Le Festival International de Géographie 2014 (St Dié), a mis à l’honneur les TICE en présentant dix ateliers. Des ateliers animés par des enseignants en exercice dans des collèges ou des lycées professionnels.
Ces professionnels des TICE ont présenté tour à tour un de leur projet déjà testé dans leurs classes. Il s’agissait donc de productions « concrètes », de productions de terrain, pourrait-on même dire. Ce qui a permis à l’assistance visiblement captivée de poser des questions, voire d’apporter des critiques constructives dans des échanges toujours courtois et enrichissants.
Mais au-delà, ces ateliers TICE auront sans nul doute permis des rencontres entre enseignants engagés peu ou prou dans la démarche TICE.
J’avais initialement prévu de couvrir l’ensemble des dix ateliers. Mais, une suspicion de fuite de gaz sur un convoi ferroviaire parti de Bordeaux a contrarié le départ du TGV Bordeaux-Strasbourg lequel devait par recoupement de la perpendiculaire Marseille-Paris au niveau de Marne-la-Vallée, m’emmener à Nancy puis à St Dié. Vous l’aurez compris, j’étais bloqué de nombreuses heures à la gare TGV de Marne-la-Vallée. Heureusement que Mickey était là pour me faire « passer le temps » voire même remonter le temps…
Je n’ai donc pu assister qu’à 6 ateliers sur les 10. J’ai bien assisté à un septième atelier intitulé « habiter Ouolodiedo, village malien » mais un impératif de changement de lieu ne m’a pas permis d’assister à toute la présentation. Et au vu des fiches éditées par le FIG, je m’aperçois qu’il me manque trop d’informations pour produire un compte-rendu objectif. Par contre j’ai réussi à participer à la table ronde intitulée « Faire de la géographie avec le numérique : construire la notion d’habiter » qui devait clore cette série d’ateliers.
Dans une salle trop souvent exigüe, le public s’était pressé pour assister aux présentations menées, il faut le souligner avec une main de maître. Dans les six ateliers, j’ai rencontré des enseignants qui maîtrisaient leur sujet mais surtout qui affichaient une passion presque débordante, j’allais même dire envoûtante tant ils emportaient l’adhésion de tous.
1) Le premier atelier auquel j’ai participé portait sur le sujet : « Les sociétés face aux risques : les risques naturels à la Réunion ». Il était présenté par Nicolas BRUNEL de l’académie de Toulouse, enseignant en Lycée professionnel. Prévu et testé dans une classe de seconde baccalauréat professionnel, l’auteur annonce que son projet peut être transposé dans une classe de CAP voire de 5e de collège.
Une séquence menée en groupe et non pas en classe entière divisée en 3 temps (inégaux). Dans un premier temps (3h) l’enseignant s’attache à définir les notions importantes puis à nommer les différents risques naturels de la Réunion. A l’aide d’Internet et sur la base de documents distribués pour les aider, il demande aux élèves de cerner les notions liées aux risques de la Réunion. Et, dans un deuxième temps, en s’appuyant sur le logiciel « édugéo », il leur demande quelques manipulations les amenant par exemple à calculer la densité de l’île. Il leur demande ensuite de placer les villes importantes à l’aide de cercles sans introduire la notion de grandeur. Il les amène ensuite, toujours à l’aide de consignes précises, à découvrir et à figurer les principaux risques de l’île pour aboutir à un croquis.
Le deuxième temps (1h) utilise le résultat ainsi obtenu pour montrer aux élèves que la perception du risque varie dans le temps et dans l’espace.
Et pour finir, le troisième temps (2h) permet de revenir vers l’utilisation du logiciel « édugéo » pour chercher les moyens mis en œuvre afin de gérer les risques pour autant qu’ils puissent être représentés sur une cartographie.
En conclusion, c’est un travail qui a déjà le mérite d’exister surtout en lycée professionnel où la géographie n’est certainement pas plus mise à l’honneur que dans le cycle classique face à une histoire dévorante.
L’assistance a surtout souligné le mérite personnel de l’enseignant pour son investissement. Il n’en demeure pas moins que l’utilisation du logiciel par cet enseignant en montrait trop souvent les limites. En effet, tant sur le plan graphique que sur le plan de l’élaboration de la légende, les limites étaient très vite apparues. Les figurés déjà très approximatifs sur le croquis n’étaient pas reproduits à l’identique dans la légende.
