En ce moment 2 expositions se déroulent à Paris avec pour sujet :« Le peuple de Paris au XIXè siècle, des guinguettes aux barricades» au musée Carnavalet (jusqu’au 26 février 2012) et «Elle coud, elle court, la Grisette…» à la maison de Balzac (jusqu’au 15 janvier 2012)

Ces 2 expositions se complètent et la documentation en ligne est remarquable, c’est pourquoi cette présentation ne sera pas très détaillée.

Il faut prévoir du temps pour les visiter : celle du musée Carnavalet est très complète et plutôt expo-fleuve : prévoir au moins 2h de visite, celle de la maison de Balzac, est plus courte mais assez fournie et si vous avez l’opportunité de suivre l’une des visites guidées proposées, allez-y car la guide qui vient du musée Carnavalet est passionnante.

L’exposition « Le peuple de Paris au XIXè siècle, des guinguettes aux barricades» montre le peuple de Paris dans une capitale en pleine mutation, touchée par l’explosion démographique, la révolution industrielle et les transformations urbaines. Les limites chronologiques vont de la révolution française au début du XXè siècle.

Au fil d’un parcours thématique, on découvre les conditions de vie et de travail des classes populaires : Comment se logeaient-elles ? Que mangeaient-elles ? Quels étaient leurs codes vestimentaires ? Leurs distractions ?

Le parcours commence par planter le décor et installer les acteurs avec :

Des hommes et des lieuxOn découvre deux maquettes , l’un représente la « zone » en 1937 près de la porte de Clignancourt, l’autre la rue Beaubourg et ses alentours en 1913-1914. Elles permettent de mieux se représenter ce que pouvait être paris à la fin du XIXè siècle.
Un ensemble de documents (photos, textes, cartes) permettent ainsi de dresser un état des lieux et de donner un certain nombre de repères statistiques sur la population et en particulier, les migrants venus des provinces surtout : en 1833, sur 100 migrants 80 venaient des provinces et 20 de l’étranger.

La seconde section intitulée Au travail permet de décrire les métiers de la rue avec le portage qui représente 80 000 personnes en 1880 : les porteurs d’eau mais aussi les « forts des halles », les vitriers (on peut d’ailleurs voir un portoir de vitrier); les métiers du bâtiment avec les travaux saisonniers et la pratique du « marchandage » proche de la sous-traitance d’aujourd’hui. Les métiers de l’industrie du luxe sont présentés : l’ébénisterie, la bijouterie, le travail du bronze …

Plusieurs maquettes d’atelier raviront les enfants (mais aussi les adultes par leur minutie), un atelier de « tabletier garnisseur » qui travaille le bois précieux et la nacre, celui d’un menuisier et enfin celui d’un serrurier (couronné par une serrure puisqu’il s’agit d’un chef d’oeuvre de serrurier)

Tous les métiers liés à la mode sont représentés (à mettre en relation avec l’exposition « Elle coud, elle court, la grisette. La moitié de la main d’oeuvre féminine faisait des travaux de couture et « l’article de Paris » est constitué de tous les métiers comme celui de plumassier, fabricant de fleurs artificielles …

L’entretien du linge prend de plus en plus d’importance au cours du siècle : à la fin du second Empire on trouve 70 000 blanchisseuses à qui il faut ajouter les repasseuses etc.

Les domestiques et les nourrices sont de plus en plus importants comme signe d’enrichissement de la petite bourgeoisie qui par exemple préfère avoir une nourrice sous son toit plutôt que d’envoyer son enfant à la campagne. On peut lire le prospectus d’un bureau de « nourrice sur lieu ».

Vivre à Paris est le thème suivant de ce parcours où l’on découvre les photos d’Eugène Atget avec par exemple les garnis pour illustrer le thème du logement, sans oublier les problèmes d’assainissements en attendant les grands travaux d’Haussmann.
Ce sujet, très concret évoque l’alimentation (les pommes de terre frites apparaissent à Paris au milieu du XIXè siècle), l’hygiène, la santé mais aussi l’habillement masculin et féminin avec des pièces de vêtements en vitrine.

La culture corporelle, les petits « plaisirs » comme le tabac évoqué à travers des objets ayant appartenu à des condamnés à mort et conservés par leur gardien, les loisirs nommés à cette époque « récréations » (la chanson, la danse, le théâtre, les guinguettes, le « spectacle de la rue »), tous ces thèmes sont assez longuement présentés mais je n’ai pas pu tout prendre en note tellement l’abondance m’a submergée !!!

