Il y a une semaine, les élèves de Terminale composaient pour leurs épreuves de spécialité, les premières selon le calendrier initial de la réforme Blanquer. Aujourd’hui, s’ils semblent à peu près tous convaincus d’être en vacances, c’est l’heure pour leurs enseignants de se connecter à Santorin et de commencer les corrections.
Les sujets des épreuves d’HGGSP 2023
Dans l’ensemble, les sujets de métropole ne pouvaient guère surprendre. Certains étaient d’ailleurs stimulants, avec une mention particulière pour le jour 1 globalement cohérent et équilibré.
Faisons toutefois une exception avec le sujet d’étude critique de documents du jour 2 sur l’environnement. Assez peu exploitables, difficiles à relier entre eux, les documents ont désarçonné plus d’un candidat …et d’un professeur. Pour peu que l’élève ait reçu un sujet mal imprimé en noir et blanc et il avait de grandes chances de manquer les rares éléments à tirer du document iconographique.
De fait, les candidats du jour 2 seront désavantagés par rapport au jour 1. C’était un sujet de remplacement, certes, mais est-ce une explication suffisante ? En obligeant à deux exercices notés sur 10, on empêche par ailleurs le correcteur de compenser l’aléa sujet par une note globale.
Pour les élèves qui ont soigné le travail durant l’année et les révisions en février, la potion risque d’être amère.
Le calendrier des écrits toujours en question
Hier encore, Pierre Mathiot, inspirateur de la réforme, se félicitait de ce calendrier de mars, seul moyen avoué de sauver coup sur coup le soldat Parcoursup et le soldat Baccalauréat.
Les premières corrections révèlent que tout cela a un prix : des connaissances trop fraîches et des méthodes mal assimilées. Le temps administratif est une chose, celui de l’élève en est une autre.
Il n’est pas indécent de rappeler qu’un jeune adulte de 17-18 ans n’est pas comparable avec les étudiants de 22 ans que Pierre Mathiot peut croiser à Sciences po Lille. Dans le premier cas, l’expérience de la dissertation et de l’étude de document se compte en mois ; dans le second, en années. À l’arrivée, s’il faut pratiquer une notation encore plus généreuse pour cacher la misère, on aura assommé le Bac et crevé les yeux de Parcoursup.
Et l’élève dans tout ça ? À en juger par les nombreuses marques de découragement à la sortie des salles d’examen, notamment après la fameuse étude de documents du jour 2, nous ne sommes pas vraiment pressés de découvrir son état à la publication des résultats (et des copies) le 12 avril.
Les corrections du bac
Avec des réunions d’entente retardées entre correcteurs et le couperet de fin de saisie des notes fixé au 5 avril à midi, le temps de correction ne s’étend que sur une dizaine de jours.
Nous signalons que, dans de nombreux établissements, l’application des quatre demi-journées dédiées aux corrections n’a pas toujours bénéficié à l’enseignant. Dans quelques cas, les « contraintes de service » ont conduit par exemple des chefs d’établissement à déposer d’office des temps de correction sur les moments déjà libérés de cours, ce qui, on en conviendra, n’était pas l’esprit des directives publiées au bulletin officiel. À quoi peut bien servir un temps de décharge sur un temps libre ?
Lors des réunions, si l’on se fie aux retours provenant de plusieurs académies, beaucoup de collègues ont regretté le peu d’éléments réellement informatifs. Une fois rappelés les définitions de l’épreuve, le calendrier général et la procédure d’ouverture de Santorin, c’est-à-dire les éléments connus de tous, les réunions ont peiné à répondre aux questions des enseignants. Les préconisations de correction restent vagues, les grilles de correction sont assorties d’un commentaire sur leur caractère non prescriptif et les questions diverses renvoyées aux professeurs coordinateurs.
Notre association s’efforce de jouer son rôle de soutien en publiant dès la fin des épreuves, des corrigés du jour 1 et du jour 2.
Le défi de l’harmonisation
Comme on voit de moins en moins les inspecteurs, certains collègues ont profité de la réunion pour poser la question serpent de mer des fiches Eduscol, toujours non publiées à ce jour pour certains thèmes. Il n’y a pas eu de réponse.
Pour finir, notons que partout, des assurances ont été données pour que la session 2023 soit exempte de toute remontée de points systématique comme cela avait été le cas l’année dernière. La ventilation des correcteurs dans des sous-groupes de correction, chapeautés par des professeurs coordinateurs, doit œuvrer à une harmonisation en continu de l’ensemble. Nous sommes bien entendu parfaitement conscients de la nécessité d’homogénéiser l’évaluation à toutes les échelles, locales, académiques et nationales, pourvu qu’une attention soit exercée en surplomb sur l’ensemble des spécialités. L’un des grands sujets de mécontentement l’année dernière portait justement sur ce point, avec des écarts conséquents de difficulté d’une spécialité à une autre, sur lesquels s’ajoutaient des notations plus ou moins libérales. La survie d’un examen dépend aussi de l’accumulation de ces éléments qui forgent une légitimité générale.
L’oral de rattrapage de la session 2023
L’un des derniers domaines sur lesquels nous aurions souhaité une clarification concerne le programme applicable à l’oral de rattrapage du baccalauréat. Selon les académies, les réponses ont varié et s’il semble bien que tout le programme soit exigible, nous espérons qu’une réponse nationale sera fournie sous peu.
En tant que professionnels de l’enseignement, nous ne sommes pas favorables à ce que cet oral, à destination des candidats les plus fragiles, se retrouve adossé à des exigences supérieures à celles des candidats du premier groupe. L’écrit repose sur quatre questions et le grand oral doit rester circonscrit au périmètre à peine élargi du sujet du candidat. Il y a là un principe d’égalité.
Les collègues ont souvent terminé le programme de l’écrit tambour battant. La période de mars à juin est dédiée à Parcoursup, au Grand oral et aux épreuves d’admission dans plusieurs filières sélectives. Donc, logiquement, quand bien même le programme serait bouclé, il est évident que les contenus et l’évaluation auront été adaptés, ce qui fragilisera d’autant les candidats qui n’auront pas réussi l’écrit.
Nous souhaitons donc que le programme de l’oral se cantonne aux quatre thèmes de l’écrit. Les professeurs convoqués à l’oral étant libres des sujets, ils auront toute latitude pour discerner les deux thèmes faisant l’objet d’une question de rattrapage. Mais en pareil cas, le cadre national de l’examen rend plus que souhaitable une règle explicite.
Les annales de l’épreuve
L’association a profité des deux jours d’épreuve pour constituer des annales par thème en HGGSP (Guerre et paix, Patrimoine, Connaissance, Environnement, Nouveaux espaces de conquête, Histoire et mémoires). Cela facilitera, on l’espère, le travail des enseignants dans la confection de leurs futures évaluations. Ces annales seront, comme il se doit, réactualisées au fur et à mesure.