En fait si l’utilisation de ce logiciel est adaptée pour le repérage et la localisation, il faut admettre qu’il ne peut pas produire un croquis de géographie. Il est donc dommage que l’enseignant n’ait pas poursuivi en faisant réaliser aux élèves un véritable croquis soit avec un logiciel adapté soit tout simplement sur papier comme l’exige les examens.
Cette dernière remarque n’enlève rien à la valeur du travail effectué mais doit être perçu comme une critique constructive.
2) Le deuxième atelier était intitulé : « Mon espace proche : le collège des Gorguettes à Cassis, situé en zone périurbaine ». Il était présenté par Jean-Yves LOISY de l’académie d’Aix-Marseille. Testé en classe de sixième de collège, l’auteur n’a pas prévu d’adaptation à un autre niveau scolaire.
La séquence qui s’étend sur 3 heures est découpée deux grandes parties. La première sous-partie commence en réalité par un travail à la maison et n’est donc pas comptabilisée dans les 3 heures. Sur la base d’un questionnaire individuel, les élèves (avec leurs parents) répondent à des questions concernant le lieu de résidence de l’enfant, le moyen de transport pour venir au collège, le temps pour y arriver, le lieu de travail des parents avec la durée, les villes fréquentées pour les loisirs, les achats… Il s’agit là d’une enquête intéressante.
La deuxième sous-partie se déroule en classe. Les élèves reçoivent un fichier excel et doivent traiter l’information. Excellente initiative pour une classe de 6e. L’enseignant demande de faire des calculs sur le nombre de fois qu’apparaît chaque commune de destination. Mais il demande aussi de calculer la moyenne de tous les trajets confondus ce qui est déjà plus curieux d’autant qu’on ne voit pas où il veut en venir. Il ne l’utilisera d’ailleurs jamais.
La troisième sous-partie consiste pour les élèves, par groupe, de faire le choix du fond de cartes à partir du site « geoportail ». Tous les éléments en mains, ils découpent l’espace qui leur servira de fond pour la réalisation d’un croquis. Croquis qui sera produit avec Le logiciel Draw de la suite bureautique Libre Office. Là, les élèves reprennent les données par ensemble à savoir : combien de déplacements pour le travail vers la même direction ; de déplacements de loisirs ; de déplacements pour les achats. Pour chaque destination ils dessinent une flèche proportionnelle indiquant la direction de départ et d’arrivée. Cet exercice est réellement formateur puisqu’il permet aux élèves de se rendre compte de la notion d’espace. Résider en un lieu, pratiquer des loisirs en d’autres lieux, faire ses achats en d’autres lieux encore, constituent leur espace. Sur ce plan c’est gagné. Mais on peut toujours se demander à quoi aura servi le calcul du temps moyen toutes destinations confondues. Quant au croquis lui-même, l’assistance lui aura toutefois reproché que le fait de dessiner des flèches du lieu de résidence vers ces autres destinations ne permettait pas de comprendre qu’en fait il y avait un aller-retour. On pourrait aussi s’interroger sur le contenu de l’enquête notamment sur les éléments qui n’ont pas été utilisés comme le lieu de résidence de l’élève par rapport au collège.
Enfin la deuxième grande partie, sans aucune sous partie, aborde « le secteur du collège à différentes échelles ». A l’aide de géoportail, l’enseignant met « en évidence les échelles : numériques et graphique mais également ‘sémantique ‘ ». Cette approche permet à l’enseignant de faire émerger la notion de périurbanisation.
Outre les « maladresses » du croquis présenté, l’assistance a surtout soulevé le problème lié à l’enquête. Madame Bernadette MERENNE-SCHOUMAKER elle-même, a interpellé l’enseignant sur la difficulté à transposer ce projet dans une classe où certains parents seraient au chômage par exemple. Là, l’auteur Jean-Yves Loisy a usé pour ne pas dire abusé de la langue de bois. Il se défend en disant que lui-même avait des parents d’une élève au chômage. Et qu’il a résolu le cas en mettant l’élève en fin de tableau excel ce qui lui permettait lors de la projection au tableau de ne faire apparaître qu’une partie. Mais cela est manifestement faux puisque l’enseignant nous avait dit auparavant qu’il avait distribué le fichier excel aux élèves pour en faire le traitement statistique. Donc même en fin de tableau l’élève était visible. Et s’il l’avait « supprimé », la curiosité des élèves aurait été grande : « Monsieur pourquoi untel n’y est pas ? ». En fait oui, c’est une limite à ce beau projet. Mais pourquoi ne pas l’avoir admis ?
