Criminalité et terrorisme : le côté sombre des villes
Avec l’actualité que l’on sait un tel sujet de conférence a permis de remplir largement la salle initialement prévue et même un amphi annexe. Cela nous permettra de souligner la remarquable efficacité des services du GEM, l’école de management qui organise l’événement qui monte en puissance d’année en année.
Les deux intervenants étaient Nabil Adel et le professeur Rezrazi El Mostafa, chercheur associé à un laboratoire sur le terrorisme et l’extrémisme au Maroc.
Nabil Adel a largement introduit le sujet en évoquant les villes à la fois comme foyer émetteur et cible des terroristes. Parmi les facteurs explicatifs de ce développement du terrorismeurbain les deux intervenants ont rappelé les facteurs socio-économiques qui ont contribué à la radicalisation. Le Professeur Rezrazi a tenu à préciser, après les enquêtes de terrains menées auprès de terroristes repentis que le facteur religieux n’était pas déterminant, du moins au départ. Son collègue a d’ailleurs précisé que le facteur explicatif principal était lié à la remise en cause des Etats, du fait des interventions étrangères, que ce soit en Irak, en Libye ou en Syrie. On se permettra d’émettre quelques réserves à ce propos. Il est d’ailleurs assez paradoxal que ces deux chercheurs n’aient pas clairement abordé la question de l’islam politique, qui représente tout de même une porte d’entrée de la radicalisation.
Les questions qui ont été évoquées traitaient davantage des problématiques de destabilisation psychologique avec une destruction du lien social expliquant la vulnérabilité des jeunes gens tentés par le djihadisme.
La présentation du professeur Rezrazi a d’ailleurs largement insisté sur les facteurs socio-affectifs dans les motivations des djihadistes prêts à passer à l’acte. Les défaits cognitifs sur les échantillons présentés ne concernent que 7 % des cas, tandis que ce qui concerne les questions affectives et les défauts de lien social concernent respectivement 29 et 39 % de l’effectif.
Le terrorisme urbain relève clairement d’une volonté de créer le chaos et de développer un sentiment permanent d’anxiété. Il serait à opposer à la guerilla urbaine qui cherche à territorialiser la menace.
On restera tout de même assez circonspect sur cette présentation, sans doute un peu trop théorique. Si la réflexion de chercheurs en sciences sociales peut se révéler intéressante encore faut-il qu’elle soit reliée à des exemples précis et que la totalité du spectre soit abordée. L’absence du facteur religieux pose tout de même problème et pourrait prêter à polémique.