GOUVERNEMENT ET SOUVERAINETÉ (L’EXEMPLE DE L’AFRIQUE)

Quelles formes la gouvernementalité coloniale a-t-elle revêtue durant la IIIe République ? À travers le prisme de deux moments clés (1887, Code de l’indigénat algérien généralisé à toutes les colonies et 1898, Fachoda, le choc des impérialismes), l’atelier permettra de saisir la nature des relations entre la métropole et ses colonies.

INTERVENANT Benjamin MERCIER, professeur d’histoire-géographie au lycée Jules Ferry à Versailles

Programme de 1ère

Plan de l’intervention :

  1. Pourquoi proposer un parcours d’e-education sur la gouvernementalité de l’Afrique française durant la 3ème république? 
  2. Ce parcours dans la progression
  3. Les choix pour la création du parcours
  4. La présentation du parcours
  5. Comment transférer ce parcours sur des moodles

 

  1.  Pourquoi ?

    Le cours du Collège de France de 1977-78 par Michel Foucault en particulier, la 4ème leçon, dans laquelle il distingue la souveraineté et le gouvernement a conduit la réflexion pour construire ce parcours pédagogique. La conception de Foucault est certes très critiquée aujourd’hui, mais il s’agit ici d’utiliser cette notion avec des élèves en lien avec les travaux sur la conceptualisation à l’école. Un concept scolaire est, en effet,  une notion confrontée  à un objet historique.

    Question : Comment la notion de gouvernementalité confrontée à des documents pouvait -elle être utile à nos élèves ?

    La maîtrise de cette notion par les élèves est très diverse. L’outil d’e-education permet ainsi une différenciation en proposant des activités différentes en fonction du niveau de maîtrise de chacun.

    La plateforme d’e-education de l’académie de Versailles a été utilisée mais son contenu est utilisable dans tous les moodles académiques. Le parcours sera ainsi mis en ligne très prochainement.

    2. Le parcours s’inscrit dans une progression : le 3ème chapitre du 3ème thème d’histoire.

    Le déroulé :

    1ère heure : l’expansion coloniale française, les débats suscités et les chocs occasionnés à travers un point de passage : 1898 Fachoda le choc des impérialismes.
    2 heures suivantes : le parcours qui vise le fonctionnement des sociétés coloniales.

    Pour cela, le parcours approfondit Fachoda et le lie au code de l’indigénat. Le terme « code de l’indigénat », selon Sylvie Thenot, n’est pas pertinent, il faudrait parler de régime de l’indigénat.

    4ème heure : étude du point de passage de Saïgon : comment  gouverne-t-on les colonies en Asie ? Existe-t-il des différences avec la gouvernementalité africaine ?

    La progression apparaît aussi au niveau des capacités : « Conduire une hypothèse historique et la justifier ». Cette capacité a déjà été travaillée lors d’un thème précédent. Les élèves peuvent donc approfondir ou améliorer cette capacité.

    3) Le parcours respecte trois principes de conception

    a) la scénarisation : quelles activités ? Avoir découpé son parcours en différents modules. Définir l’objectif.

    b) la guidance : rappeler à l’élève ce qu’il a fait et ce qui lui reste à faire pour conserver son engagement.

    c) la rétroaction : le feedback positif (pouce levé) pour soutenir l’apprentissage et encourager la motivation.

    4) Découverte du parcours

    a) Travail à la maison 

    Page d’accueil : annonce de l’objectif, des capacités, de la durée et des consignes

    Une partie du  travail a lieu à la maison afin de permettre aux élèves de découvrir de manière simple ce qu’est la notion de gouvernementalité pour Michel Foucault. Quelle est la différence entre souveraineté et gouvernement ? Faire correspondre définition et vocabulaire.

    Deux exercices rapides et efficaces à la maison :

    – vérification des connaissances

    – utiliser ces connaissances dans un autre contexte : courte video concernant le régime sous Napoléon. Les élèves relèvent les arguments.

