La période contemporaine ne fait pas disparaître ces impératifs de financement et les tensions contradictoires et potentiellement créatrices qu’ils génèrent. Béatrice Touchelay, professeur à l’Université de Lille III, montre comment la 1ère guerre mondiale permet une accélération des réformes fiscales, avec la création de l’impôt progressif sur le revenu et la mise en oeuvre, en juillet 1916, d’une contribution exceptionnelle sur les bénéfices de guerre. En plein conflit armé apparaissent ainsi des mécanismes qui constituent les bases de notre système d’imposition actuel et continuent de régir les relations entre les contribuables et l’administration fiscale.
Laure Quennouëlle-Corre, chargée de recherche au CNRS, insiste sur les effets perturbateurs des confits sur les finances publiques et privées, en comparant les deux guerres mondiales. De 1914 à 1918, puis de 1939 à 1945, les opérations sont essentiellement financées par de l’emprunt à court terme, de même que les faramineux frais d’occupation exigés par les nazis de 1940 à 1944. Il en résulte, dans l’un et l’autre cas, des après-guerres douloureux pour les épargnants : c’est par l’inflation et les dévaluations que passera la diminution du poids de la dette dans l’économie.
Enfin, Hughes Tertrais, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris I-Panthéon- Sorbonne, explique comment la guerre d’Indochine, conflit colonial d’abord peu onéreux, a progressivement contraint la France à se tourner vers l’aide américaine. L’analyse de son coût met à nu les ressorts de la politique étrangère de la France dans cette période de Guerre froide, entre héritage impérial, alliance américaine et construction européenne.