La Chine à la conquête des mers
Si, comme on a pu souvent le dire, la politique d’un État est dans sa géographie, la Chine a montré depuis près de 50 ans, qu’il était possible, en s’inscrivant dans la durée, de changer de paradigme. Malgré ses handicaps, notamment cette façade maritime unique, ouverte sur des ensembles archi pélagiques qui peuvent se révéler hostiles, la Chine a pu tordre le bras à ce déterminisme physique pour s’engager dans une double projection, navale et continentale.
La politique de puissance de la Chine apparaît aujourd’hui au grand jour, et elle s’inscrit dans une démarche globale. Deng Xiaoping, pendant sa retraite relative, quelques années avant sa disparition, disait : « cachez votre force, attendez votre heure ! ».
Aujourd’hui Xi Jiping se livre à des démonstrations de forces régulières, particulièrement sur le plan naval.
La People Liberation Army Navy a incontestablement réussi sa mutation, comme l’Union soviétique en son temps, en passant d’une marine destinée à protéger ses côtes à une flotte de haute mer capable de se projeter.
Le choix de l’amirauté chinoise est assez différent de celui de la flotte russe. Cette dernière a choisi les armes l’interdiction, avec des systèmes de torpilles tueurs de porte-avions, une capacité nucléaire sous-marine avec Poséidon, des sous-marins d’attaque. La période pendant laquelle la Russie a dû laisser rouiller à quai une partie de sa flotte est aujourd’hui révolue, mais il convient aujourd’hui de rattraper le retard, et dans le domaine de la marine c’est forcément beaucoup plus long, et aussi plus coûteux, que dans le domaine terrestre ou aérien.
La marine chinoise a fait un autre choix, qui est de chercher à faire jeu égal, avec objectif le dépassement, avec la marine des États-Unis. Et le meilleur exemple n’est pas à chercher tout de suite dans les porte-aéronefs, qui sont destinés à la projection de puissance, mais à la fusion des administrations maritimes, celle des garde-côtes et celle de la marine de haute mer. Comme à l’époque de la marine soviétique il est d’ailleurs difficile de distinguer ce qui relève de la marine de guerre des navires d’exploration océanique, des bateaux de pêche, et des garde-côtes avec des unités de petit tonnage.