REGARDS CROISES de l’HISTORIEN, du GEOGRAPHE et du PHILOSOPHE sur la

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I Regard du philosophe.

Il existe 3 débats philosophiques sur cette question : le débat éthique, le débat politique et le débat historique.

1) Le débat éthique.

L’éthique, c’est le souci de la dignité humaine. Il existe 2 points de vue : le point de vue pessimiste, la guerre a un caractère désastreux. Comme le dit Lévinas la guerre nous fait entrer dans la « nuit éthique », toutes les valeurs refluent ou s’effondrent.
La fureur guerrière existe depuis Achille et Ajax jusqu’à Capitaine Conan (film de Tavernier sur les commandos de 14/18). Le meurtre a l’impunité la plus totale, la violence exerce une fascination morbide et l’homme révèle sa plus grande noirceur. La seule sortie possible de ce dilemme serait la foi…
Le point de vue optimiste est la position fréquente de l’ancien combattant. L’Homme peut se révéler dans ce qu’il a de plus valeureux par la Guerre. L’Homme demeure pleinement humain malgré la guerre.

2) Le débat politique.

Quelles sont les origines de la guerre ?
Le point de vue d’Hobbes, qui, après la guerre civile anglaise s’exile en France. Il valorise du coup un État fort. Si l’Etat n’est plus là pour limiter les pulsions belliqueuses de l’homme, on se retrouve dans la situation de la « guerre de tous contre tous ».
A l’opposé la position de Rousseau, la guerre est un conflit entre Etats et pas entre individus. C’est le machiavélisme des Etats qui provoque la guerre. Les Etats ignorant toute éthique, il a une vision de l’abolition de l’Etat qui amènerait au pacifisme.

3) Le débat historique

Comment faire la Paix ?

Le premier point de vue défend la guerre avec Hegel, la guerre est valorisée car elle est utile ; elle rend possible la prise de conscience de l’identité. La guerre est le « moteur des peuples ».
Le deuxième point de vue défend la paix perpétuelle, en 1795, avec Kant, la guerre doit disparaitre en réunissant des conditions juridiques, un désarmement et une « fédération d’Etats libres et républicains ».

II Le regard du géopoliticien.

Les géographes universitaires français ont mis à l’écart la guerre et la politique. C’est une dramatique incompréhension des origines de la géographie. Elle est née comme un outil de conquête. La conquête coloniale avec des explorateurs et des officiers de marine. Hérodote déjà observait les guerres médiques (observer = historéo), c’est notre premier géographe.
Finalement les journalistes travaillent plus les cartes géopolitiques que les géographes. La géographie disparaitra t’elle ? Quelle est l’utilité de la géographie telle qu’elle est enseignée ?
Yves Lacoste se penche alors sur les guerres. D’abord il n’y a pas que des guerres étatiques, il y a des guerres de tribus et de groupes comme en Afrique du Nord, en Libye et au Yémen.

Les Russes avec Vladimir Poutine reconnaissent qu’ils doivent aux guerriers mongols leur sens de l’Espace et des grands États.
La guerre est à différents niveaux spatiaux (et non pas cet horrible mot à la mode de multiscalaire) : des conflits et enjeux sur des milliers de km, sur des centaines de km, des dizaines de km et même des centaines de mètres comme à Beyrouth en 1982…

III Le regard de l’historien.

Enfin Eric Alary conclut sur les guerres post-guerre froide. Il y a une parcellisation des guerres. Quelques conflits s’arrêtent comme au Nicaragua, au Salvador, au Guatemala ; le départ des cubains en Angola et au Mozambique et de l’armée vietnamienne au Cambodge.
Mais en même temps d’autres conflits démarrent comme en Somalie, en ex-Yougoslavie, en Colombie et en Syrie. Des « guerres dégénérées » à partir de 1992/1993 remettent en cause l’existence d’Etats comme au Kosovo, en Erythrée et au Sud-Soudan. Revient-on à l’âge tribal ?
On assiste à des conflits entre groupes humains plus petits à l’échelle des quartiers et des clans. La guerre classique tend, elle, à disparaitre…L’O.N.U. est faible et il y a une absence criante de gouvernement mondial.