Parce qu’il avait tout construit sur la périurbanisation pour une classe de collège non touché par ce fléau. Cela n’enlève rien à la valeur de ce projet évidemment.
3) Le troisième atelier était intitulé : « L’aménagement de la lézard’Express régionale au Havre ». Il était présenté par Cyrille CHOPIN de l’académie de Rouen. Testé en classe de troisième du collège, l’auteur avance qu’une adaptation en classe de première au lycée est possible.
La séquence qui se déroule sur 3 heures 30 minutes est découpée en trois parties.
Toute la séquence porte sur « l’intérêt » d’une extension d’un axe ferroviaire à l’échelle de l’aire urbaine du Havre.
La première partie (1h) s’interroge sur cette infrastructure adaptée ou non aux enjeux de mobilité durable. Les élèves, en groupe, sont mis devant un ordinateur qui affiche le puissant logiciel QGIS abondamment alimenté par l’enseignant. Sur la base d’informations issues de cet outil, l’enseignant demande aux élèves de rédiger une courte réponse argumentée à la problématique posée en début de séance (voir ci-dessus). L’assistance retient son souffle alors que Cyrille CHOPIN manipule son logiciel tout en apportant des explications permettant de comprendre les enjeux. Sans aucun doute c’est clair. Mais toute l’assistance saurait-elle prendre le contrôle de ce logiciel ? Et les élèves ? Et tout cela en 1 heure, manipulation plus rédaction ?
La deuxième partie exploite un site, celui de la communauté d’agglomération du Havre. Elle est prévue pour 2 heures. Elle vise à « identifier les enjeux liés au projet d’aménagement » puis à « élaborer une représentation systémique du projet d’aménagement » pour aboutir à « un diagramme des interactions » qui fait apparaître les atouts et les handicaps du projet.
Enfin, la troisième partie met en scène les élèves qui prennent position pour ou contre ce projet, arguments à l’appui.
Cette proposition de séquence de Cyrille CHOPIN n’envisage à aucun moment une production graphique du type croquis ou même schéma. Ce point ne sera donc pas discuté. La principale interrogation de l’assistance résidait dans la faisabilité. D’un oui absolu, l’auteur a accepté dans un premier temps que les élèves avaient déjà l’habitude de manier ce type de logiciel avant d’aborder cette séquence, puis il a admis que d’autres collègues l’utilisaient aussi. De fait les élèves, quelque soit l’enseignant connaissait le logiciel. Et pour finir il a annoncé que lui-même et certains collègues utilisaient ce logiciel pour leur cours. Une carte de densité dans tel cours, une autre carte thématique dans un autre cours, autant d’occasions pour utiliser le logiciel. Il devenait ainsi un outil familier pour les élèves. Oui mais, il aurait été intéressant de le dire dès le départ plutôt que de laisser croire que…
En conclusion, ce projet d’utilisation de l’outil informatique dans le cadre de TICE est évidemment très intéressant. Mais, il faut se rendre à l’évidence que seule une équipe d’enseignants peut le mener et sur toute la scolarité. Prétendre le contraire reste abusif. Alors oui pour un tel projet même en classe de première, surtout qu’il est mené d’une main de maître. Mais n’imaginons pas qu’il soit transposable partout. D’ailleurs c’est à la fin de la présentation que l’on se rend compte de l’importance, non dissimulée, par l’auteur de l’information selon laquelle Sylvain GENEVOIS et Cyrille CHOPIN ont mené de concert une expérimentation dont voici le résultat.
4) Le quatrième atelier était intitulé : « La France, un territoire sous influence urbaine : l’exemple de Troyes ». Il était présenté par deux enseignants, Mathieu AUNOS et Jérémy POINTU de l’académie de Reims. Testé en classe de troisième du collège, les auteurs pensent pouvoir le transposer en classe de première au lycée.
D’entrée, les deux enseignants ont présenté leur outil : la plateforme « doodle ».
Ils nous ont fait part du contexte dans lequel le projet a été mis en œuvre. Il s’agit d’un établissement classé ZEP avec des élèves en grande difficulté et surtout une hétérogénéité que seule cette plateforme peut pallier.
