Enseignement en visioconférence, comment faire pour que tout se passe correctement ?

Dans l’article précédent, je vous listais les avantages de l’enseignement hybride synchrone, c’est-à-dire d’un cours mêlant visioconférence et cours classique devant élèves. Pour que le cours soit réellement profitable à l’ensemble des assistants, je vous donne trois conseils pour bien réussir à gérer cet environnement de travail particulier.

Règle N°1 : Obligation pour les élèves à distance de brancher sa caméra

J’étais au départ réfractaire à ce genre de mesure, soucieuse de respecter la vie privée des uns et des autres, de ménager la qualité de la connexion, etc. Je suis revenue de ces préventions.

Il est impératif qu’un visuel passe. C’est une question de savoir-vivre face à la classe et de respect face à l’enseignant qui lui, parle à visage découvert. Il faut lutter absolument contre la déshumanisation que le numérique pourrait indirectement renforcer. Bien sûr, au départ les élèves résistent, mais il faut tenir bon. On n’accepte pas les visages dissimulés dans la classe, il n’y a aucune raison de les tolérer à l’écran. Pour préserver une certaine intimité du cadre familial, la disposition de la webcam de l’élève peut tout à fait être orientée vers un plafond ou un mur nu.

Les questions de droit à l’image se posent en matière d’enregistrement et de diffusion. Or, comme il n’est pas question d’enregistrer, l’argument ne tient pas. Les différents articles trouvés sur ce point le confirment totalement

Si problème de connexion il y a, par exemple si vous faites vous-même votre visioconférence à partir d’un réseau 4G à deux barres ou moins, alors oui on peut autoriser le retrait de la vidéo. Si le problème vient de l’élève et que surtout cela se répète d’un cours à l’autre, il ne faut pas hésiter à entrer en contact avec la famille. Et là miracle, dans neuf cas sur dix, il n’y a pas de problème en fait. Dans mon département, la distribution d’ordinateurs aux lycéens par la région Ile-de-France fait que le matériel est prééquipé d’une webcam ; l’excuse de l’absence de matériel ne tient pas. 

On peut exploiter positivement la convivialité créée par la vidéo

Enseignement en visioconférence
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Il suffit qu’un chat passe sur le bureau d’un élève et se couche devant la caméra pour que tout de suite, l’ambiance soit posée. On interrompt le cours cinq minutes, on fait la tournée de nos compagnons domestiques et ça repart. Les élèves débrouillards en informatique peuvent aussi créer un arrière-plan virtuel. C’est l’occasion aussi de discuter deux minutes sur la destination de rêve qui figure derrière eux, sur leur modèle automobile préféré, sur l’animal représenté, etc. Je conseille d’émailler le cours de ces petites incursions vers les élèves à la maison. Avec la morosité ambiante, on a bien besoin d’un peu d’air frais virtuel…

Règle N°2 : Solliciter tous les élèves

Le magistral pur, en classe comme à la maison, montre vite ses limites.

Le fameux « cours dialogué » est parfaitement transposable. On peut poser des questions générales et ceux qui ont des suggestions le font en levant la main ou en écrivant sur le chat. Je recommande le chat. On n’a pas les problèmes de micro à gérer. Pour être certaine de ne pas privilégier un groupe d’élèves plutôt que l’autre, je crée une alternance. Première réponse par le groupe en distanciel, deuxième réponse par le groupe présent, etc. 

Quand on a un doute sur l’attention d’untel à la maison, on peut lui demander de relire la phrase qui vient d’être dictée, le document qui va être lu, etc. En réalité, il faut réussir à transposer les astuces qui fonctionnent dans une séance classique. 

Comme les élèves ont la caméra allumée, on retrouve la lecture si précieuse des visages. On arrive vite à savoir quand on a manqué de clarté, quand on doit répéter, quand l’attention est en train de partir. 

Règle N° 3 : paramétrer correctement la visioconférence

Les paramétrages de base sont trop laxistes. Donc il faut pouvoir les serrer de près au départ. Normalement, quand tout est réglé, on n’a ensuite plus besoin d’y revenir.

Voici quelques préconisations :

  • activer la salle d’attente et contraindre l’élève en distanciel à bien décliner son identité (pas de galaxy590 ou de jujulatulipe), quitte à le renommer soi-même s’il ne sait pas le faire,
  • interdire le chat entre les participants, les interactions passent sous l’œil du professeur, toujours,
  • supprimer les sonneries d’entrée ou de sortie d’un participant,
  • interdire la modification des documents projetés par les participants (sauf si cela rentre dans l’exercice)
  • interdire l’enregistrement de la séance

Je pense avoir dit l’essentiel.

La série des articles consacrée à l’enseignement hybride synchrone :
Épisode 1: Enseigner en même temps devant des élèves en classe et à la maison
Épisode 2: Comment j’en suis venue à « l’enseignement hybride synchrone »
Épisode 3: Quels sont les avantages de l’enseignement hybride synchrone
Épisode 5: La fatigue de l’enseignement hybride synchrone. Mythe et réalité.
Épisode 6: Le matériel et la connexion informatique, conditions indispensables
Épisode 7 : Quel est l’avenir de l’enseignement hybride synchrone ?