Olivier Lemaitre est un réalisateur passionné par l’antiquité. Après avoir réalisé un documentaire sur les origines des jeux olympiques et une très belle reconstitution 3D de Lutèce, (https://timemachineparis.wordpress.com/2012/01/04/interview-dolivier-lemaitre-realisateur-de-lutece-3d/ ) il propose ici de revenir sur le sauvetage des temples égyptiens de la vallée du Nil, dans l’ancienne Nubie, et en particulier Abou Simbel et Philae, menacés par la construction du barrage d’Assouan dans les années 1960. C’est une véritable course contre la montre qui s’engage entre d’un côté la communauté archéologique mondiale qui cherche des moyens de sauver les temples et la construction du barrage, supervisée par les soviétiques, qui ne cherchaient pas à ralentir les travaux, bien au contraire, à tel point qu’il fallu construire des batardeaux afin de protéger le site d’Abou Simbel dans les derniers mois du chantier de déplacement. Car, après plusieurs hypothèses et solutions présentées au fur et à mesure du documentaire (comme l’idée de visiter le site d’Abou Simbel sous l’eau du lac Nasser), c’est bien le déplacement qui a été choisi pour tous ces sites nubiens. Un chantier qu’il est un peu trop facile de considérer comme pharaonique, mais qui effectivement consiste à découper les monuments en petits morceaux et à les remonter plus haut, au dessus du niveau du lac. C’est ainsi que Abou Simbel et Philae ont conservé leur aspect originel. C’est particulièrement frappant pour les monuments de Philae qui sont reconstruits sur une île rendue identique à l’île d’origine après des travaux de rabotage des reliefs.
Le documentaire est aussi l’occasion d’évoquer le travail d’archivage cartographique de l’IGN de la Nubie avant la création du lac Nasser par restitution photogrammétrique. Les images sont impressionnantes, d’autant plus que ces lieux ont totalement été submerges depuis. Au delà de cette action, on voit aussi que les archéologues européens liés au projet avaient quand même une pensée encore marquée par la colonisation, laissant peu de place aux archéologues locaux. Une situation qui s’explique aussi par le fait que l’égyptologie a avant tout été occidentale avant d’être appropriée par les égyptiens qui, dans les années 60, avaient d’autres priorités. Le thème de la prédation archéologique est aussi évoqué à travers les exemples du temple de Debod reconstruit à Madrid et de Dendour qui se trouve au Metropolitan museum de New York. Il s’agissait alors de compensations accordées par l’Égypte en échange des investissements occidentaux pour sauver les monuments. Une autre époque.
Mathieu Souyris, lycée Paul Sabatier, Carcassonne.