L’étude de la question géographique n’a d’ailleurs jamais été verticalement abordée. Nous n’avons eu droit qu’à une démonstration des différents exercices utilisés sur la plateforme « doodle ». Nous avons pu en constater la très grande variété et, d’après les auteurs, l’adaptabilité aux difficultés des élèves. Le tout, nous disaient-ils avec la simplicité la composition d’un numéro sur un téléphone portable.
Il est vrai que l’enchaînement des exercices semblait parfaitement orchestré, pour aboutir à la fin à une évaluation sommative. Le « package » en somme !
Tout est possible avec cet outil, reste cependant à le mettre en œuvre.
Si l’assistance a été séduite, les questions n’ont pas manqué pour autant. Tout d’abord quelle était la finalité de cet outil ? Une utilisation annuelle ou simplement ponctuelle ? Là les auteurs ont admis tout d’abord que si l’outil était très performant, il devenait vite très exigeant pour les élèves. Ensuite, compte tenu de l’utilisation en groupe avec un ordinateur par élève, l’opération était forcément limitée dans le temps. Les autres disciplines réclamant leur part d’utilisation des créneaux ordinateurs.
Enfin une question n’a pas été tranchée par les auteurs. Au début ils nous disaient avoir des élèves qui ne travaillent pas à la maison et que cet outil leur permettait de faire « du sur-mesure ». A la fin, pour défendre leur projet, ils nous disaient que l’intérêt résidait aussi dans le fait que l’opération pouvait être utilisée pour un travail domicile-école. Et à la question : « alors ont-ils appris à travailler à la maison ? » la réponse était non.
En conclusion, un très bel outil informatique nous a été présenté. Il est véritablement performant pour faire un suivi sur mesure de sa classe et la faire progresser en ZEP et ailleurs. Merci aux auteurs de nous l’avoir présenté. Mais, notre gestion comptable de l’éducation nationale ne permet pas, pour le moment, de l’exploiter correctement ce qui est bien dommage. C’est peut-être l’école de demain !
5) Le cinquième atelier était intitulé : « Un exemple d’aménagement du territoire français : la construction de la LGV SEA (ligne à grande vitesse Sud-Europe-Atlantique) ». Il était présenté par Séverine AUDINET de l’académie de Poitiers.
Testé en lycée professionnel, l’auteur pense pouvoir le transposer à une classe de sixième ou de troisième au collège, voire de première au lycée.
La séquence est proposée pour 4 heures.
La première partie (1h) consiste, pour les élèves, à prendre connaissance d’un corpus documentaire distribué sous forme papier par l’enseignant avec des renvois vers des sites internet.
L’élève doit exploiter ce corpus documentaire pour en extraire des informations. Il leur est demandé de rédiger un paragraphe argumenté.
Dans une deuxième partie (1/2 heure), l’élève individuellement avant une mise en commun, doit identifier les acteurs.
La troisième partie (2h30mn) est consacrée à identifier les enjeux de cet aménagement.
Ici, les élèves par binômes endossent l’habit d’un acteur et défendent ou argumentent contre le projet d’aménagement. Réalisé sous forme de texte écrit, les élèves sont appelés à l’enregistrer avec le logiciel Audacity pour les former à un oral. En binôme le plus souvent, Séverine AUDINET nous fait écouter les enregistrements. L’audience est attentive, réceptive autant qu’amusée par ces élèves qui « jouent » aux journalistes. Leur production permet d’en déduire qu’ils ont compris les enjeux, qu’ils savent défendre une position en argumentant. Jusque là, néanmoins, les outils utilisés étaient très classiques. Internet pour affiner le corpus documentaire, un logiciel pour enregistrer des voix. Bien que certaines personnes qui ont assisté à la présentation de ce projet ont estimé que les élèves auraient pu davantage peaufiner leur enregistrement, l’ensemble de l’assistance était jusque là satisfaite. En effet, le but était d’avoir une production sonore « honnête » quant au contenu et non de tendre vers la perfection sur le plan technique.
