L’exposition présentée aux Archives Nationales est ouverte au public jusqu’au 23 avril 2011.
Elle permet de découvrir une série de documents originaux : ce sont 130 oeuvres graphiques issues du Fonds de la Maison du roi.
Le service des Menus Plaisirs, chargé d’organiser et de financer les spectacles et les fêtes de la Cour, employait les meilleurs artistes et techniciens de son temps, pour imaginer et réaliser les décors, costumes, machines et accessoires susceptibles de provoquer l’émerveillement des spectateurs.
L’exposition s’ouvre à l’occasion du tricentenaire de la mort de Jean Berain (1640 – 1711), dessinateur du Cabinet du roi, de nombreuses de ses oeuvres sont présentées ici. Elle correspond également à la mise en ligne de l’intégralité des huit recueils constitués en 1752 par Antoine Angélique Levesque, garde magasin des Menus Plaisirs qui a rassemblé 800 dessins et estampes, reflets des spectacles royaux des XVIIè et XVIIIè siècles.
Dans cet article les liens permettront d’accéder directement aux fiches des oeuvres dans la base de données, il suffira de cliquer sur la vignette pour avoir une image de bonne taille.
La première pièce exposée est un somptueux costume de scène provenant du Musée de la Mode de la Ville de Paris rappelle qu’Antoine Angélique était issu d’une famille parisienne de joailliers qui fournissait les pierreries dont étaient garnis les habits de scène sous l’Ancien Régime.
6 grands thèmes consituent le parcours auquel est invité le visiteur.
1) Les créateurs des Menus Plaisirs.
– Décorateurs des fêtes et des spectacles
Les décors de scène et constructions éphèmères élaborées pour les divertissements royaux sont souvent l’oeuvre du modanais carlo Vigarani, nommé « ingénieur de Sa Majesté ».
On lui doit par exemple ce projet pour un théâtre de marionnettes
– Dessinateurs du Cabinet du roi
Deux artistes principaux réalisent sous Louis XIV les projets de costumes de scène : Henri Glissey et Jean Berain. Ils dessinent aussi des projets de meubles, d’accessoires.
Par exemple des accessoires pour la tragédie Bellerophon sur une musique de Lully.
Ou des costumes de scène comme celui d’un Vent froid pour le ballet « le Triomphe de l’Amour » en 1681.
2) L’héritage de l’Italie dans les théâtres et les spectacles.
– Les salles et le public.
Différents projets de scénographie intègrent sur la scène des spectateurs, le public avait en effet pris l’habitude de venir sur le plateau ! On voit par exemple les spectateurs dans des loges sur la scène de l’Hôtel Guénégaud à Paris
– Scénographies française et italienne
On peut voir l’évolution de la décoration théâtrale avec l’influence italienne en comparant un décor pour l’Hôtel de Bourgogne
proposé par Georges et Denis Buffequin en 1640 avec un décor pour la Finta Pazza de Giacomo Torelli et Nicolas Cochin dans la salle du Petit Bourbon en 1645. Ce décor prévoyait même ue lâcher de perroquets pour amuser le jeune roi !
3) Scénographies de l’Opéra
L’ensemble des dessins sont de Jean Berain sauf la maquette présentée en introduction qui présente le décor du prologue des « Amours des dieux » en 1757, réalisée par l’atelier de Piero Bonifazio Algieri. Ce sont 6 plans de carton peints à la gouache rehaussée d’or et de paillettes d’argent. On y voit un contraste entre les plafonds « rocaille » et les fûts rectilignes des colonnes .
– Paysages :
Pour élargir l’espace dans ses paysages, berain utilise la perspective à points de fuite multiples comme en Italie et évite les compositions trop symétriques.
Par exemple la représentation d’un hameau de l’Europe galante, opéra ballet créé en 1697 à Paris, met en scène des personnages de la vie quotidienne dans des lieux familiers au public. Ici un bocage avec un hameau.
– Décors héroïques
De nombreux personnages de scènes mythologiques sont représentés comme ceux du projet pour Thésée.
– Des scènes sacrées aux apparitions surnaturelles
Ces projets montrent de quelle façon le dessinateur intègre les interprètes dans les scènes avec des machines faisant apparaître les divinités, les Ombres et autres créatures.
par exemple le Projet pour Achille et Polyxène en 1687.
4) Machines d’opéra.
De nombreux dessins de Berain permettent de comprendre les mécanismes facilitant les changements de décors, les apparitions célestes, terrestres, marines ou infernales. On peut ainsi voir les contrepoids, poulies, trappes permettant de crééer un univers magique dont le public devait être friand.
