La conférence de Clôture – rvh du 12 octobre 2014 – les rebelles –
Le prix Augustin Thierry a d’abord été attribué à Antoine de Baecque pour la « traversée des Alpes », « Essai d’histoire marchée » chez Gallimard. Pour une fois, (c’est même rare) il y eut aussi un hommage appuyé à Jean-Marie Génard, la véritable cheville ouvrière de ce festival depuis 1998 et premier lecteur de ce roman.
Lors de cette conférence de clotûre il y eu de nombreuses allusions à l’affaire Marcel Gauchet avec un soutien appuyé de Michelle Perrot et de Jean Noël Jeanneney à l’auteur de la conférence inaugurale contestée.
Michèle Perrot se demande qui peut se qualifier de Rebelle ? Olympe de GOUGES, Georges SAND, Flora TRISTAN, les 2 Simone W VIEL, Daniel COHN-BENDIT, daniel CORDIER …Pas seulement. Elle recommande d’en parler avec la distance nécessaire…
Du point de éthymologique, (Rebellum) le rebelle est « celui qui reprend la guerre » « qui n’accepte pas la paix » La rébellion est un « mot valise » avec des significations diverses… qui concernent les camisards, les artistes romantiques, des Bohémiens, ou encore « l’homme révolté » de Camus…
Pour Michèle PERROT le mot rebelle a 4 sens au moins :
- Dans le sens organique : le malade rebelle au remède. Racine dans « Phèdre ».
- Dans sens individuel à un moment de notre vie mais ce n’est pas s’oppposer à tout.
Voir par exemple la biographie de Catherine MILLET, de Pascal BRUCKNER –
- La « rébellion commune », des formes diffuses de résistance dans la société : Comme dans l’ouvrage de Jean-Paul Kauffman « remonter la Marne » avec des conjurateurs qui « font avec » – une résistance populaire à l’industrialisation au XIXe, des tisserands paysans devenus des ouvriers. Ou encore Rolande TREMPE avec les « mineurs de Carmaux » (1848-1914)
- La « rébellion collective », ouverte dans l’espace public : Jean Nicolas avec « les émeutes frumentaires ».
Elle distingue 3 types de rébellions
- Celle des ouvriers en grève qui est est la forme de rébellion majeure. ex : les mineurs du var pour qui la grève se nomme « la Rebelle » (sens non retenu par les dictionnaires). « c’est la rebelle » = un écriteau sur la porte pour dire demain, on ne travaille pas. La grève générale est, pour Michèle Perrot, une illusion lyrique.
- Celle des prisonniers avec des révoltes carcérales rares parce que terriblement difficiles. Mais il y a des formes de rébellions communes, de menus réseaux… au XIXe. Les détenus communiquent entre eux par des « biffetons », des « tuyaux » . Ils conservent des marges de liberté, même dans les camps de déportés. 1848 + USA 1970-1972. Michel FOUCAULT, Pierre VIDAL NAQUET avec la revue « intolérable »
- Celle des femmes, des rebellions moins évidentes que pour les hommes. « les femmes acceptent, êtres soumises, être douces… » Marcelle TYNAIRE, la rebelle…est présentée comme une dévergondée. Les femmes sont rusées… les tantes célibataires qui étaient des femmes très indépendantes, « des originales ».
L’histoire des féminismes Olympe de GOUGES, Georges SAND. 1848 SU masculin… Droit de vote en 1945.… XXe MLF une rebellion pour obtenir le droit de corps dans les faits. Le droit l’avortement. « Un enfant si je veux, quand je veux, comme je veux ». Des rebellions de plus longue portée. Les individualité rebelles : Lucie BAUD (1870-1913), ouvrière textile dans l’Isère a laissé un rare témoignage de 15 pages.
Conclusion : « l’histoire est un instrument critique, de liberté à condition qu’elle soit critique, qu’elle soit vraiment libre… elle nous permet d’avoir des moments de joyeux consensus comme ce soir »…
Le thème des rvh en 2015 : après avoir hésité entre « empires et nations » le thème retenu par le comité scientifique sera finalement « les empires »
La séance de clôture a été filmée par la Conseil Général
Le point de vue de la presse locale est en ligne par ici
http://www.lanouvellerepublique.fr/Loir-et-Cher/Actualite/Dossiers-actualite/n/Contenus/Dossiers/Actualite/Les-Rendez-vous-de-l-Histoire/Edition-2014/Michelle-Perrot-ou-la-juste-distance-2079496