Un espace est consacré ensuite à Daumier, avec comme sous-titre « l’empathie bienveillante » et ce sont les chiffonniers qui occupent cet espace (voir les deux dossiers dans l’espace enseignant cf plus bas)

Deux autres thèmes achèvent cette très longue exposition :

Le pauvre avec un 1er sous thème : «De la pauvreté à l’indigence»
Sans être dans la misère, beaucoup de Parisiens souffrent d’une précarité qui peut les faire basculer au premier coup dur : la maladie, le chômage, les accidents du travail, contre lesquels il n’existe pas d’assurance, sont redoutés.

Avec «Assistance et hôpital» on voit le rôle des sociétés de bienfaisance, notamment la Société de Saint-Vincent de Paul et l’État qui s’impose peu à peu à la fois comme instance d’évaluation de contrôle et d’assistance.

On termine avec Peur sur la ville
«Encadrement et contrôle» : Pour les élites et l’État, le peuple est perçu comme une classe dangereuse, qui peut à tout moment basculer dans la délinquance, la criminalité et la violence politique, et qu’il convient d’encadrer.

«La peur sociale» La peur du crime augmente au cours du XIXe siècle. et ici sont évoqués les faits divers dans la presse mais aussi les bandes de jeunes «apaches»,les voyous qui semaient la terreur dans le paris de la Belle époque. la figure du « gamin » symbolisé par Gavroche amène enfin l’évocation des insurrections. Véritable mode d’expression du peuple, les barricades sont présentes en 1830, 1848 et 1871.

La seconde exposition est visible dans la maison de Balzac Elle coud, elle court, la Grisette… permet de faire vivre ces femmes très « tendance » durant la 1ère moitié du XIXè siècle et particulièrement sous la Monarchie de Juillet

La « grisette », cette jeune couturière à la fois « sage » et coquette, envahit au XIXe siècle la littérature, les beaux-arts ou la chanson. Elle doit son nom à un tissu gris, la « grisette », mais elle a de nombreuses facettes qui nous sont montrées grâce à des documents très variés mis en scène dans la maison de Balzac.
Elle est âgée de 16 à 30 ans
Elle travaille en atelier, à domicile, dans les boutiques. on la voit dans les rues livrer par exemple des chapeaux, elle trotte vite , on la surnomme alors le « trottin ». Rigolette est l’une des héroïnes des «Mystères de Paris» d’Eugène Sue. On la voit ici dans un tableau de Joseph désiré Court.

Selon ses fréquentations on va l’appeler «l’étudiante» (si elle sort avec un étudiant en droit), «la carabine» si son choix s’est porté sur un étudiant en médecine et enfin «la bohémienne» si elle a préféré un rapin, c’est-à dire un artiste. Elle peut devenir «la lorette» si elle se fait entretenir par un personnage plus riche.

Des objets issus du musée Galliera nous montrent ce qu’elle aimerait porter : un châle (on écrivait schall) en cachemire, une étole en laine, des bonnets roses, des chaussures de satin noir et de taffetas.

Elle s’instruit, elle sort en promenade le dimanche sur les grands boulevards et aussi au delà des barrières d’octroi dans les guinguettes, ou des cabarets et à Montmorency pour des «ballades à l’âne».
Le théâtre est une de ses «récréations» ainsi que la danse et la lanterne magique.

Des figures comme «Mimi Pinson» de Musset ou «la passante» de Baudelaire terminent ce portrait dans le cadre des passages d et des galeries couvertes.

La grisette serait« le condiment de Paris» à cette époque.

Les ressources en ligne :

un livret jeu pour les enfants au musée Carnavalet à télécharger

et dans l’espace enseignant une série de dossiers pédagogiques très bien faits, à utiliser soit en complément de la visite si on a la chance d’y aller, soit indépendamment en particulier en histoire des Arts
en voici la liste avec le lien pour y accéder

– Le livret d’accompagnement pédagogique : il est très complet (57 pages!) avec la présentation détaillée des différentes parties de l’exposition, les liens vers les programmes scolaires du primaire au lycée, une chronologie, les cartes du Paris populaire que l’on voit dans l’exposition, une bibliographie et des liens internet, des romans sur le peuple parisien, une filmographie, un Petit répertoire de chansons populaires évoquant le Paris du XIXe siècle avec des liens pour les écouter en ligne (on peut d’ailleurs écouter certaines de ces chansons dans l’expo à la maison de Balzac) et des extraits littéraires

Les dossiers sont à chaque fois constitués de photos de documents exposés, de pistes pédagogiques à leur propos, d’une mise au point historique sur le sujet traité, d’extraits littéraires avec des pistes pédagogiques enfin une petite bibliographie complète l’ensemble de 7 pages environ.

– Dossier Cousettes et lingères

– Dossier Bonnes et nourrices

– Dossier Chiffonniers

– Dossier Migrants

– Dossier Figures juvéniles

– Dossier Sortir à Paris

– Dossier La culture des ateliers

– Dossier Honoré Daumier