Mots clés : Espace maritime – Afrique – commerce – piraterie – Coopération militaire
L’objectif de cette conférence est de mettre en avant la vision maritime de l’Afrique. De fait, la dimension maritime de l’Afrique n’a pas toujours été évidente et comme dirait un proverbe africain « Une mer calme ne forme pas de marins d’expérience ». Dans un premier temps il est important de faire un tour d’horizon de la géographie maritime africaine avant de voir les risques et menaces puis les dynamiques internationales et enfin finir sur le cas du Golfe de Guinée.
Tour d’horizon de la géographie maritime de l’Afrique
Le continent africain peut paraître comme un continent insulaire. Seule la région du Sinaï rattache l’Afrique à l’Eurasie. D’autre part ⅔ des Etats africains sont des Etats côtiers qui ont donc un accès à la mer ou à l’océan contre ⅓ de pays enclavés. Certains Etats sont également des archipels (Cap-Vert, Comores…). On peut diviser l’Afrique en trois grands bassins océaniques :
– Le bassin méditerranéen → On est ici dans un espace carrefour entre orient et occident (Est-Ouest) mais aussi Europe et Afrique (Nord-Sud). C’est un espace aux nombreux atouts mais aussi aux nombreux risques et menaces liés aux flux divers ainsi qu’aux trafics.
– Le bassin atlantique → C’est un espace de ressources. D’importantes ressources halieutiques d’abord mais aussi d’hydrocarbures (pétrole et gaz). Le Golfe de Guinée posséderait jusqu’à 5% des réserves mondiales de pétrole.
– Le bassin indien → C’est un espace d’échange et de transit des flux dans le cadre de la mondialisation. Les deux grands axes où transitent principalement des matières premières et des biens de consommation sont le Canal du Mozambique qui permet la relation entre Asie et Amérique du Sud et le couloir maritime de la Mer Rouge où pétroliers et portes conteneurs relient l’Asie à l’Europe par le canal de Suez.
L’Afrique n’étant connectée aux autres continents que par la péninsule du Sinaï, les échanges internationaux de l’Afrique se font par voie maritime à plus de 90%. L’Afrique est au cœur de ces échanges notamment avec la grande autoroute maritime de l’est qui met en relation l’océan Indien et la Méditerranée et qui passe par les grands ports de Djibouti, Port Saïd et Tanger. Le continent africain est aussi le pivot des BRICS par le Sud. En effet, l’émergence de ces pays profite notamment à l’Afrique Australe et en particulier à l’Afrique du Sud surtout que les échanges entre Brésil et Inde/Chine s’intensifient.
Bilan : L’Afrique est un continent aux nombreux atouts, aux nombreuses ressources naturelles malgré le coup de l’exploitation. On a des économies à fort potentiel. Enfin l’Afrique est un territoire qui possède un positionnement idéal pour les échanges avec des ports stratégiques. Sa position centrale fait qu’aucun grand pôle mondial n’est à plus de 10 jours de route maritime de l’Afrique (Europe/Afrique, Amériques/Afrique, Asie/Afrique) alors que par exemple un trajet entre Rotterdam et Hong Kong nécessite environ 1 mois et demi en temps de parcours maritime.
Risques et menaces dans les espaces maritimes africains
La convoitise des ressources naturelles mais aussi le retard en termes de développement économique du continent africain est à l’origine de nombreuses menaces :
– Le terrorisme d’abord. La menace de l’EI ou d’AQMI est réelle sur les cotes. L’enjeu aujourd’hui pour l’Afrique étant de sécuriser les grands ports africains.
– Le phénomène de piraterie bien sur notamment dans la région de la Corne de l’Afrique et celle du Golfe de Guinée. La géographie de la piraterie évolue. En effet grâce à l’intervention de la communauté internationale (OTAN, UE, Russie, Brésil) et aux forces africaines, la piraterie est en fort recul dans le Golfe d’Aden mais a tendance à se déplacer encore plus loin notamment dans la région des Seychelles. Par contre la piraterie est en forte augmentation dans le Golfe de Guinée, région bien plus vaste.
