Frederick Cooper professeur de l’Université de New York.
Ce vendredi 9/10 2015 dans la salle Kléber du Conseil Départemental, un éminent professeur a tenu une conférence mais dans un français difficile à suivre à cause d’un accent américain à couper au couteau. En tant que franco-américain je vais cependant essayer de vous la résumer. Pierre Jégo autre Clionaute présent a du aussi faire cette tentative…
INTRODUCTION : La colonisation, aspect essentiel de la République Française, doit être assumée en 2015. Il faut reconnaitre les massacres coloniaux, l’esclavage, le code de l’indigénat et toutes les formes d’oppression que la France a fait subir aux Africains. Comme l’a dit Catherine COQUERY-VIDROVITCH : « la France n’a pas d’Empire, elle est un Empire ». Les origines de ces questions se placent entre 1789 et 1945 quand la France subit la révolte des esclaves en 1791, rétablit l’esclavage en 1802 et l’abolit définitivement en 1848. De 1870 à 1940, la Troisième République comporte encore des sujets en Afrique Noire et des indigènes musulmans en Algérie. Enfin le maréchal Pétain exalte l’Empire colonial qu’il a « sauvé » des mains des Allemands.
1°La Quatrième République doit affronter une crise morale et politique car le racisme colonial fait écho au racisme allemand nazi. L’Union Française doit évoluer et 6 députés de l’AOF essayent de sortir de la notion d’Empire. Ce sont surtout Senghor, Houphouët Boigny et Lamine Gueye. Ils veulent rester associés à la France mais dans un autre cadre.
Cependant, dans son article 82, l’Union Française, on l’oublie en 2015, permet de devenir citoyen français tout en gardant son statut personnel, sa loi islamique et ses lois coutumières.
2°La Cinquième République de 1958 à 1969 avec De Gaulle change encore la donne en Afrique. La loi cadre Defferre en 1956 avait laissé le cadeau empoisonné d’un collège électoral unique et de l’affirmation du suffrage universel pour tous.
La COMMUNAUTE franco-africaine essaye l’interdépendance pour éviter l’indépendance (sauf la Guinée de Sékou Touré qui dit non à De Gaulle en 1958).
On va assister à la balkanisation de l’Afrique Noire en petits territoires, à la construction forcée d’Etats-Nations (idée absurde en Afrique) et au rejet du grand rêve du panafricanisme, voulu par Senghor mais rejeté par Houphouët Boigny. C’est une lutte terrible entre ses deux grands leaders africains…
La réalité politicienne a triomphé du rêve fédéral (comme en Europe depuis 2010).
En 1960, la sortie massive vers les indépendances fait de Senghor le dictateur du petit Sénégal et de Boigny le dictateur à vie de la petite Côte d’Ivoire. On a imposé l’État-nation à des peuples qui n’en voulaient pas mais qui avaient des dirigeants heureux d’affirmer leur pouvoir despotique. Les frontières absurdes de la colonisation qui séparait les peuples entre eux vont rester inchangées…
CONCLUSION : En Afrique comme en Europe on a besoin d’ouvrir l’imagination et de sortir du cadre étroit de l’Etat-Nation pour faire enfin aboutir l’Utopie fédérale des pères du Panafricanisme et des pères de l’Europe. C’est une immense tâche qui nous attend. L’Afrique a échoué entre 1956 et 1962, l’Europe pourrait réussir ce rêve entre 2015 et 2050.