Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme se déroule actuellement et jusqu’au 5 juin 2011 une exposition intitulée «Chagall et la Bible».
En 1930, à la demande du marchand d’art et éditeur Ambroise Vollard, Chagall s’attèle à l’illustration de la Bible hébraïque en une centaine d’eaux-fortes. Ce travail est interrompu par la mort de Vollard en 1939, puis par l’exil de l’artiste aux États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Il ne sera repris que plusieurs années après le retour du peintre en France, en 1948, et finalement publié en 1956 sous la forme de 105 planches gravées.
L’exposition permet aux visiteurs de comprendre le processus de création de cet ensemble, selon un parcours en trois étapes :
– Illustrer la Bible
Chagall réalise 40 gouaches mettant en images la Genèse et l’Exode qui servent de point de départ aux gravures. Il a comme thèmes de prédilection les patriarches et Moïse, les guerriers, les rois, les prophètes.
L’ensemble de ces gouaches est présenté ici.
Le visiteur peut ensuite voir les 105 planches gravées à l’eau-forte et à la pointe sèche, réparties en deux volumes et éditées en 1956 par l’éditeur Tériade.
La série présentée est celle que Chagall a dédiée à sa femme, Valentina Brodsky.
Chaque planche est accompagnée d’un extrait de la Bible de Genève du XVIIe siècle.
Un petit espace sous l’escalier permet de comprendre la technique de l’eau-forte : l’artiste grave en creux sur une laque métallique recouverte d’un vernis à graver, elle est ensuite plongée dans un bain d’acide qui attaque les zones à découvert et laisse intactes les parties protégées. Il reste à nettoyer le vernis, encrer la plaque et imprimer sur le papier avec une presse.
Mais Chagall faisait de nombreuses « retouches » pour perfectionner son travail. Les réseaux gravés sont complétés à la pointe sèche, tandis
que par endroits les zones gravées sont couvertes avec du vernis ; le polissage au brunissoir produit les clairs, et les demi-tons sont rendus par l’utilisation du papier de verre.
On peut voir ce travail avec 3 exemples La «sortie d’Egypte» où l’on peut voit 10 états différents du travail de l’artiste et la plaque de cuivre gravée, «Samson renverse les colonnes» avec 4 états et la palque de cuivre et enfin le« Songe de Salomon» pour lequel sont exposés un dessin à la mine de plomb, un autre à l’encre, l’eau-forte et enfin la plaque de cuivre.
Enfin trois petites vidéos permettent au visiteur de voir et d’écouter Chagall à l’occasion par exemple de l’inauguration en 1967 de l’exposition du Louvre Le message biblique, et c’est avec un commentaire d’André Malraux!
On voit aussi l’artiste dialoguer avec ses petits-enfants. Un autre vidéo montre l’inauguration du musée Chagall à Nice en 1973.
L’exposition se poursuit aux étages supérieurs avec :
– Sur les traces des ancêtres
En 1931, Chagall est invité en Palestine par le maire de Tel Aviv, Meir Dizengoff . Ce premier voyage en Terre sainte aura une influence décisive sur l’oeuvre de l’artiste.
Il est fasciné par les lieux bibliques, emblèmes de la tradition juive. 4 tableaux sont présentés ici : «Dans la synagogue à Safed», le «Mur des lamentations», «Jérusalem» et l’«Enceinte de Jérusalem» Ces oeuvres, qu’il appellera« ses notes », lui permettront d’introduire par la suite des éléments architecturaux dans ses gravures.
– Interpréter la Bible.
Pour Chagall le récit biblique est une grille de lecture du temps présent. Il se perçoit comme un voyant, un prophète avec par exemple les tableaux «l’Ange peintre», «l’Ange à la palette». La démarche consistant à
interpréter les événements contemporains à travers la Bible se cristallise avec la guerre : «La Traversée de la Mer rouge» et «La Chute de l’ange» par exemple symbolisent les pogroms et la Shoah. Chagall n’hésite pas à utiliser des motifs chrétiens comme la crucifixion ou la Vierge à l’enfant pour restituer la souffrance du peuple juif. Dans «La Crucifixion en jaune» en 1943, le Christ a des phylactères et son bras droit est en partie dissimulé par un rouleau de Torah. Chagall identifie le martyr de Jésus à la souffrance du peuple juif, pour en appeler à la conscience des nations.
– La Bible en lumière
La dernière partie de l’exposition est consacrée à la participation de Chagall à l’art sacré.
Il conçoit les vitraux de la synagogue de l’hôpital Hassadah de Jérusalem en 1959-60 (seule synagogue dont il fera la décoration), on en voit les maquettes définitives.
Il va beaucoup créer pour des lieux de culte catholique, protestant. L’exposition présente les maquettes des vitraux du choeur de l’église St Etienne de Mayence en 1977-78 et l’église réformée Fraumünster de Zurich en 1970.
Ressources en ligne
Elles sont très utiles même si on ne peut pas se rendre sur place, des informations, des précisions peuvent aider les enseignants à utiliser certains documents dans le cadre des cours et en particulier en Histoire des Arts
– le dossier pédagogique de l’exposition avec les références au programme d’histoire des arts de l’école primaire au lycée.
Ce dossier fait 34 pages et donne des clés de compréhension de l’oeuvre, les sources d’inspiration, les motifs récurrents, le bestiaire. Mais aussi un glossaire et de multiples informations. Il propose des objectifs et pistes pédagogiques à l’école , au collège et au lycée. Un travail remarquable !
– un dossier avec l’analyse de 10 oeuvres
Informations pratiques
L’entrée de l’exposition est gratuite pour les enseignants !
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple
75003 Paris
Elle se déroule jusqu’au 5 juin.
Un parcours est disponible à l’entrée pour les enfants et leurs familles avec des petites observations à faire avec les enfants, très bien fait même pour les parents. il est proposé ensuite d’aller dessiner un animal en liaison avec ceux qui ont été utilisés par Chagall pour les vitraux de la synagogue de Jérusalem
lien vers le site du musée pour les détails