– les Gloires
L’Amour est souvent célébré sur la scène de l’Opéra vers 1700 comme ici dans le Projet pour le prologue d’Omphale où les nuages dissimulent les bords de la machine.
– Les chars célestes.
Dans le projet pour le char d’Apollon, la tête de la divinité couronnée de rayons, entourée d’un halo de lumière au milieu de nuages qui disimulent les cables servant au transport de la machine sur la scène.
– Les machines magiques.
Le Projet pour Armide permet de voir comment les gradins sur un cadre enforme de trapèze accueillent les interprétes qui semblent assis sur les nuages dissimulant le mécanisme. En dessous on voit le treuil qui peremet de soulever la structure et de la monter jusqu’au cintre.
– Monstres et animaux.
Chimères, dragons et monstres sont très présents.
Le projet pour un dragon animé et éclairé permet de comprendre comment berain avait prévu de déplacer un dragon : des tiges de bois étaient actionnées à l’aide de cables, pour donner l’impression que le monstre abaissait la tête tout en ouvrant la gueule !
– Machinerie des scènes terrestres et marines
L’exemple du Projet pour Médée en 1693, montre la ^résence du machiniste qui fait avancer le char alors que pour le faire reculer ce sont des cables.
5) Les fêtes.
De nombreuses occasions se présentaient pour des fêtes : la naissance d’un héritier du trône, un mariage princier, une proclamation de victoire …
On organisait alors des carrousels, des entrées royales, des feux d’artifices, des fêtes à Versailles mais aussi à Paris.
– Les fêtes parisiennes
Le Projet pour un feu d’artifice à Paris
illustre ce que pouvaient voir les parisiens lorsque le prévôt des marchands et les échevins leur offraient ces manifestations devant l’Hôtel de ville ou sur la Seine.
– Les fêtes de Versailles.
De très nombrex documents du Fonds des Archives nationales permettent de bien se représenter ce qu’elles devaient être.
L’exemple choisi ici est une aile du Grand buffet du roi pour le Grand divertissement royal du 18 juillet 1668. : la taille des deux membres du personnel de service permettent de se rendre compte des dimensions du guéridon et des vases posés sur « un socle de verdure » à une hauteur « d’environ 10 pieds ». Les collations et festins, dont le public pouvait se régaler, contribuaient à la magie de la fête mais aussi à la mise en valeur ostentatoire des richeses royales !
6) Les pompes funèbres.
Ces grandes manifestations étaient organisées par l’administration des Menus plaisirs. Elle les finançait et les organisait à Saint Denis et à Notre Dame de Paris.
Elle sont apparues en France vers 1670, inspirées de modèles italiens.
Deux exemples sont choisis ici pour illustrer ce thème : le mausolée pour la pompe funèbre de la reine Marie-Thérèse à ND de Paris le 4 septembre 1683.Les mérites de la reine sont représentés par les figures des verus (Foi, espérance et Charité) et de la Piété qui porte le tombeau feint posé sur un piédestal en forme d’urne et couronné d’un dais.
Le second exemple est beaucoup moins sobre, il s’agit de la pompe funèbre de Philippe V d’Espagne à ND de Paris le 15 décembre 1746.
Le catafalque est plus massif, il évoque une tour rappelant les armes de la Castille avec des lions couchés au pied du tombeau feint. Le dôme est garni d’allégories et d’enfants portants des médaillons au chiffre du défunt, il est surmonté d’un globe couronné, l’édifice était haut de 14m !
Renseignements pratiques et liens utiles :
– le lieu et les horaires de l’exposition :
Archives Nationales
60 rue des Francs Bourgeois
75003 Paris
du lundi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14 à 17h30.
samedi et dimanche de 14h à 17h30.
fermé le mardi et les jours fériés
– le site des archives avec les liens vers des diaporamas de l’exposition
– l’accès direct à la base de données sur ce thème
– le lien vers le service éducatif
– une piste de travail avec des élèves de collège à la fois en Histoire des Arts mais aussi pour faire acquérir des compétences du socle commun (compétence 4 qui correspond au B2i)
Choisir quelques documents et donner leur cote aux élèves our qu’ils les retrouvent dans la base de données et qu’ils les présentent.
Cet article doit beaucoup au livret prêté à l’accueil avec un commentaire précis de chaque document et la cote de celui-ci qui m’a permis de retrouver dans la base les documents que j’avais repérés en prenant mes notes durant ma visite.