    Un QCM est alors proposé.

    b) Travail en classe : reprise rapide puis entrée en matière.

    Comment gouverne-t-on l’Afrique durant la 3ème république ?

    La classe est ensuite divisée en deux : pour chaque exercice, on applique les principes vus précédemment.

    – Travail sur la crise de Fachoda : quelle gouvernementalité de l’Afrique voit-on ?

    – Travail sur le code de l’indigénat : quelle gouvernementalité transparaît ?

Les deux parcours sont conçus de la même manière :

a) petit rappel chronologique

b) document central : identification, lecture

c) élaboration de l’hypothèse

d) vérification

e) restitution

Le fonctionnement du parcours est très progressif et rassurant pour les élèves: 

En effet, des liens permettent de revenir sur des points qui pourraient avoir été oubliés. Des quizz sont proposés. Si la vérification montre des erreurs, les élèves ne peuvent passer à la suite, ils doivent donc se corriger.

Elaborer l’hypothèse : 

Une fois le quizz réalisé, une illustration est proposée. Les élèves vont alors élaborer leur hypothèse à l’aide de ce document. Pour les aider, des explications des différents éléments de l’image sont notées. Tout ce qui peut gêner la compréhension est par conséquent expliqué.

Trois niveaux d’hypothèses sont proposés : débutant, intermédiaire, expert. Plus le niveau est élevé, moins l’élève est guidé. L’élève choisit le niveau qui lui convient mais le professeur est vigilant quant à ce choix qui pourrait aller vers la facilité ou parce que des élèves ont une mauvaise image de leur niveau.

D’une manière générale, des questions guident l’élève qui vérifie puis enchaîne. Cependant, au niveau expert il faut formuler l’idée sans aides.

Il faut ensuite démontrer l’hypothèse de recherche. Pour cela, des documents sont proposés et de nouveau, le niveau de difficultés est indiqué.

Les arguments qui permettent de vérifier l’hypothèse sont notés et les élèves les choisissent puis valident.

Dernière étape : la rédaction.

Tous les élèves ont des éléments pour rédiger leur réponse organisée. Ils doivent donc tous écrire le texte. En effet, l’exercice cible l’examen où tous les élèves devront rédiger.

Le même type de travail a été réalisé par les élèves du groupe «régime de l’ indigénat».

Quand les deux groupes ont terminé, on va logiquement confronter les hypothèses.

À la suite de ces activités d’e-education, on passe en mode d’enseignement classique, ce qui permet à quelques élèves de présenter leurs vérifications d’hypothèses.

Le professeur intervient alors pour préciser que présenter l’administration des colonies par la France sous un mode de gouvernement est une vision de la France donc une construction de la France. On rappelle ainsi que la dichotomie présentée de manière simple en début de séance : souveraineté et gouvernement, n’est pas si claire.

Questions et remarques :

Benjamin Mercier regrette de ne pas pouvoir montrer de travaux d’élèves puisqu’ en raison du confinement, il n’a pu faire travailler ses élèves sur ce parcours. Mais il a expérimenté avec satisfaction d’autres parcours.

Il précise pourtant que ce parcours peut présenter des difficultés. Ce parcours est créé d’abord en fonction d’un contexte pédagogique et  en outre les élèves sont habitués à travailler déjà sur un tel parcours qui  est long (2 h). On peut télécharger, pour éviter cela,  quelques parties et non l’ensemble. De plus, Il peut se produire des problèmes informatiques. Benjamin Mercier est donc tout à fait conscient des problèmes qui peuvent arriver en classe. 

La plateforme ELEA n’est actuellement accessible que dans l’académie de Versailles. Mais ce parcours est  téléchargeable sur tous les moodles académiques.

5) La manipulation 

Le fichier sera déposé sur les sites académiques et Edubase. Il faut donc aller dans « administration du cours », dans « restauration », « choisir le fichier » puis télécharger le fichier et le déposer.