Le tourbillon de l’actualité, entre crise sanitaire omniprésente, situation économique difficile et tensions sociales, a fait passer inaperçues un certain nombre de transformations qui sont à l’œuvre, et qui concernent le recrutement et la formation des enseignants.
Au moment où l’on trouve des petites annonces sur Pole emploi, quand ce n’est pas sur le bon coin, pour recruter des enseignants contractuels dans le second degré, nous avons quelques raisons, pour ce qui concerne nos enseignements d’histoire et de géographie, de nous inquiéter.
C’est exclusivement sur ce point, particulièrement sensible, dans un contexte où les attentes à propos de cet enseignement considéré comme fondamental pour construire la citoyenneté, sont fortes, que les Clionautes s’engagent dans une réflexion à laquelle nous invitons toutes les parties intéressées.
Samuel Paty assassiné : les non-dits du rapport de l’inspection générale
Nous pensons particulièrement à nos amis universitaires qui seront directement en première ligne lorsque ces dispositifs se mettront en place. Mais en réalité, cela nous concerne tous, tant les enjeux sont importants.
Formation des enseignants, ce qui est en jeu aujourd’hui :
La nouvelle mouture du concours devrait être mise en place à partir de 2022, donc applicable pour les étudiants qui entrent en master à la rentrée prochaine.
Dès la publication de cette première mouture, nous avons tiré le signal d’alarme en soulignant que la partie scientifique sur les contenus disciplinaires en histoire et en géographie se voyait réduite de façon extrêmement importante.
Cela porte un nom : la déqualification
Le Capes d’histoire-géographie nouveau est arrivé !
Pour ce qui concerne le CAPES d’histoire géographie, la situation apparaît particulièrement préoccupante.
Réforme du CAPES et de la formation enseignante : « un recul considérable »
La situation existante repose sur un programme dont les questions traitent différentes périodes de l’histoire et des thématiques en géographie, régionale ou générale. Ces questions changent d’une année sur l’autre pour moitié d’entre elles.
Cette spécificité de l’histoire-géographie n’apparaît pas dans les propositions qui ont été faites pour le concours 2022.
Ce qui est présenté dans le concours dans sa nouvelle mouture repose sur une formation professionnalisante en Master II qui serait conduite simultanément à la préparation du concours pour sa partie scientifique. Avec le concours dont les épreuves écrites auraient lieu au mois de mars, cela signifie que la préparation ne durerait que six mois au grand maximum.
Nous sommes dans le flou à propos des informations transmises par le ministère, puisque rien ne permet de savoir quelles seront les conditions de proposition des questions au programme, et si elles changeront de façon périodique ou non.
Formation des enseignants, le grand flou et quand c’est flou…
Le risque serait le télescopage entre les contenus de professionnalisation sur l’ensemble des deux années du Master, et la formation scientifique qui nous apparaît essentielle et même fondamentale.
Il paraît impossible de concilier, pour les étudiants de master 2 un tiers temps en établissement, la préparation de nouvelles questions scientifiques, le travail de recherche et les temps de formation à la professionnalisation.
Pour la formation scientifique, le temps pour aborder de façon approfondie les questions au programme serait donc notoirement insuffisant.
Cela aboutirait à un survol des questions qui ne permettrait pas au jury de sélectionner les candidats les plus aptes à s’approprier, en vue de leur transmission, des contenus scientifiques approfondis.
L’appauvrissement de la formation des enseignants
Il nous apparaît essentiel aujourd’hui, avant même que l’on envisage de modifier la formation des enseignants, de même que le recrutement, de tirer le bilan des réformes successives et des dispositifs mises en place depuis la création des instituts universitaires de formation des maîtres, des écoles supérieures du professorat et de l’éducation, et des instituts supérieurs du professorat et l’éducation, au-delà des changements d’acronymes.
Nous devons pouvoir évaluer la part des contenus scientifiques dispensés par rapport aux formations de didactique, et en analyser d’ailleurs les contenus. Ceux-ci sont d’ailleurs extrêmement inégaux d’une structure à l’autre.
Nous devons pouvoir également mesurer les flux de sortie aboutissant à la titularisation des étudiants fonctionnaires stagiaires. Sur l’ensemble du territoire, il semblerait que de fortes inégalités soient apparues.
Forts de l’expérience que nous avons été capables de promouvoir pendant la période du confinement, en mettant la priorité sur l’interaction entre nos adhérents, nous sommes prêts à présenter et à défendre nos propositions, et associer toutes les parties prenantes qui seraient prêtes à construire, dans la durée, un projet de formation pour les professeurs d’histoire et de géographie de demain.