9h. IUT Table ronde géomatique « L’imaginaire géographique est-il soluble dans le numérique ? » Jacques Lévy, Henri Desbois, Thierry Joliveau, Matthieu Noucher, Laurent Jegou, animé par Françoise de Blomac.
Assemblée clairsemée, assez âgée et fortement masculine. Quelques étudiants arrivent en retard.
Ce à quoi on va s’intéresser, lorsqu’on a des cartes de plus en plus produites de manière numérique, est ce qu’elles peuvent encore intégrer l’imaginaire ? La carte traditionnellement est porteuse d’imaginaire : la carte topo était pensé au départ dépourvu d’imaginaire et pourtant cela fait rêver.
JL : S’intéresse à la carte, il faut développer la carte pour intégrer le « tournant géographique » ; il ne faut pas laisser la carte aux cartographes, trop corporatistes. Pour le numérique, il se passe quelque chose d’important entre l’espace et le numérique. Les individus sont des acteurs de plus en plus puissants. Les données de masse disponibles sur l’internet permettent aussi d’inventer une vie singulière. Le commerce en ligne est aussi acteur de la construction numérique en tenant compte de plus en plus de l’individualité des individus. Il faut être attentif, car le numérique est la victoire des techniciens sur les technologues (pdg d’IBM, « marché pour 3 ordinateurs dans le monde dans les années 50 »…). Les usages des gens se sont multipliés. Cf. despote éclairé Steve Jobs… différent de Bill Gates. Ce sont les gens qui font l’usage des choses. L’espace joue de plus en plus un rôle important.
HD : A intégré ds les années 70 un labo qui a travaillé sur le rôle du numérique dans les changements sociaux. Imaginaire du numérique, apparition du cyber espace dans la SF qui devient un horizon à atteindre pour les ingénieurs.
TJ : Géographie sociale mais intérêt pour le numérique, révolution numérique mais explosion lente, 50 ans de développement, grand public depuis les années 2000. Le numérique renouvelle les notions de matériel et d’immatériel.
LJ : Membre de la corporation des cartographes… assez peu organisée d’ailleurs. Réfléchit à ce que c’est la carte. Aspect visuel de la carte qui redevient intéressant. Carte fonctionne aussi en étant esthétiquement intéressante. Fonctionne par le fond et la forme. Imaginaire implicite lié à la forme, l’assemblage des couleurs… Maintenant qu’on a donné des outils en ligne, le public a plus de facilité à créer des cartes mais limites à la créativité par les outils eux-mêmes.
MN : Analyse de la circulation des savoirs environnementaux. Analyse des dispositifs cartographiques en ligne. De plus en plus de carte réalisée par des individus. Plusieurs plateformes qui conceptualisent la carte. Carte ego-centrée.
LJ : Carte parue ds le Washington Post production d’énergie aux US VII 2015, montre la dépendance à la source d’énergie, fait penser à du Jackson Pollock… Jeu de couleurs et de transparence. Graphistes sont de plus en plus embauchés par des journaux pour ré-enchanter un contenu plus triste
Outil fond de carte Stamen fondé sur openstreetmap où chacun peut participer, présente un style dit « aquarelle ». Ici carte de Saint-Dié. Stamen fournit le fond de carte, la société invente des s pour traiter graphiquement l’information.
MN : Openstreetmap nourri par des contributeurs bénévoles. Cf. Burning maps, impression intéressante. Communautés qui se créent pour développer les feuilles de style.
JL : Convergence entre les différents métiers, autrefois les cartographes. Terme d’infographie existe avant la cartographie numérique. Changement actuel comme pour le traitement de texte (gens utilisaient les polices extravagantes, n’avaient pas assimilé la tradition typographique). Le Monde, Libération, Courrier international font de plus en plus de cartes de qualité.
FdB Carte des radars, accueil des réfugiés. Le niveau baisse aussi selon les cas…
LJ : Carte des réfugiés, totalement rouge aujourd’hui, où est la légende ? on doit utiliser la souris pour comprendre la carte. Carte participative qui localise des éléments. Carte qui doit être interactive. Pouvoir offrir le moyen de réaliser des cartes facilement, ça produit des images qui ne sont pas toujours efficaces si les auteurs n’ont pas de culture cartographique. Mais on peut faire ce qu’on veut !
FdB : Carte peut provoquer certains éléments.
MN : Cartes qui n’ont pas vocation d’être uniquement cartographiées, mais transportent des informations qui peuvent être vues autrement. Projet de tortue avec une balise ds le pacifique sud, le journal local a ouvert une place tous les jours pour indiquer par une carte où était la tortue, a suscité des blogs, animations autour de ce sujet ; les imaginaires ont été très actifs notamment quand il y a eu un bug qui a bloqué la construction de cartes.
TJ : On peut discuter de la qualité de la carte des US & énergie. Il faut regarder les cartes pour voir si elles sont efficaces. Ce sont les utilisateurs qui vont obliger les cartographes à évoluer.
FdB : Rapport individuel et collectif.
