Tous les jours du festival, l’émission a été réalisée en direct à partir de l’école de management de Grenoble, organisatrice de ce festival dont les Clionautes sont partenaires.
Une nouvelle rubrique sera créée pour mettre en avant, sur cette station du service public, les débats concernant la géopolitique, une thématique qui nos interpelle au premier chef, on comprendra pourquoi.
L’émission était consacrée au thème central de ce festival qui était le pouvoir des villes, et invitait Cynthia Ghorra-Gobin, auteure du dictionnaire critique de la mondialisation, Roland Pourtier, auteur d’Afriques noires et Pascal Gauchon, le directeur de la revue Conflits.
Cynthia Ghorra-Gobin a rappelé l’évolution de la recherche sur les villes, rappelant le changement de perception des villes, avec une présentation des différences entre les villes mondiales et les villes globales. Les villes mondiales sont connues dans le monde entier en raison de leur patrimoine et le meilleur exemple serait Venise, tandis que les villes globales qui peuvent être aussi mondiales, concentrent des fonctions de commandement. La question qui est posée est celle de la prise de distance des villes et de leurs maires, comme aux Etats-Unis à l’égard du pouvoir fédéral. Les économistes ont démontré que l’économie globale est rentrée dans les villes et cela a permis la constitution de cet archipel métropolitain mondial évoqué par le géographe Dolfuss.
Pascal Gauchon a rappelé, très opportunément le décalage entre les grandes villes, les métropoles et les villes moyennes qui ne se situent dans le même champ. Les métropoles réunissent des populations très diverses, les « classes créatrices », mais s’appuient aussi sur une domesticité largement défavorisée et en situation marginale, y compris en termes de ségrégation spatiale.
Roland Pourtier a évoqué les villes africaines, des espaces en fort développement qui sont encoe loin de prendre leurs distances avec l’Etat nation. Les personnels politiques sont, surtout en Afrique sub-saharienne, largement interchangeables et fonctionnent dans le cadre d’une captation de la rente par les classes dirigeantes. A l’exception des métropoles d’Afrique du Sud, la création de richesse joue un rôle marginal dans les villes du continent.
Pour autant les métropoles d’Afrique explosent au point d’évoquer selon Roland Pourtier une bombe humaine. En 1950, 14 % de la population du continent vivait en ville, 40 % aujourd’hui. Cela pose d’énormes problèmes évidemment. En 2050 avec une population de 2 milliards d’habitants ce sera 1 milliard d’urbains à qui il faudra trouver un emploi, loger, nourrir, hydrater, transporter dans des espaces urbais qui peuvent parfois échapper à tout contrôle .
Cynthia Ghorra-Gobin a rappelé que le processus en cours était celui de la « reterritorialisation ». un aménagement des territoires à l’intérieur des états est en cours et s’intégre dans la mondialisation. La question des petites villes et des villes moyennes est à prendre en compte sous l’angle des zones d’influence des métropoles auxquelles les agglomérations de plus petite taille peuvent se rattacher.
Marie-France Chatin a relancé ses invités sur les pouvoirs des villes en se demandant si, dans un processus de mondialisation celles-ci n’étaient pas mieux placées que les Etats, pour répondre aux problématiques induites.
Pour Pascal Gauchon, l’exemple qui est actuellement emblématique est celui de Londres et de cette population qui supporte assez mal le comportement électoral des délaissés de la mondialisation et qui vote pour le Brexit. Cela signifie que ces populations peuvent vouloir s’émanciper des contraintes, opportunément appelées « dysfonctionnements de la démocratie ». Les limites du modèle se situent dans les principes ou les limites de la démocratie.
Roland Pourtier a montré, encore une fois, la différenciation avec les villes africaines. Lieux de contestation, parfois lieux de guerre comme à Bangui en Centrafrique dernièrement, les métropoles d’afrique subsaharienne sont encore instables et dépendent d’une politique de la rente, souvent captée par les élites plus ou moins corrompues. Ces quelques notes prises à la volée ne sauraient remplacer la richesse des échanges. L’émission sera diffusée samedi et dimanche aux heures habituelles et podcastable sur le site de l’émission.
Cette émission que les Clionautes entendent bien soutenir, tant, dans nos pratiques de passeurs de savoirs, nous souhaitons pouvoir faire connaître le travail des journalistes qui nous accompagnent dans cette mission.