L’Atelier pédagogique Le Lab de l’enseignant
La thématique du travail dans le cadre de la seconde guerre mondiale est propice à des communications passionnantes. C’est ce à quoi le public de la salle 70 de l’INSPE à Blois ont pu assister en ce samedi après-midi auprès de quatre grands historiens.
Intervenants :
Tour à tour les quatre chercheurs vont exposer leurs thématiques de recherche qui permettent d’aborder au mieux la problématique posée. Veuillez retrouver ci-dessous le verbatim de leur introduction.
Raphaël Spina revient sur le choix de la problématique du travailleur contraint durant la seconde guerre mondiale. En effet ce terme a été choisi car toutes les formes de travail ne se résumaient pas à l’esclavage et au système concentrationnaire qui nous vient immédiatement à l’esprit.
Christophe Woehrle : Je travaille sur les prisonniers de guerre durant la seconde guerre mondiale. C’est un sujet méconnu et peu étudié. Ceci touche pourtant 1,8 million d’hommes en France. Se pose la question de la contrainte dans leur situation. La contrainte n’est pas évoquée dans la convention de Genève (le travail des prisonniers est évoqué) et pourtant, parmi les soldats capturés, 600 000 des prisonniers de guerre opteront pour l’abandon de leur statut de prisonnier pour travailler librement. Ceci montre la diversité des situations et des formes prises par le travail contraint.
Laurent Thiery : Je suis historien de la seconde guerre mondiale au centre de la Coupole dans le nord de la France. Le centre de recherche a été bâti sur un ancien site d’envoi de V2. Le centre de recherche termine un ouvrage biographique sur le camp de concentration de Dora bâti pour la fabrication des missiles V2. La situation des déportés français a été très longtemps inconnue : il a fallu attendre 2005 pour avoir une liste exhaustive et permettant d’établir des statistiques fiables. L’objet de mon intervention portera sur le système forcé dans le système concentrationnaire. Une question se pose : est-ce que la dimension économique, enjeu majeur dans le système concentrationnaire à partir de 1942, passe au dessus de la question de l’extermination ? Finalement peut-on parler d’extermination par le travail ?
Fabien Théofilakis : j’étudie les prisonniers de guerre allemands détenus entre 1943 et 1948. Ces prisonniers sont, depuis la convention de Genève, les acteurs du conflit les mieux protégés. Cela ne les protège pas des excès mais ceux-ci deviennent condamnables. Quelles seraient la spécificité du travail contraint dans un cadre démocratique ? Voici mon intervention pour cette table ronde.
La table ronde ayant fait l’objet d’une captation vidéo, veuillez retrouver ici prochainement la vidéo complète des échanges.
Bonjour,
je ne sais si c’est ici le lieu pour vous informer de la situation des femmes d’Alsace Moselle qui furent déportées au RAD (Reicharbeits Dienst), ainsi que le fut ma mère. Il a été reconnu par l’office national des anciens combattants et des victimes de guerre qu’il s’agissait bel et bien de travail contraint. Puis il a été question d’indemniser ces femmes, l’Allemagne a versé les fonds à la fin des années 90 et jamais aucune de ces femmes n’a reçu quoi que ce soit. En 2001 et dans les délais maman a rempli tous les formulaires pour faire valoir ses droits à l’OIM ( Organisation internationale pour les migrations) à Genève afin de faire valoir qu’il s’agissait de travail forcé. La demande a été rejetée, pourtant je tiens à votre disposition si cela intéresse un historien(ne) des documents y compris les réponses faites par l’OIM qui ne vont pas dans ce sens.
Ces femmes sont sans doute toutes décédées aujourd’hui mais il est triste qu’elles aient été ainsi bafouées dans leurs droits.
Je remercie ceux et celles qui prendront le temps de lire ceci.