notamment le dernier avec la débâcle en Afghanistan) que « les Européens doivent apprendre le monde tel qu’il est, et non tel qu’ils voudraient qu’ils soient ».
Défendre l’Europe du terrorisme au Sahel
Le Sahel pose la question de la sécurité collective de l’Europe (cf. La task force Takuba)
Assurer la cybersécurité des citoyens européens
La pandémie et le confinement qui a suivi ont été une aubaine pour les hackers et autres trolls au service d’Etats ou cherchant à rançonner les entreprises et les particuliers. Des sanctions contre des hackers chinois et russes ont été prononcées pour la 1ère fois en 2021.
Après le Brexit, l’UE, une idée du passé ?
Les règles ou valeurs communes qui ont été le socle de sa construction sont-elles devenues obsolètes face au retour des nationalismes (Brexit, Pologne) ?
Mais comment assurer sa sécurité ?
Vers l’armée européenne…
Le développement de l’embryon d’armée européenne existant déjà mais non opérationnel apparaît comme la solution à venir. Or il faut s’entendre sur ce que recouvre le terme « armée » et les fonctions qu’il recouvre. Et ce terme n’est pas compris de la même façon selon les pays.
… Ou des politiques militaires coordonnées ?
L’UE a coordonné une trentaine d’opérations militaires depuis 2003, ainsi l’opération Atalante en Somalie pour sécuriser le traffic maritime commercial.
L’UE s’est dotée d’un centre de commandement militaire en 2017 à Bruxelles, appelé «Capacité militaire de planification et de conduite » (MPCC) autonome de l’OTAN. Ses premières missions ont eu pour but de former par les militaires maliens.
Mais des freins importants
La capacité de projection opérationnelle reste théorique, faute de volonté de participation en dehors de l’OTAN de la majorité des pays-membres.
Au-delà de la volonté commune, de nombreux obstacles se dressent. Les pays européens ont-ils les capacités industrielles, financières pour mener à bien un projet dont il faudra s’interroger sur son caractère réaliste.
Toutes questions qui seront abordées dans ce colloque…
Et la suite de la 1ère journée, c’est ici.