Compte-rendu de la conférence de Louis Marrou , professeur Université de La Rochelle et Alain Miossec, professeur des Universités, recteur d’Académie honoraire.

La conférence débute par un visuel de l’Ultime (trimaran) SODEBO de Thomas Coville pour souligner la vitesse et la fragilité des voiliers de course actuels …
La seconde diapo évoque l’arrivée triomphante de F. Gabart lors du dernier Vendée Globe Challenge de 2012/2013 accompagnée de cette citation : « le bateau allait vite mais aujourd’hui il faut remettre du charbon… »
Suit une citation d’O. De Kersauson : « Prendre la mer, c’est tout sauf une fuite, c’est au contraire une discipline et une contrainte. Décider d’aller chevaucher les vagues, c’est une conquête et, pour conquérir, il faut partir. C’est l’extraordinaire tentation de l’immensité. La mer, c’est le cœur du monde». Faire un tour du Monde c’est faire un tour géographique complet pour l’homme, le skipper. Et la recherche de la vitesse !

Un passé très présent

Le visuel suivant d’un kytesurfeur (en 7 plans) démontre que l’on va, aujourd’hui, toujours plus vite sur les océans. Après l’évocation de Vasco de Gama (si vous pouviez me l’indiquer s’il vous plaît , je n’étais pas encore arrivé….) qui fut le premier à doubler le Cap de Bonne Espérance (appelé à l’origine Cap des Tempêtes) est présentée une diapo de l’Hermione restée célèbre pour avoir amené le marquis de La Fayette et ses hommes aux côtés des « insurgents américains ». Autre navire célèbre et rapide des océans, la goëlette américaine « Atlantic » de Charlie Barr qui détint, 75 ans durant, le record de la traversée de l’Atlantique dans le sens Ouest – Est (record battu par E . Tabarly en 1980 sur le trimaran Paul-Ricard).
Un court texte de Jules Verne est présenté ; il permet de se rendre compte que l’on parcourt le globe terrestre dix fois plus vite aujourd’hui qu’il y a un siècle. Une autre citation de P. Léon évoque aussi la concurrence entre les compagnies qui proposaient la traversée de l’Atlantique. Cela ne les a pas empêchés de voir leur nombre exploser entre 1886 (5 compagnies) et 1930 (48 compagnies !)
Puis ce fut l’ère du « Ruban bleu » que détint le Normandie deux fois de suite (1935/36) et 1938 dans les deux sens avant d’être ravi par son rival de la Cunard le «Queen Mary» aux mêmes dates. C’est l’époque des grands transatlantiques, de la CGT, la Cunard, la course à la vitesse, avec des navires toujours plus grands (305 mètres pour le Normandie) comme les chantiers, du reste, (forme Joubert de St-Nazaire de 350m pour achever le Normandie en cale sèche). Ainsi la moyenne de vitesse des navires passe de 16 à 21 nœuds (le Normandie et le Queen Mary dépassent 30 nœuds en 1938 en décrochant le Ruban bleu)

Courses au large et aux records de vitesse

Fin du XXème siècle, l’océan devient « un stade nautique » selon A. Miossec et l’on passe du monde du commerce au monde des loisirs… Ainsi voient le jour de grandes courses transocéaniques : le trophée Jules Verne, le Vendée Globe Challenge, la « Withbread » créée en 1973 (ex –BOC Challenge) devenue la « Volvo Ocean Race » depuis. Vitesse aussi quand on se rappelle le bord à bord de M. Malinovski et M. Birch à l’arrivée de la route du Rhum en 1978, le canadien l’emportant de 97 secondes au bout de 22 jours de courses… http://www.ina.fr/video/I10140610
Les indicateurs de pressions, mesures des vents, les routeurs actuels des skippers étaient inconnus des marins des courses au large des années 70 et 80. Il fallait beaucoup d’intuitions, être un marin particulièrement aguerri pour gagner (Tabarly sur la transat anglaise en 1964)
Les gains de vitesse se mesurent aussi par le temps mis pour traverser l’Atlantique : de 2/3 mois au XVIème siècle on est passé à 5 jours et 2h en 2013 pour F. Joyon. Toujours plus vite encore lorsque F. Gabart a mis 8 jours 8h pour traverser l’Atlantique là où un certain E. Tabarly mit 27 jours 3h et 56 minutes. A. Miossec, recteur de l’académie de Guadeloupe à l’époque, dut, à son grand regret (une convocation ministérielle à Paris, alors qu’il n’aspirait qu’à recevoir le vainqueur de la course !) renoncer à l’arrivée du vainqueur, Lionel Lemonchois en 2006 à Pointe-à-Pitre. Ce dernier venait de pulvériser de cinq jours l’ancien record de Laurent Bourgnon de 1998… Sur la dernière Route du Rhum, c’est F. Gabart qui l’emporte. Mais le dernier concurrent est arrivé 1 mois après… Tout ne va pas toujours plus vite !
D’autres courses montrent que l’on va souvent plus vite sur les océans. La course du Vendée globe challenge est cette course redoutable en solitaire, sans escale et sans assistance, qui passe par les principaux caps et Océans terrestres. C’est l’océan mondial qui est parcouru avec des fortunes/infortunes de mer. De graves accidents ont eu lieu G. Roufs, N. Burgess sont morts en course, J. Le Cam, I. Autissier et R. Dinelli, et T. Bullymore ont été sauvés in-extremis…

