Comment la frontière se perçoit-elle dans les toponymes ? C’est au travers d’une exploration paysagère des inscriptions toponymiques que Frédéric Giraut (professeur de géographie à l’Université de Genève) et Philippe Brun (architecte-urbaniste, associé à l’Université de Genève) ont parcouru la frontière franco-genevoise pour recenser ces marqueurs de trois ordres.
Les éléments relatifs à la mémoire et au marquage de la frontière sont des bornes, des postes de douane, des bureaux de change, des parkings relais mais on trouve également beaucoup d’informations dans le cadre de l’odonymie, l’étude des noms de rues, qu’elle soit publique (« place de l’octroi »…) ou privée (« le clos de la zone »…).
L’affirmation identitaire se voit dans les drapeaux, la revendication d’un stade, l’exhibition des slogans de groupes politiques mais également via quelques référents communs (« lac et frontière immobilier »…).
Enfin, il y a le volet relatif à la « célébration » du Grand Genève et qui rayonne jusque dans la périphérie française (hôtellerie, restauration, immobilier…).
Cet espace frontalier est finalement saturé de signes relatifs à la frontière le transformant en une sorte de zone tampon qui exploite les différentiels transfrontaliers à outrance.