Quels regards peut-on porter 50 ans après les indépendances sur les frontières nées de la décolonisation ?
Quelles difficultés découlent du principe de l’intangibilité des frontières retenu à la conférence de l’OUA en 1964 ?
Rappel du contexte : à partir du découpage colonial sans respects des réalités ethniques, linguistiques des peuples africains Ladji OUATTARA rappelle que 177 peuples ont été séparés entre plusieurs états et qu’au moment des indépendances on compte pas moins de 32 différents frontaliers.
Quand les nouveaux dirigeants africains réunis au sein du groupe de Casablanca voulaient une redéfinition des frontières, ceux du groupe de Monrovia étaient favorables au maintien des frontières coloniales, cherchant à créer des unités nationales pour stabiliser les états nés de la colonisation. Ces derniers l’on emporté en 1964 lors de la conférence de l’OUA qui retient le principe de l’intangibilité des frontières entre états mais aussi récuse les mouvements sécessionnistes.
Depuis 50 ans de nombreux conflits ont éclaté entre états ou au sein des états dont le conférencier dresse un tableau assez complet par grandes zones : autour de la question sahraouie, la revendication des Touaregs présentent dans 5 états, les nombreux différents de la zone sahélienne, les questions de la corne de l’Afrique et plus au sud en Afrique orientale. Il évoque les médiations de l’OUA et le recours à la cour internationale de justice pour obtenir un règlement des certains différents.
Une seconde partie permet de voir les divers conflits sécessionnistes en particulier au Congo (RDC), dans la corne de l’Afrique avec l’indépendance de l’Érythrée en 1993 acceptée par la communauté internationale, au Soudan avec la récente partition de pays.
Ladji OUATTARA aborde ensuite les perspectives de solution. Les défis sont de deux ordres : l’absence d’une définition précise de la frontière sur de nombreux territoires et la contradiction entre l’intangibilité des frontières et le droit des peuples à l’autodétermination.
Les perspectives doivent tenir compte des réalités dynamiques des peuples, régler les divergences entre gestion de la frontière et exigences culturelles, socio-économiques des peuples qu ‘elles séparent.
Comment renforcer l’intégration des peuples dans des unités étatiques aux pouvoirs instables ?
Trois axes de réflexion pour l’OUA : flexibilité des frontières, intégration des minorités, décentralisation et péréquation des ressources
Conclusion : Les frontières sont aujourd’hui un enjeu majeur en Afrique notamment du fait de la découverte récente de gisements de pétrole transfrontaliers terrestres (Soudan) ou off-shore (Golfe de Guinée).
Les questions avec la salle ont porté sur : l’instrumentalisation des clivages par les hommes politiques dans la conquête du pouvoir, les frontières ont-elles créé des peuples?Le rôle de l’Occident aujourd’hui sur ces questions ? Le rôle des frontières (Gambie-Guinée-Bissau) dans la question casamançaise.