Le Tour de France écrit souvent son épilogue dans les Alpes, où les étapes franchissent régulièrement les frontières avec la Suisse et l’Italie. Des exemples récents permettent de comprendre ce que ces étapes alpines disent des mobilités en montagne et du franchissement des frontières.
Antonin van der Straeten est doctorant en géographie au laboratoire EDYTEM de l’Université Savoie Mont Blanc (UMR 5204). Spécialiste de sport et passionné par l’Europe centrale, il réalise une thèse sur le Tour de France : les questions de politiques publiques d’accueil, d’adaptation de l’aménagement des sites et les perceptions du grand public sont les principales thématiques de son travail de recherche.
Bonne nouvelle ! La salle de la Boussole est complète pour parler cyclisme et Alpes. Manifestement, amateurs de la petite reine et curieux se sont joints nombreux à la communauté des géographes.
L’occasion de rappeler que la géographie et les géographes ne sont pas hors-sol en s’intéressant à un événement aussi populaire que le Tour. Nombreuses sont les personnes qui y auront acquis – hors les murs de l’école et pendant les vacances d’été – une réelle connaissance géographique de leur pays !
Une carte adaptée aux besoins d’une épreuve sportive
Un Tour de France 2024 pas comme les autres ?
En fait, une grande continuité
Un Tour de France international dans son tracé
Cette volonté de donner un aspect international n’est pas une exception, loin de là. Nos voisins, de la Grande-Bretagne à l’Espagne, l’ont accueilli. L’édition 2022 part même de Copenhague, pour être remportée par le coureur danois Jonas Vingegaard. Et parmi les pays qui ont le plus accueilli le Tour, c’est la Suisse, notre voisin alpin, qui emporte la palme. Car des étapes se déroulent régulièrement de part et d’autres des frontières inter-alpines depuis les années 90.
Les Alpes, région chérie du Tour
Le FIG propose chaque année un « combo » thème / pays (ou espace) invité. L’occasion pour quelques conférences de marier les deux. C’est le cas de cette conférence, issue des travaux d’Antonin Van des Straeten sur le Tour de France cycliste.
Depuis 2008, l’organisation du Tour y valorise davantage de variété, le plus souvent en altitude, via des cols inédits ou très peu empruntés, tel le col de la Lombarde (carte ci-dessus).
Un tour-bis, imposé par la logistique de l’épreuve
Conclusion
En fait, les Alpins savent depuis toujours que leur massif est franchissable, et ils continuent d’y aménager une intense circulation, au contraire de ceux qui de l’extérieur le voient d’abord comme une formidable barrière naturelle. On rappellera que la géographie alpine a toujours fait le lien entre la richesse des régions alpines et la qualité de leurs infrastructures. Pas étonnant que le Tour s’y plaise tant : dans ces montagnes se jouent le spectacle grandiose de la nature et la performance sportive extrême de l’Homme.
Pour terminer, notre doctorant, peu avare d’anecdotes humoristiques dans ses interventions orales, n’hésite pas à endosser le costume du « gros », tâcheron du cyclisme se contentant de pédaler dans les vallées et regardant d’en bas les « légers », seigneurs des cols et héros du peuple de la petite reine… Mais au su des protestations dans la salle, je suppose qu’il n’en est rien et qu’Antonin manie aussi bien le vélo que la carto…