JL : Présence de graphistes contemporains dans la presse, cf. Jaime Serra, Argentin vivant à Barcelone et graphiste à l’Avanguardia, il pratique l’ego-géographie en la cartographiant, sur la réalité puis sur les souvenirs qu’il en a gardé. Notion d’autoréférence : débat sur le fait que la carte est aussi un espace et ne représente pas qu’un espace. L’imaginaire n’est pas un monde isolé, il fait partie du réel. Logiciel MOVES (à télécharger), tous les lieux que l’on a fréquentés et cartographiés pendant une durée. Permet de représenter ce que l’on ne connaît pas sans avoir comptabilisé soi-même.
Public : Voir les dessins réalisés sur l’espace vécu d’enfants.
MN : Vérifier ce que la société veut faire de ces données.
LJ : Lire aussi la revue Mappemonde en ligne sur ce sujet de cartographie avec les élèves.
FdB : Nouveau powerpoint
HD : Carte des tweets réalisés à LA sur Androïd ou Iphone ou blackberry sur fond noir, davantage de code vert (androïd) que rouge (iphone) ; on visualise la ville à travers cette représentation. Superposition du réel et du numérique.
FdB : Même type de carte avec facebook
TJ : Carte fin XVIe tête de fou avec visage en forme de carte, critique de la cartographie scientifique qui ne serait qu’un faux savoir (sur Gallica). Commentaire dans « L’œil cartographique ».
Carte facebook, lien et compte facebook produit par un stagiaire de chez facebook à une époque où il y avait 500 000 000 millions de comptes. Traits représentent les amis. Carte qui a un imaginaire très fort avec les cartes de l’aéronautique des années 30. Ce qui est surévalué, c’est les relations à grande distance, alors que la plupart des comptes ont des relations proches. Monde de la nuit ?
Public : Ténèbres d’où jaillit la lumière.
JL : Non information, représentation influencée par les graphistes. Noir est monté en puissance.
TJ : Facebook œuvre scientifique et esthétique. Cela rend les choses plus complexes à démêler. Cartes des pavés de mémoires en Allemagne pour ceux qui ont disparu dans les déportations nazies. Certaines municipalités en Allemagne ont refusés. Version numérique de ces pavés. Choix de l’étoile jaune pour représenter sur la carte pose d’ailleurs un peu problème.
FdB : Frontière mexicano-étasunienne ombres qui apparaissent sur l’iphone pour rappeler la mort de migrants. Injonction aujourd’hui pour imaginer le monde de demain et les cartes sont très utilisées.
HD : Carte atomique on propose aux internautes de bombarder la ville de leur choix avec l’arme atomique de leur choix. 57 millions de bombardements ont lieu à cette heure.
TJ : Apport de streetview, capture du réel. Information vont être représentées in situ. Effet de réalité augmentée. Quand on utilise les représentations 3D, davantage de critiques aujourd’hui. Carte de crue du Rhône qui permet de mieux comprendre le risque d’inondation. Le discours, la mise en action est importante.
MN : Les acteurs utilisent aussi le blanc de la carte, l’effet de précision est à nuancer dans le discours officiel. Cf expo « Moving beyond borders » cartographie radicale, expo qui s’appuie sur le numérique, carte sonore.
FdB : Grand détournement par les artistes qui utilisent l’outil numérique.
MN : Clip d’un groupe canadien qui personnalise son clip en fonction du lieu d’origine de l’internaute « The wilderness downtown » détournement d’un outil devenu classique aujourd’hui.
LJ : Artistes qui reprennent les représentations cartographiques, Brian Nunnery crée un plan du métro d’une ville imaginaire. Ed Fairburn enrichit des vrais cartes et dessine par-dessus (visage dessiné dans la carte).
FdB: cf aussi expo à la nef.
LJ : David Renaud représente des formes de relief avec modélisation 3D pour créer ses sculptures.
Public : Et la géographie dans tout ça ? Comment la géographie réagit au fait que la cartographie échappe à la géographie.
TJ: Plusieurs générations de géographes à la table ronde. Mais aussi effet de réseau de FdB. Génération de doctorants qui apparaissent aujourd’hui avec maîtrise de l’outil. Il faut que les géographes soient présents sur tous les fronts et cela va devenir difficile ! Les géographes sont nécessaires pour théoriser.
JL : Géographes n’ont jamais eu le monopole de la cartographie, en France IGN qui pense qui sont les seuls à faire de la cartographie… Géographie à pas mal changé. On a des reproche à se faire en tant que géographe, on a mis du temps à comprendre la dimension géographique des nouvelles technologies cf. Now de google ; composition spatial de Tinder, site de rencontre. On a besoin des géographes, la théorie est nécessaire en cette période du big data
TJ : Dialogue interdisciplinaires est très actif, même si on voit un peu toujours les mêmes…
LJ : Non l’IGN n’est pas sclérosé ! comment changer la carte topo, rôle des couleurs que l’on peut changer selon son choix.
FdB : IGN est obligé de changer, sinon ils vont disparaître…
LJ : Voir tout ce qui a été ajouté au géoportail ! Faire travailler ses élèves ds le secondaire ou à l’université.
FdB : Googlemap c’est de la sous géographie, discours de mépris qui était courant.
LJ : Cela passe dans la pédagogie.
MN : De plus en plus de choses qui foisonnent aujourd’hui chez les géographes. Beaucoup d’approches très théorisantes de la part de certains qui ne sont pas assez les mains dans le cambouis.