Daniel Roche, grand historien français, nous a quittés ce 19 février à l’âge de 87 ans. Il avait reçu le grand prix national d’histoire pour l’ensemble de son œuvre et était connu de tous les étudiants passés sur les bancs de l’Université. C’est non sans émotion que nous lui rendons hommage aujourd’hui, après les beaux textes de Philippe Minard pour Libération et de Jean Birnbaum pour Le Monde. Il a inspiré de nombreux historiennes et historiens dans leurs travaux de recherche et a enrichi le contenu des professeurs pour enseigner à leurs élèves de nouvelles perspectives.
Un historien des Lumières
Né en 1935 à Paris dans une famille de la petite bourgeoisie, Daniel Roche connaît la guerre et l’Occupation. Il étudie au lycée Chaptal puis à l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud en 1956 où il reçoit les enseignements de Pierre Goubert. Il réalise son mémoire de maîtrise sous la direction d’Ernest Labrousse (figure majeure de l’historiographie) puis réalise sa thèse sur les académies provinciales du XVIIIe siècle sous la direction d’Alphonse Dupront.
Historien moderniste, il était professeur au collège de France depuis 1998. Ses travaux ont porté sur l’histoire urbaine, sociale et culturelle ; il fut novateur dans l’histoire de la culture matérielle à travers une histoire des vêtements (La culture des apparences en 1989) et une histoire de la consommation quotidienne (Histoire des choses banales. Naissance de la Société de consommation, XVIIIe – XIXe siècle en 1997). L’historiographie a été marquée par la publication de ses synthèses sur deux siècles : Les Français et l’Ancien Régime, avec Pierre Goubert, publié en 1991 et La France des Lumières publié en 1993.
Une fin de carrière consacrée à l’histoire du cheval
Ses dernières publications portèrent sur l’histoire du cheval et en particulier de la culture équestre (Le Cheval moteur, La Gloire et la puissance, Connaissance et passion, Fayard, 2008, 2011 et 2015). Ce fut une passion qu’il commença à avoir à l’ENS où il put apprendre à monter à cheval : « A l’Ecole, on devait faire du sport, et j’ai alors découvert qu’on pouvait aussi faire du cheval, aux frais de l’Etat, se souvenait-il, rieur. C’est ainsi que j’ai commencé à monter, dans le magnifique manège de la Société d’équitation française, au bois de Boulogne. ». Jean-Pierre Costille avait d’ailleurs recensé La culture équestre de l’Occident (XVIe-XIXe siècles) en 2008.
Malgré son départ, Daniel Roche continuera de marquer des générations d’étudiants, d’historiennes et d’historiens par la qualité de ses travaux et de l’impact qu’il eut dans la recherche historique.
Merci monsieur Roche !