Toujours plus vite aussi avec le trophée Jules Verne dont le record est détenu par Loïck Péron en 45 jours et 13 h. Mais dans ce cas c’est une « course contre la montre » en équipage avec des maxi-trimaran, des « monstres » avec des gennaker de 600 m2 comme le bateau de L. Péron : http://www.fralo.info/jv06.html
Ces traversées océaniques sont des courses et records en tous genres : au retour d’une transat en solitaire T. Coville bat le record de vitesse accompli par un bateau (785 miles) en 24 heures ! de même Y. Guichard a battu le record de la traversée de l’océan Indien en 8 jours et 4 heures…
Et derrière les bateaux, trimarans, voiliers ? Il y a des hommes, des « tronches »…. Comme E. Tabarly officier de marine française, le « taiseux » devenu un héros national après sa victoire dans la transat anglaise de 1964. Beaucoup d’autres sont des personnalités connues comme L. Bourgnon, Loïck Péron, F. Artaud, A. Le Cléac’h ou François Gabart, dernier vainqueur de le route du Rhum. Franck Cammas avoua, après une course, que ses « bras avaient doublé de volume ! »… Des bateaux très sophistiqués, avec des cabines dignes de cockpit d’avion, des winches automatisés, des mats ultra légers, des voiles en kevlar, des routeurs et des technologies de pointe permettant au constructeur de bateau de plaisance Beneteau d’être le 1er constructeur mondial de bateau de plaisance. Ainsi parle-t-on de « Sailing Valley», indique A. Miossec, avec les entreprises Beneteau, Jeanneau, de la Vendée jusqu’à La Rochelle où a lieu d’ailleurs, chaque année, l’exposition du Grand Pavois. Financement et médiatisation ne sont pas en reste : Sodebo, Guy Cotten BPBA devenue BPA, Macif sont des bailleurs de fonds des grands trimarans qui valent tout de même 11,5 millions d’€, et les chaînes de télé en continu comme les radios, chaînes sportives ou généralistes relaient ces courses, ces exploits.

Un monde en constante évolution avec des bateaux plus légers, plus rapides,

avec des technologies de pointes. Pour les derniers bateaux les plus rapides nous avons les hydrofoils et l’Hydroptère qui a atteint 61 nœuds en pointe de vitesse (110 km/h tt de même…).Il fut le premier voilier à dépasser les 50 nœuds sur l’eau. Le but étant d’offrir le moins de contacts et de résistances avec l’eau : du coup l’Hydroptère vole sur l’eau grâce à ses foils. Les Kytesurfeurs sont aussi les plus rapides sur l’eau avec un record homologué à 56 nœuds !
http://www.meltyxtrem.fr/video-du-record-du-monde-de-vitesse-en-kitesurf-d-alexandre-caizergues-a-104-km-h-a227100.html
Mais c’est l’australien Paul Larsen qui détient aujourd’hui le record du monde de vitesse homologuée sur l’eau :
Son voilier prao Vestas Sailorockets est leader avec sa vitesse de 65,45 nœuds (121,1 km/h)
Nos deux conférenciers terminent cette belle conférence avec trois citations : « Merci et bon vent » , « Par temps de pétole, bricole » (Loïck Peyron) et « le record c’est la cerise sur le bateau ».

Merci beaucoup au « duo » de conférenciers passionnés, solides, distillant clins d’œil et pointes d’humour fort à propos. Les applaudissements de la salle attestèrent du succès de cet exposé « Des traversées océaniques » qui défilèrent….très vite !

Pour les Clionautes, Pierre Jégo