Mais le but final de cette production devait être un croquis de géographie. Aussi, Séverine AUDINET a-t-elle demandé à ses élèves d’utiliser le logiciel « edugeo ». Ils ont ainsi dessiné à l’aide d’un trait continu le tracé déjà réalisé Paris-Tours et en pointillé le tracé Tours-Bordeaux. Avec des cercles de couleurs différentes, ils ont placé dans l’espace les acteurs de cet aménagement précédemment repérés. Dans la légende ils ont repris ces cercles et ont nommé les acteurs. Sur le croquis, à droite ou à gauche (c’est selon) ils ont inscrit des informations représentant des arguments.
Oui mais quel est le but de ce croquis ? Comment doit-on le lire ? Quelles informations apporte-t-il ?
Nous ne le saurons jamais car, dès que Séverine AUDINET s’est tournée vers l’assistance pour les traditionnels questions ou critiques constructives, un duo de personnes s’est emparé de la parole pour faire la promotion du logiciel « edugeo ». Se passant tour à tour la parole sans jamais la céder, ils ont monopolisé le temps imparti à Séverine AUDINET pour échanger avec la salle. C’est bien dommage d’autant plus qu’un stand « edugeo » était présent au FIG.
En conclusion, Séverine AUDINET a présenté un projet digne d’intérêt même si le croquis semble inadapté ou inachevé. Mais n’ayant pu échanger avec elle, on ne saura jamais la finalité de cette production graphique.
6) Le sixième atelier était intitulé : « un territoire sous influence urbaine : étalement urbain et aménagement du centre-ville à Nantes ». Il était présenté par Sami CHERIF de l’académie de Versailles.
Testé en classe de troisième de collège, l’auteur pense pouvoir le transposer en classe de première au lycée.
La séquence est réalisée sur 3 heures et est divisée en trois parties.
La première partie s’attache à découvrir l’espace périurbain de Nantes. Pour ce faire, l’enseignant a produit de petites vidéos visibles sur youtube. Elles sont le fruit d’un montage de cartes issues du logiciel « edugeo » entrecoupées par des vues prises à partir de street view de google maps. Le résultat est surprenant. On a véritablement l’impression d’un documentaire. Seule imperfection, la qualité du montage dont l’auteur nous dit qu’elle est accessoire. Ce qui compte avant tout selon lui, c’est l’information. Avec ces vidéos utilisables dans d’autres classes, d’autres établissements, on peut effectivement dire que le projet est abouti pour cette étape. Sami CHERIF fait donc travailler des groupes d’élèves de manière collaborative, par le biais d’une plateforme, pour rédiger un texte commun répondant à ses consignes.
Ce travail permet notamment d’identifier les formes d’habitat surtout que l’auteur alterne les cartes et les vues immersives. Mais l’élève peut aussi comprendre la diversification des espaces de vie, le rôle de l’automobile…
Puis faire apparaître l’organisation de l’espace en mettant en évidence l’étalement urbain autour de Nantes. L’objectif est atteint. Les élèves sont même amenés, sur un fond de carte d’ « edugeo » de produire un schéma simple de cet étalement.
Enfin, sur la base de ces travaux d’élèves (menés par groupes) l’enseignant peut amener les élèves à s’interroger sur l’impact environnemental de cet étalement. Un impact forcément négatif qui va conduire les élèves à chercher d’autres solutions.
La deuxième partie (1) peut donc être abordée. Afin de conduire les élèves vers une « solution », Sami CHERIF les fait réfléchir sur la rénovation d’une friche industrielle dans le centre de Nantes.
Avec les mêmes outils vidéo et des consignes précises, l’auteur avance que la solution pour éviter l’étalement urbain pourrait être celle de loger les habitants à Nantes même. Oui mais où ? Une enquête est menée (guidée par l’enseignant) sur les terrains disponibles pouvant recevoir un tel aménagement. Les élèves font leur choix et affutent les arguments pour défendre leur emplacement, cartographie à l’appui.
A la fin l’enseignant donne à ses élèves qui n’habitent pas Nantes cette information importante : un projet de réhabilitation d’une friche est en cours. Certains élèves dans leur proposition auront « tapé dans le mille ». On pourra toutefois se demander si certains élèves (plus malins que d’autres) n’auront pas trouvé le vrai projet sur internet avant d’avoir donné leur solution. Ce qui aura pour conséquence de fausser les mérites de nos apprentis aménageurs.
Enfin, la troisième partie (1h) consistant à présenter les caractéristiques de l’urbanisation en France n’a pas été abordée par Sami CHERIF lors de sa présentation, horaire oblige.
