Je le vois.

Il est là.

Dans ma classe.

Il mesure environ 10 cm.

Pas moins que Jules César, Christophe Colomb ou encore le Général De Gaulle mais pas plus, naturellement.

Où ça ? Sur les « Repères d’Histoire », la frise chronologique murale que mon éminent collègue, Bernard Malczyk, a créé pour les éditions ACCES

Je l’avais presque oublié. La mémoire est sélective.

Et puis il ressurgit : Nicolas Sarkozy !

Pour énoncer un avis éclairé sur la crise climatique ? Pour proposer une stratégie d’issue à la guerre en Ukraine ? Pour nous annoncer son intention de concourir à la prochaine présidentielle (sic) ? Non, juste pour abîmer encore davantage le moral et l’image des professeurs des écoles qui ne cessent d’encaisser des coups à l’image de leurs collègues des autres degrés et des fonctionnaires en général.

Une sortie gratuite, inutile, déplacée bien évidemment qui a eu lieu ce vendredi 08 novembre 2024 aux « Rencontres de l’avenir » à Saint-Raphaël.

Le lien vers la vidéo est ici.

24 h par semaine donc ?

Oui, ça c’est le temps devant élèves. À cela, il convient d’ajouter un pack de 108 heures de soutien et réunions diverses que notre hiérarchie zélée ne cesse de nous rappeler de bien consigner en cas d’éventuel contrôle. Mais tout le monde explose le quota bien avant le mois de juillet, c’est connu dans le milieu !

Les vacances et les week-ends ?

Souvent très chargés de préparations à tous niveaux qui alourdissent le compteur (mon autre illustre collègue Frédéric Grimaud a déjà fait les comptes depuis un moment) : de la macro échelle de la veille envers les multiples contenus scientifiques, artistiques et culturels qui « pourraient servir » et qui commencent à nous faire cruellement défaut tant l’étau se resserre toujours épouvantablement sur les « fondamentaux » à la micro échelle de l’agencement matériel subtil de la séance de maternelle qui ne durera peut-être que 20 minutes mais qui, pourtant sera d’une importance capitale pour l’avenir.

Six mois de l’année ?

On sait bien que l’industrie du tourisme a terrassé les chronobiologistes depuis longtemps.

Le pire n’est peut-être pas de revoir ses rictus de satisfaction ponctuer ce qui semble être, à ses yeux, un « bon mot » mais de déceler non sans effroi les rires gras de connivence de l’assistance.

À l’heure où nous sommes attaqués sur notre prétendu « absentéisme » mais où les statistiques fleurissent pour montrer que les enseignants prennent finalement moins d’arrêts maladie que les salariés du privé ou les fonctionnaires des autres catégories ; à l’heure où les suppressions de postes augmentent toujours ; à l’heure où le mal-être de la profession génère des dépressions, des démissions et même des suicides ; à l’heure où les vocations sont toujours moins nombreuses ; nous n’avions vraiment pas besoin d’un tel assaut stérile.

Les « Repères d’Histoire » proposent des petites cartes à venir fixer sur une autre version, évaluative, de la frise murale. Il a fallu faire des choix didactiques pour ne pas surcharger l’ensemble et tenir compte de la capacité des élèves à ne retenir que certains repères, considérés comme les plus importants. Je le vois donc mais, heureusement, je ne peux pas le tenir dans ma main puisqu’il ne fait pas partie de la sélection retenue…Enseigner, c’est choisir et choisir, c’est renoncer !