Un atelier d’Archéo-anthropologie au collège
– Laurent Bastien, Prof d’H/G Académie de Reims.
– Stéphanie Desbrosse-Degobertière, Archéoanthropologue, INRAP
Dans la ville de Saint-Dizier, l’archéologie tient une place importante là-bas. On y fait beaucoup d’archéologie réalisé par des archéologues professionnels et dans un laps de temps limité préventive, généralement avant des travaux. Ces recherches doivent être faites par un centre agréé, l’INRAP. À Saint-Dizier, on a trouvé des tombes aristocratiques exceptionnelles mérovingiennes. On y a déposé un cercueil, avec des hommes plus des objets (personnels). Ce sont des tombes d’hommes en armes.
Il y a beaucoup d’engouement autour de ces découvertes. Il y a eu trois expositions importantes dans la ville :
– Nos ancêtres les barbares ;
– Austrasie le royaume mérovingien oublié ;
– Si j’étais un archéologue.
+ Le printemps de l’archéologie, tous les printemps.
En juin 2024, il y aura le 3ème festival à Saint-Dizier : Les Jeux Olympiques antiques.
Cela intéresse le public d’autant que ces conférences sont gratuites. Beaucoup de monde s’arrête toujours autour des sites et des fouilles. Par ailleurs, pour les élèves des établissements scolaires, il y eu l’installation d’un simulateur de fouilles, apprendre le protocole (ne pas toucher les objets). De plus, des fouilles sont programmées sur le site des Crassées (ce site ne présente pas de danger particulier). Les élèves fouillent autant des sites de tombes que des sites mérovingiens.
Qu’est-ce qu’un archéo-anthropologue ?
Un spécialiste du squelette humain. Le métier n’a rien à voir avec Indiana Jones : parfois, les conditions sont rudes pour travailler et les outils « rudimentaires », comme la truelle. Une fouille ce n’est pas juste découvrir un objet c’est l’enregistrer avant tout (graphique, photo, parfois usage des drones).
On ne trouve pas toujours des squelettes : sa conservation dépend dans quelle type de terre il est enterré.
Qu’est-ce que l’archéologie funéraire ? On procède par 5 échelles :
Échelle 1 : Le mort ;
Échelle 2 : Les gestes ;
Échelle 3 : La tombe ;
Échelle 4 : Le cimetière ;
Échelle 5 : La région ;
Échelle 1 : La première chose à faire, c’est le choix du traitement du corps. Soit le faire immerger le corps (cela ne laisse rien), soit l’exposer (laisser la nature faire son œuvre), inhumer, incinérer (un os n’est pas réduit en cendres, il reste intact). Selon les périodes, les restes osseux ne sont pas traités de la même manière.
Échelle 2 : L’inhumation : quand on fouille, on ne bouge pas le corps dans la tombe afin de pouvoir restituer comment le corps a été enterré. La position du corps est essentielle pour la compréhension de la tombe). À l’époque néolithique : les hommes sont enterrés sur le côté, avec des objets tandis qu’à l’époque gauloise, ils sont plutôt en position assise.
Échelle 3 : L’architecture de la tombe :
Elle peut-être soit :
– maçonnée (pour isoler la tombe des sédiments) ;
– cercueil monostyle (dans un morceau de bois) ;
– sarcophage en pierre.
Toutes les tombes ne sont pas équivalentes : on y voit les marqueurs sociaux à l’intérieur. Par exemple, dans des tombes gauloises, on trouve des tombes à char, certains soldats sont enterrés avec leurs chars. Pour mieux appréhender ces pratiques, on peut faire des reconstitutions pour mieux les visualiser (c’est un contenu scientifique, indispensable dans les musées).
Échelle 4 : La tombe n’est pas un lieu clos où on ne vient plus. En effet, on peut faire des pillages, faire des rituels, on peut réinhumer des morts, on peut aussi faire des réductions pour ajouter des corps.
Et le respect du corps dans tout ça ? Dans certaines tombes, on peut ajouter des membres de la même famille, par ailleurs, si la place manque, on est obligé de faire de la place. Il n’y a pas de manque de respect du corps, puisque les os restent dans la terre consacrée.
Comment on peut voir l’âge d’un squelette, voir son sexe ? On va en laboratoire l’étudier (cela prend le plus de temps). Pour l’âge, on se base sur les dents (avec les dents de lait), avec les genoux. Pour le sexe, il y a le même nombre d’os au même endroit mais ce qui va différer, ce sont les os du bassin. On vérifie l’état bucco-dentaire : l’usure est normale mais cela peut dépendre des endroits où l’usure est plus prononcée. En ce qui concerne les pathologies, certaines peuvent laisser des marques et on peut voir ainsi l’état de santé de la personne. Pour les traumatismes, on peut voir des traces sur le crâne ou sur certains os.
Comment aborder l’archéo-anthropologie dans un collège ?
En classe de 6ème, on a des photographies sur une étude de cas d’une nécropole néolithique de Genevray. On étudie une tombe pour voir comment on prend soin des morts et pourquoi il y a une succession de morts dans une tombe (même famille) (On part d’un dessin animé, L’anthropologue (Source : enseignants INRAP). Sur internet, on trouve beaucoup de ressources numériques accessibles (Lab archéo, les sciences archéologie).
Comment en faire un projet interdisciplinaire : en 6ème : on va créer un jeu de memory sur les os (en relation avec les profs de SVT par exemple) ou jouer avec un squelette (imprimer un squelette pour le reconstituer).
– Est-ce que les élèves touchent les os sur un chantier de fouilles ? On ne force jamais un élève à toucher un squelette mais oui, des « faux » squelettes ou alors des os d’animaux.
Le professeur, Laurent Bastien, Prof d’H/G Académie de Reims, a fait venir une chanteuse d’opéra et un bassoniste pour reconstituer un concert d’opéra préhistorique.
On peut aussi créer une urne funéraire et la rendre scientifique : on prend un vase, des petites poteries que l’on remplit avec des objets et de la terre à différents niveaux : Dans quel but ? La représentation dans l’espace (Ils doivent noter ce qu’ils voient avec une échelle et une orientation).
En français, ils doivent rédiger un rapport de fouilles.
Focus sur les tutorats en archéologie : « Apprendre avec les pédagogies coopératives, démarches et outils » (de Sylvain Connac). Par exemple, en 6ème/2nde : il est tout à fait possible de faire une activité en tutorat (reconnaître les crânes). On peut aussi mettre en place une activité pratique pour comprendre la datation au carbone 14 (il est surtout utilisé sur le minéral comme les ossements, charbon de bois ou graines brûlées. À l’issue de ce tutorat : passage à l’oral (travailler pour le futur oral du brevet et le grand oral).
Conclusion : On part du squelette et on restitue un individu sur une population, une époque et on peut ainsi valoriser cette informatio