En conclusion, sans aucun doute, l’assistance a été séduite par ce projet. Mais il est évident qu’il demande une grande maîtrise et certainement beaucoup de temps pour le montage. En revanche, par rapport à d’autres projets TICE présentés à ce FIG, il a le mérite d’être un projet « clefs en mains ». Reste à en définir les modalités. Mais, n’importe quel enseignant, s’il dispose des consignes, les youtubes étant libres d’accès, peut utiliser ce projet tel quel.
Et, pour clôturer ces ateliers TICE, il était prévu une table ronde à laquelle j’ai assisté pouvant de ce fait délivrer ce compte-rendu.
Table ronde « faire de la géographie avec le numérique : construire la notion d’habiter ».
Cette table ronde initialement annoncée pour être animée par Jean-Louis LEYDET, IA-IPR et Sophie GAUDELETTE, chargée de mission DGESCO ainsi que des enseignants s’est déroulée dans une chapelle, celle du lycée Beau Jardin de St Dié.
Bien que la plupart des tables rondes ne se fassent pas autour de tables véritablement rondes, là, l’endroit ne se prêtait à aucune organisation autour d’une table. Assis devant l’autel, cinq chaises avec à gauche de l’auditoire, Jean-Louis LEYDET, IA-IPR et à sa droite, quatre enseignants qui ont présenté un atelier TICE.
Après les remerciements d’usage, Jean-Louis LEYDET entame une série de dialogues avec les enseignants selon un plan très bien organisé. Le but affiché étant de démontrer à travers des exemples de travaux réalisés effectivement devant des élèves, que le numérique permettait de construire la notion d’habiter.
Si la prestation frisait la perfection, il n’en demeure pas moins que les personnes ayant assisté ne serait-ce qu’à deux ou trois ateliers (ce qui était le but) ressentaient cette frustration due aux redites et aux redondances qui dans ce lieu particulier avaient une curieuse résonnance.
La seule intervention de l’assistance a été de demander que le matériel audiovisuel soit effectivement utilisé pour servir de support et qu’il ne serve pas de simple décor. Si Jean-Louis LEYDET a acquiescé, cela n’a pas été suivi d’effet. On pourra toujours s’interroger pourquoi, pour un sujet sur le numérique, démonstration n’en a pas été faite.
Prévu pour durer une heure trente, cet exposé aura pris une heure quinze.
Etait-ce le lieu qui imposait le silence et l’attention, ou beaucoup de personnes étaient-elles réellement captivées ? On ne le saura jamais car de table ronde il n’y eu jamais.
Jean-Louis LEYDET a tout de même demandé à l’assistance si elle avait des questions. Madame Bernadette MERENNE-SCHOUMAKER a interpellé deux enseignants sur la confidentialité des enquêtes que j’ai relatées dans le compte-rendu concerné à savoir celui sur « Mon espace proche : le collège des Gorguettes à Cassis, situé en zone périurbaine » présenté par Jean-Yves Loisy. La réponse a été la même que celle donnée dans l’atelier.
A la question que j’ai posée à l’attention de Jean-Louis LEYDET « quels moyens l’inspection engage-t-elle pour encourager, motiver les enseignants à faire le saut du numérique », la réponse a été : « l’inspection s’entoure d’enseignants choisis en fonction de travaux qu’il ont vu sur le terrain au cours de leurs inspections ».
Puis, l’heure ayant, elle, avancé, chacun attendait la clôture de ladite table ronde pour rejoindre probablement les festivités.
En conclusion, les quatre enseignants ont bien cerné les avantages du numérique dans leurs démarches respectives. Aurait-on pu construire la notion d’habiter sans recours au numérique ? Assurément. Mais alors quel était ou serait le plus du numérique ? Et surtout, quelles sont les limites du numérique dans une séquence de géographie ? Techniques ? Matérielles ? Formation ?
Autant de questions importantes qui devraient être abordées et traitées sans tabou pour réellement faire avancer l’intérêt d’une géographie avec le numérique.
Nonobstant ces différentes remarques qui pourraient parfois sembler acerbes, j’ai noté au cours de ce FIG que le numérique fleuretait déjà avec ses futures lettres de noblesses grâce aux générations montantes. Pourvu qu’elles se multiplient et s’essaiment dans toute la France et bien au-delà de nos frontières.
Jacques Muniga © Les Clionautes