Du débat qui a été lancé à propos de l’attitude de certains parents d’élèves, et de l’exaspération que celle-ci suscite auprès d’un certain nombre de nos collègues, qui s’est exprimée dans une tribune largement reprise, http://www.rue89.com/2013/05/06/chers-parents-deleves-emmerdez-242098, il convient de tirer quelques enseignements.
À l’évidence, c’est un sujet sensible, sur lequel nous avons pu débattre, et nous débattons, au sein des Clionautes et sur la liste de diffusion H Français http://www.h-net.org/~francais/ dans un climat très largement serein.
C’est un sujet sur lequel des colistiers qui n’étaient jamais intervenus jusqu’à présent, ont voulu s’impliquer. Cela montre à l’évidence que citer cet article de Rue89, sans pour autant le présenter de façon élogieuse, contrairement à ce qui a pu été affirmé de façon un petit peu trop légère, et sans doute avec une intention polémique, n’était pas inutile.
La liste H français est aussi une salle des profs virtuelle, qui permet d’échanger des points de vue différents, de façon suffisamment développée et argumentée pour éviter les travers que l’on peut trouver sur certains forums, et sur des réseaux sociaux où
l’écriture instantanée peut favoriser l’invective ou l’analyse sommaire.
Le débat est riche, intéressant lorsqu’il apporte des arguments, et permet au final d’avancer, d’évoluer.
Sur le sujet lui-même, il convient de se garder de toute position tranchée et brutale. Ce qui le cas de la plupart des intervenants dans cet échange. En la matière, et sur ce sujet, il ne saurait être question d’arriver avec des vérités toutes faites, comme celles que l’on a pu lire par ailleurs, où l’on oppose de « mauvais profs » à des parents
d’élèves détestables.
La question ne se situe pas à ce niveau, mais elle s’inscrit dans la perception que l’on peut avoir du rôle des parents d’élèves dans l’institution scolaire.
Il convient tout de même dans un premier temps de s’interroger sur la représentativité des associations de parents d’élèves, et dans un cas très précis de certaines de leurs prises de position qui concernent directement la pédagogie, je pense notamment à la question des devoirs à l’école.
Au-delà des prises de position des associations en tant que telles, il convient d’analyser également les motivations qui peuvent être très différentes, en fonction de l’histoire des établissements, des comportements de leurs équipes de directions respectives, de la façon dont agissent, ou n’agissent pas d’ailleurs, les services des inspections académiques et des rectorats, lorsque des problèmes de nature très diverse se posent.
Mais sur le fond ce débat est éminemment souhaitable, car il permet dans une certaine mesure de montrer que les préoccupations que nous avons, les uns et les autres, dans nos pratiques quotidiennes, ne sont pas forcément très éloignées et que nous pouvons débattre ensemble sur ces questions.
Il est indispensable qu’un certain nombre de problèmes soient posées, l’objet n’est pas de trouver ici une quelconque prise de position qui serait tranchée, ferme, et définitive.
Ce qui est en jeu néanmoins est bien la question de notre rôle, et on l’a évoqué dans la discussion, la question du maître, au sens propre, celui qui maîtrise.
- Celui qui maîtrise des savoirs tout d’abord, car ce sont les vraies fondations, le véritable socle qui permet d’être en position d’enseignant.
- Celle des moyens mis en œuvre, qui en assurent la transmission.
- Bien entendu, les moyens d’accès à la connaissance sont multiples, souvent dispersés, et au final, ils nécessitent une construction, une « guidance ». C’est là le rôle du maître.
Je terminerai ce message, en disant simplement à tous nos lecteurs, nos colistiers, nos adhérents : continuons à débattre, dans le respect des points de vue, sur tous les sujets qui nous interpellent dans nos pratiques professionnelles et dans les contenus disciplinaires.
Pour le reste, je dirai que le débat continue, qu’il est riche de nos questionnements, plus que de nos certitudes, qu’il traduit des interrogations réelles, parfois des difficultés, et que mon désir le plus cher est qu’il se poursuive de façon sereine, tout en sachant qu’il n’est pas de vérité définitive et absolue, généralisable.
Bien à vous tous, dans le respect des points de vue et de la diversité.
Bruno Modica
Président des Clionautes