Les Clionautes ont pris acte de la tribune publiée par les membres du jury qui s’opposent à ce que seules les épreuves écrites, d’admissibilité, soient prises en compte pour l’obtention du CAPES, session 2020.
Nous sommes farouchement attachés aux concours comme modalité principale du recrutement des enseignants, seules garanties d’équité et de mérite. Les concours permettent d’accueillir les futurs professeurs avec un haut niveau d’exigence évalué lors des épreuves d’admissibilité, mais également lors des oraux d’admission.
Si les épreuves écrites permettent à un candidat de se distinguer par son niveau scientifique, sa connaissance des questions au programme, et sa capacité à les organiser, les épreuves orales viennent apporter une confirmation des précédentes.
L’écrit et l’oral sont évidemment complémentaires et permettent ensemble de recruter les meilleurs candidats, ce qui est conforme au principe de la méritocratie républicaine.
Si la situation est exceptionnelle, eu égard à une crise sanitaire inédite dans notre pays, le décalage entre des épreuves écrites qui devraient se tenir en juillet, et des épreuves orales dont nous recommandons la tenue au printemps 2021, ne serait pas nécessairement une première. Cela s’est déjà produit en 2013, avec des oraux en 2014.
Par ailleurs, on peut s’interroger dans ce cas sur le maintien des oraux de Français pour les élèves de Première qui concernent plus d’un demi-million d’élèves, alors qu’on ne semble pas en mesure d’organiser des épreuves orales du CAPES, pour des effectifs bien inférieurs.
Majoritairement enseignants du second degré, largement investis dans leur champ disciplinaire, les Clionautes considèrent que les épreuves orales, avec une dimension scientifique dominante, sont essentielles pour évaluer la capacité à transmettre des savoirs et des connaissances.
Un oral de titularisation qui interviendrait, bien après que le candidat admis est intervenu dans des classes comme stagiaire, ne serait pas nécessairement équitable. Il n’est pas envisageable d’harmoniser sur l’ensemble du territoire les attendus des inspecteurs qui évalueraient les aptitudes des futurs titulaires dans des conditions extrêmement différentes.
Le CAPES permet le recrutement d’enseignants d’un bon niveau scientifique, même s’il peut être perfectible tout en restant équitable. Présents sur le terrain dans l’accompagnement des stagiaires, les Clionautes mettent en garde contre les limites d’un recrutement qui n’aurait pas permis d’évaluer les aptitudes, même minimales, d’un candidat à être présent devant une classe.
Cela se traduirait inévitablement par de très sérieuses difficultés dans les établissements, au sein des équipes pédagogiques, comme pour les stagiaires eux-mêmes, s’ils étaient licenciés pour une insuffisance qui n’aurait pas été anticipée lors de l’oral d’admission.
Les Clionautes ont émis les plus grandes réserves sur le projet de réforme du concours prévu pour 2022, et ils manifestent encore leur opposition à un recrutement qui mettrait en avant d’autres compétences que celles qui relèvent d’une formation scientifique exigeante. Nous maintenons cette opposition et sommes prêts à élaborer, comme praticiens, des propositions constructives permettant à la fois d’améliorer les contenus scientifiques et didactiques dans les concours de recrutement de nos disciplines.
Lettre des membres du jury du CAPES d’histoire-géographie