Grande salle de l’hôtel de ville de St-Dié-des-Vosges,30 septembre 2017
Antoine Le Blanc présente la rupture entre secondaire et supérieur comme un élément majeur pour comprendre les parcours d’étudiants en géographie aujourd’hui. La géographie est souvent vue comme une formation mais sans perspective sur les débouchés.
Christophe Léon pose ensuite les questions liées à l’enseignement de la géographie dans le secondaire. La discipline a un volume d’environ cinq cents heures depuis les années 1970 du début de la scolarité obligatoire jusqu’aux classes de terminale. La discipline a également été renforcée dans l’enseignement supérieur.
La question du savoir minimal demeure également entre les perceptions traditionnelles comme la carte ou les nomenclatures déjà citées par Victor Duruy en 1865, voyaient la géographie comme une science auxiliaire. Aujourd’hui encore, plus de 80% des candidats au CAPES d’Histoire-Géographie sont des historiens. Enfin, la formation est très variable selon les universités.
Au-delà des registres de nomenclatures, de la mémorisation encyclopédique, la géographie souffre aussi paradoxalement du manque de repères aujourd’hui, au-delà des études de cas produites ou prescrites, dans le cadres des démarches inductives ou déductives. De plus, les cartes à produire aux baccalauréats généraux posent le problème de la simple récitation.
Ces évolutions ont aussi eu lieu dans le supérieur, surveillées aujourd’hui par des agences qualité, apparues après la mise en place des réformes LMD (Licence-Master-Doctorat).
Nathalie Lemarchand prend ensuite la parole et commence son propos sur l’articulation entre savoirs, savoir-faire et compétences. Elle rappelle l’implication de l’Union Géographique Internationale (UGI) sur ces questions. La commission de l’éducation géographique travaille d’ailleurs à une charte de l’éducation géographique dans le cadre du développement durable afin de montrer sa complexité pour l’humanité, en particulier dans sa relation homme-nature. La technicité de la discipline est également à affirmer, tant les systèmes humains sont complexes.
Aujourd’hui, la dimension ludique, en particulier dans les cartes permettrait d’amorcer un voyage vers la géographie mais également sa complexité et les situations locales.
Bernadette Mérenne-Schoumaker intervient en parlant d’une mise en commun de toutes les formations géographiques universitaires par l’UGI qui se poserait la question de la formation « idéale » du géographe. Cela poserait également la question de l’enseignement secondaire en parlant de géographie humaine mais également de géographie physique et de géomatique. En Belgique, en fédération Wallonie-Bruxelles, une réforme de la géographie est en cours et pour l’Université de Liège, trente jours de formation pédagogique sont obligatoires.
Edith Fagnoni prend la parole à son tour et insiste sur le contexte de saturation spatiale des universités en France et des problèmes d’emploi du temps qui existent, au-delà de la seule Application Post-Bac. Les questions de l’accès à l’université et du parcours professionnel sont au cœur des débats.
Claude Ruiz tient à ramener au centre des échanges la question de la préparation en géographie pour les candidats aux concours de l’enseignement, primaire et secondaire. La question de la formation continue doit aussi être posée, puisqu’une moyenne qui avait été calculée sur l’académie de Reims il y a quelques années montrait que la majorité des enseignants, avaient, au plus, une semaine de formation sur leur carrière.
Edith Fagnoni présente une synthèse avec quelques mots-clés pour cette discussion. La question des repères, du « où », du lien entre lieu et local dans la pratique géographique, en particulier celles des praticiens géographes doit rester à l’esprit. Les notions de compétence, de pratique et d’études de cas doivent être questionnées à tous les niveaux d’études, en articulant professionnalisation et vulgarisation.
Cette table ronde pose les débats par les acteurs décisionnels de la géographie scolaire et universitaire mais Edith Fagnoni a rappelé, à juste titre en fin de discussion que le contexte et les échelles ne devaient pas être oubliés. Au-delà des institutions, les pratiques varient selon les espaces pour un même niveau.
Aurélien GACK