Vous connaissiez le géographe devenu philosophe en la personne d’Augustin Berque ? Voici le philosophe devenu géographe !
Jean-Marc Besse, philosophe et directeur de recherche au CNRS, a choisi d’intituler sa conférence Géographie psychique, une appellation contestable pour les géographes alors que les psychologues de l’environnement applaudiront des deux mains à la lecture de ce titre. C’est Georges Hardy qui, le premier, a utilisé cette expression dans son ouvrage de 1939 Géographie psychologique pour désigner la science qui cherchait à déterminer la localisation des phénomènes de psychologie collective. Cette approche était condamnée aux gémonies par Albert Demangeon qui n’a pas hésité à dire que c’était une discipline inutile car déjà prise en charge par la géographie humaine et l’ethnologie. Il rejetait aussi la vision déterministe de cette voie et considérait qu’elle était politiquement dangereuse (car elle mettait en œuvre une typologie dans le cadre de la géographie coloniale). Dans les années 1950-1960, les géographes voyaient alors le sujet humain comme un acteur industriel, économique, industriel ou politique. La part affective, personnelle n’était pas considérée en tant que telle. Il faut attendre les années 1980-1990 avec l’essor de la géographie culturelle pour qu’apparaissent les spatialités subjectives, résolument non déterministes. Toutefois, l’entrelacement de l’homme et du monde comme l’expérience géographique (affect, émotion, sentiments) sont oubliés jusqu’à ce que la phénoménologie trouve sa place en géographie avec la redécouverte de Dardel.
Cette partie épistémologie de la géographie, la plus limpide, a ensuite été suivie des considérations de Jean-Marc Besse sur l’expérience spatiale déterminante dans l’Habiter, le paysage et l’ambiance, prenant en compte l’épaisseur de l’espace et du paysage que l’on habite, la temporalité spécifique des temps et des espaces. L’analytique de la géographicité, rapidement exposée, basée sur les concepts de séparation, de force, de position ou situation et de dimension, nous est demeurée obscure. Difficile en effet de rester attentive près d’une heure à la lecture littérale d’un texte écrit. Jean-Marc Besse est plus facile à lire qu’à écouter !
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes