C’est à un voyage le long du Loiret que Bertrand Sajaloli et Sylvain Dournel, respectivement Maître de conférences et Post-Doctorant à l’université d’Orléans, ont invité l’amphithéâtre comble du Lycée Jules Ferry en cette fin de matinée du vendredi 12 octobre.
L’idée principale tournait autour de la patrimonalisation du Val d’Orléans, patrimonalisation fabriquant des paysages, certes contemporains, mais pas sans incongruités.
L’exemple de la mise en place d’une vaste réserve naturelle dans une zone ne comportant que 3 espèces protégées différentes (et 2 espèces animales, le castor et le cormoran) montre par exemple que les logiques périurbaines et touristiques ont guidé les procédures de classement et que ce n’est pas forcément les espaces les plus intéressants qui deviennent protégés.
Ainsi « maquillé » de vert, le Loiret évolue presque en opposition avec son histoire paysagère que les intervenants retracent ensuite.
La vallée du Loiret a été marquée par la constance et l’intensité de l’activité agricole laissant donc peu de place à la nature.
Côté social, c’est plutôt une fréquentation populaire et festive qui a peuplé les rives du Loiret. Il était question des bains très en vogue dès les années 1930 mais interdits à partir des années 1960 pour cause d’accidents, de pollution et de problèmes de mœurs (il faut dire que l’évêque local n’était autre que le successeur de Mg le « Père Dupanloup »… oui oui, celui de la chanson…). Bals, guinguettes, nageurs et canotiers étaient également de la partie et poussaient la chansonnette, le vin blanc aidant le cas échéant.
Ces héritages, pourtant prégnants dans l’histoire de pays, n’ont fait l’objet d’aucune patrimonialisation.
La création d’une « maison du Loiret » rendant hommage à ce passé populaire crée rivalités et tensions entre les communes partisanes du projet et les autres, souhaitant conforter l’image d’une certaine « banlieue verte ».
Les intervenants en terminent avec la présentation de la notion de « trajectoire paysagère », bien utile pour faire des allers-retours entre nature et culture et pointer les manipulations historiques et les instrumentalisations des politiques patrimoniales.
Un bien belle balade, argumentée avec passion et brio, malgré quelques petits problèmes techniques de projection.