De 1991 à 2001, Boris Eltsine et Vladimir Poutine ne s’opposent pas aux Etats-Unis. En mars 2000, Poutine déclare même : « J’ai du mal à concevoir l’OTAN comme un ennemi ! » Que s’est il passé ?
I/L’étranger proche, la Doctrine Monroe des Russes.
Le concept de sphère d’intérêts russe est défini dès 1992 par l’étranger proche, c’est à dire les 14 ex-républiques de l’ex-URSS. La Russie se porte garante de la sécurité de l’étranger proche. Or en 2004, les 3 Pays Baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie rentrent dans l’Union européenne, c’est une entorse grave à ce qui avait été promis oralement aux russes. Brzezinski théorise le Roll Back (faire reculer) de l’influence russe. Il s’agit d’arracher à l’influence russe 3 Territoires :
1) L’Ukraine
2) La Géorgie.
3) L’Ouzbékistan.
Cela provoquera la crise géorgienne en 2008 et ukrainienne en 2014.
En 2006 Ukraine et Géorgie veulent rentrer dans l’OTAN mais les puissances française et allemande refusent cette demande. En 2007, c’est le tournant anti-américain de Poutine qui déclare : » Nous ne sommes plus faibles. Nous avons notre sphère d’intérêt et vous devez en tenir compte ! »
En 2008, les Etats-Unis pensent profiter de l’absence de Poutine, convié aux JO de Pékin pour soutenir la Géorgie.
Ce sera un gros échec américain car les Russes annexent le tiers du territoire géorgien avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. C’est la première grave tension américano-russe de la post guerre froide !
En 2013/2014, c’est la crise ukrainienne qui débouchera sur l’annexion de la Crimée en mars 2014, et un pays déchiré entre un Ouest pro-européen et une partie Est pro russe, avec des troubles séparatistes dans la région du Donbass. C’est la deuxième grave tension russo-américaine de la post guerre froide !
II/ Le Dossier Armements Nucléaires.
En 1993, tout commence bien. Eltsine et Bush Senior signent le traité START2 de réduction des armements nucléaires.
Mais en décembre 2001 Bush Junior dénonce le traité ABM et lance un système anti-missiles. Vladimir Poutine est furieux !
En 2010, Obama et Poutine signent START3.
Mais en 2018, tout dégénère : le 2/02 Trump fait publier par le Pentagone Nuclear Review qui n’a plus aucune référence au désarmement et est vu comme dirigé contre la Russie et la Chine.
Le 1/03 2018 Poutine déclare disposer d’un missile indétectable qui rend nul le système anti-missiles américain. La Course aux Armements est relancée et Trump augmente le budget militaire américain de 10% !
III/ Le Dossier Syrie et Relations Internationales
Le retour du nationalisme russe en Crimée puis en Syrie est soutenu par la population russe avec environ 70% d’opinions favorables. Russia is back : la Russie est de retour sur la scène internationale. Symboliquement, c’est le jour de l’anniversaire de Poutine que des missiles russes sont tirés de la Mer Caspienne vers la Syrie.
Poutine donne tout son appui depuis 2015 au sanglant dictateur syrien Bacher Al Assad qui bombarde à l’arme chimique et massacre les civils dans la Goutha Orientale.
Par cette intervention les Russes réaffirment leur volonté de puissance et d’imposer un ordre mondial multipolaire. Le refus d’intégrer de nouveaux acteurs ( Russes sortis du G8 redevenu G7) et d’ouvrir le Conseil de Sécurité de l’ONU, conduit Poutine à soutenir les BRICS. Dès 2009, Medvedev invite les Brics en Russie. On a beaucoup jasé sur cet acronyme mais c’est une idée brillante !
En conséquence de ce durcissement des relations internationales Russes et Chinois décident de garder toutes leurs bases de données internet sur leur territoire; et se méfient du système d’échanges interbancaires SWIFT.
Les Russes dénoncent aussi la volonté américaine d’application extraterritoriale des lois US dans leurs sanctions contre la Russie mais aussi contre l’Iran.
Conclusion:
La Russie veut booster sa croissance économique et trouver de nouveaux alliés comme la Chine dans les domaines de l’aviation, de l’uranium et du militaire en général; mais aussi dans le Groupe eurasiatique la Biélorussie et le Kazakhstan.
Dans ces défis russes à l’hégémonisme américain Poutine a une stratégie plus prévisible que celle de Donald Trump ! A travers l’empoisonnement de l’agent double à Londres, Poutine rappelle son leadership et menace ses opposants. Sa réélection est sûre et puissamment organisée ( 76% des vois le 18/03/2018).