Le 16 octobre 2020, pour la première fois dans un pays occidental, un professeur était assassiné par un terroriste islamiste, sur le lieu même de son travail, en région parisienne. La France découvrait alors, médusée, que Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, avait été décapité, en plein jour, à quelques encablures de son collège. Il rejoignait alors la longue et sinistre liste des victimes du terrorisme islamiste dans notre pays. Trois ans plus tard, presque jour pour jour, un autre jeune islamiste d’origine étrangère et fiché S a assassiné un professeur, Dominique Bernard, cette fois en réussissant à pénétrer dans l’enceinte même de son établissement à Arras, le 13 octobre 2023. Professeurs chevronnés, passionnés par la transmission des connaissances et des valeurs à leurs élèves, fervents défenseurs de la laïcité et des principes qui fondent notre socle républicain et notre raison d’être, ils ont été assassinés parce que professeurs, parce que professeurs en France, parce que porteurs des idéaux qui nous animent tous, parce que libres.
Samuel PATY et Dominique BERNARD : tués parce que professeurs
Samuel Paty, Dominique Bernard : deux noms impossibles à oublier, deux noms qui nous hantent, deux noms qui nous sont si familiers parce que Samuel et Dominique, cela aurait pu être chacun d’entre nous. Plus aucun professeur, ni personnel de l’Éducation nationale, ne peut désormais avoir la certitude de rentrer vivant chez lui à l’issue de sa journée de travail. Nous n’aurions jamais cru devoir un jour écrire ces mots et nous exprimons ici solennellement nos immenses inquiétudes pour les semaines, les mois, les années à venir. On aimerait tant pouvoir écrire « plus jamais ça », mais nous savons que c’est faux.
Idéologie islamiste, ennemie déclarée de l’École républicaine et de ses professeurs
Nous avons beaucoup pleuré, discuté, débattu depuis trois ans. Nous avons inlassablement enseigné et expliqué, sans jamais renoncer face aux difficultés et aux injonctions contradictoires. Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? La menace islamiste n’a jamais été aussi forte en France et particulièrement dans notre École, quotidiennement défiée par les provocations en tous genres et dont une grande partie ne sont même plus signalées. Les débats stériles et instrumentalisés autour de l’abaya, encore récemment, font partie de cette stratégie au long cours déployée par l’idéologie islamiste, ennemie déclarée de l’École républicaine et de ses professeurs.
Des professeurs seuls face à des élèves affichant leurs sympathies islamistes
Comme les deux années précédentes, le Ministère demande aux établissements scolaires un temps d’hommage, ce lundi 16 octobre. Cependant, nous n’avons plus seulement besoin de commémorations, de minutes de silence, de paroles réconfortantes et de formules creuses répétées ad nauseam comme des éléments de langage. Ce temps est clairement révolu. Sur le terrain, les professeurs ne sont plus dupes. Ils savent que toute la lumière n’a pas encore été faite, trois ans après, sur les conditions exactes de l’assassinat de Samuel Paty, ni sur l’usage de l’argent public par le « fonds Marianne ». Ils savent également que, comme l’année dernière, l’hommage sera perturbé dans de nombreux établissements scolaires et que les professeurs seront laissés seuls dans leurs classes face à des élèves affichant leurs sympathies islamistes.
Des professeurs d’histoire-géographie clairement en première ligne
Des actes forts et concrets sont désormais attendus de notre institution et de l’État. Nous réclamons rapidement des réponses à ces questions essentielles : comment allez-vous protéger réellement les professeurs et les établissements scolaires ? Comment allez-vous concrètement engager la lutte contre les islamistes qui ont fait de l’École et de ses professeurs une cible de choix ? Comment allez-vous redonner confiance aux professeurs d’histoire-géographie, plus que jamais en première ligne, de plus en plus gagnés par la peur et l’autocensure dans leurs enseignements ?
Étrange impression et goût très amer, comme si rien ou presque n’avait changé depuis trois ans, comme si Samuel Paty avait été assassiné pour rien, comme si les islamistes étaient déjà en train de gagner.