– Le pillage des ressources. En effet, la pêche illégale faite au détriment des populations locales est un réel problème. En Atlantique les africains se font piller leurs ressources par les gros navires de pêche provenant d’Asie du Sud-est (Chine notamment). Le pétrole est une ressource également objet de convoitise et de pillage (marché noir).
– Enfin il ne faut pas omettre le risque de pollution maritime liée surtout au bunkering (ou soutage, c’est l’opération consistant en la prise d’hydrocarbures de soute à bord d’un navire). L’impact sur l’environnement est réel et pose la question de santé publique. Malheureusement l’Afrique manque encore de moyens pour lutter contre ce phénomène.
Des dynamiques internationales
Le but de cette partie est de montrer les programmes de coopération entre les forces africaines (et notamment l’Union Africaine) et internationales. L’objectif est de mettre en place des stratégies africaines intégrées pour les mers et océans.
Il existe en effet de nombreuses Coopérations maritimes aux multiples échelles et acteurs :
– Renforcement de la souveraineté des Etats Africains
– Coopération régionale
– Approche européenne (Opération Atalante afin de lutter contre la piraterie dans le golfe d’Aden)
– Programmes nationaux extérieurs (France – Etats-Unis)
Les objectifs sont différents pour chaque espace :
– En Méditerranée → Les structures militaires et de sécurité sont inégales avec notamment le problème de la Libye (Etat de chaos). De plus la méditerranée qui concentre 40% des flux commerciaux mondiaux est aussi le territoire aux nombreux flux et trafics (Nord/Sud). La lutte est perpétuelle contre les stupéfiants en mer mais aussi les flux migratoires. Il y a beaucoup à faire pour casser les organisations criminelles. L’aspect écologique est également à prendre en compte avec l’enjeu de sensibilisation sur le problème de la pêche intensive au thon rouge.
– En Afrique orientale → On retrouve une absence d’homogénéité avec une structure en devenir. Il y a toujours le problème de la Somalie. Cette région reste un point névralgique pour les routes commerciales. Il faut noter la coopération entre Djibouti et l’UE notamment le programme Atalante qui a pour but de sécuriser le Golfe d’Aden jusqu’en Oman contre la piraterie. La sécurité passe par un déploiement important militaire et une nécessité de profondeur stratégique.
– Afrique de l’ouest → structures nationales et régionales plus stables. Exemple du golfe de Guinée
Exemple de cas : le Golfe de Guinée
Dans cette dernière partie on nous présente les nombreux programmes de coopération notamment militaire pour assurer la sécurité maritime dans cette région. On rappelle les enjeux : un espace riche en ressources naturelles, qui est un débouché naturel sur le Sahel à travers les ports du Golfe et donc une région potentiellement menacé par les nouvelles organisations terroristes comme Boko Haram ou AQMI.
3 grandes organisations régionales existent pour assurer cette sécurité dans le Golfe de Guinée :
– CEDEAO Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest (organisation intergouvernementale créée en 1975 qui a pour but de coordonner les actions des pays d’Afrique de l’ouest)
– CEEAC Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
– CGG Commission du Golfe de Guinée
Leur objectif est de lutter contre la piraterie car trop préjudiciable à l’économie locale (hausse des assurances maritimes) mais aussi pour les intérêts des grandes puissances occidentales présentes dans la région (pétrole notamment).
Juin 2013 nouvelle résolution avec le processus de Yaoundé qui réuni CEEAC, CEDEAO, CGG, ONU ainsi qu’un nombre de personnalités de l’UE dont les objectifs sont :
– La mise en place d’une structure interrégionale pour la sécurité dans le Golfe de Guinée
– Partager et mutualiser les informations et les moyens afin d’endiguer la piraterie.
– Entente au niveau politique
La sécurité dans la région est également assurée par l’appui de la France à travers notamment :
– L’Opération Corymbe (sécuriser les intérêts français dans la région)
– Le Programme européen CRIMGO (centré sur la formation des africains)