Vendredi matin, la salle de la Halle aux Grains de Blois, comble, accueillait une table ronde autour du sujet des rébellions coloniales. On y trouvait, entre autres, Antonio Gonzalez déjà vu la veille pour la table ronde sur les rebelles de l’Antiquité, mais aussi Olivier Grenouilleau qui animait les débats, Hugues Tertrais et Géraldine Vaughan. Le très médiatique Benjamin Stora s’étant décommandé, il fut remplacé au pied levé par un universitaire dont je n’ai pu retenir le nom sur le moment. Je ne sais pas si l’absence de Stora était en cause, mais la table ronde fut plutôt décousue et peinait à rester accrochée à son sujet. De fait celui qui anima le plus la réunion fut Antonio Gonzalez, spacialiste d’histoire romaine antique qui avait, au fond, peu à dire sur les rébellions coloniales en soi, mais resservi ce qu’il avait dit la veille sur la révolte des alliés en 91 avant JC (voir CR publié le 11 octobre) et insistant un peu plus sur le cas de la ville de Frégelles, « colonie » romaine en territoire Samnite qui fut détruite en 125 avant JC pour avoir demandé les mêmes droits que les citoyens romains.
L’éventail des lieux et des périodes était sans doute trop vaste pour avoir une réelle cohérence : Algérie de 1831 à 1962, Indochine de 1888 à 1935, Etats-Unis en 1776 et Irlande en 1798. Rien sur l’Afrique noire, ni sur l’Océanie.
Ainsi les vocabulaires utilisés pour désigner les rebelles étaient très variés : brigands dans l’Antiquité, insurgés dans le monde colonial franco-britannique, rebels en Irlande, le mot ayant alors une connotation positive dans la bouche des Irlandais.
Plusieurs objectifs étaient recherchés par les rebelles : retour au système traditionnel, refus des Français et de leurs valeurs, désir d’indépendance conservatrice (Etats-Unis, Amérique latine), désir d’intégration….
Passée la révolte initiale, on trouve souvent une radicalisation ou alors la recherche de nouveaux modèles. Les Vietnamiens, par exemple, se tournent vers le Japon mais aussi la France, en ce sens qu’il s’agissait là d’appliquer le modèle républicain français au pays, et évidemment pas le modèle colonial à deux vitesses….
L’impact des révoltes coloniales fut évidemment très varié selon les sujets abordés : reconnaissance des revendications citoyennes des latins par les empereurs, indépendance en Algérie et en Indochine, influence de l’expérience américaine dans les pays européens du Commonwealth comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’aspect religieux ne fut évoqué que sur la fin, avec notamment le fait que, lorsque les Irlandais se révoltèrent en 1798, catholiques et protestants étaient alors alliés. Ce ne fut qu’au XIX° et XX° siècle que les catholiques s’arrogèrent pour eux seul le qualificatif d’indépendantistes, provoquant une rupture avec les protestants.
Beaucoup trop décousue, la table ronde se terminait platement sur un net sentiment d’insatisfaction.
Mathieu Souyris, collège de Bram.