Clamecy : situation géographique
Située à la confluence de l’Yonne et du Beuvron, traversée par le canal du Nivernais, Clamecy est située en partie sur des terres autrefois marécageuses et inhospitalières. Mais un éperon rocheux a rendu l’endroit stratégique.
Le peuplement de la vallée de l’Yonne est plus ancien que celui de Clamecy proprement dit : traces d’occupation préhistorique dans les grottes, mégalithe de Chevroches, où a été découvert récemment un disque astrologique datant de l’Antiquité. On trouve sur la colline de Sembert les traces d’un camp militaire (oppidum) vers 600 avant J.C. On sait aussi que la région était occupée durant la période gallo-romaine. Du Clamecy médiéval subsistent des rues sinueuses, des escaliers, des caves, des maisons à pans de bois. Aux alentours du Xème siècle, les comtes de Nevers ont construit un château sur l’éperon et une église romane. La collégiale a été construite de la fin du XIIème au XVIème (la tour entre 1497 et 1515, le portail de 1515 à 1520). La rosace est dûe à Viollet le Duc au XIXe siècle. Le château comtal est ensuite devenu mairie. Le château ayant été démoli, le bâtiment de la mairie actuelle date de 1861 et la halle de 1864.
Face à l’insalubrité (fièvre typhoïde) autour du canal et à la difficulté de faire passer en ville les chevaux de halage, le canal a été comblé entre 1898 et 1902. Le canal du Nivernais est long de 180 km entre St Léger des Vignes sur la Loire et Auxerre sur l’Yonne. Construit de 1784 à 1843, il a été élaboré pour faciliter le flottage du bois, mais il a été utilisé pour
le transport de la pierre de Chevroches dont il a permis de développer les carrières. La pierre de Chevroches est un matériau de très bonne qualité, qu’on peut retrouver, jugez du peu, au Louvre ou sur les trottoirs londoniens.
La protection du patrimoine
Pour protéger le patrimoine il y a plusieurs procédures que Clamecy résume bien à elle seule, avec ses 11 monuments protégés, ses 3 sites inscrits et son secteur sauvegardé.
1) Les monuments historiques :
Pour l’histoire de la notion de classement et de l’inscription aux monuments historiques
http://fr.wikipedia.org/wiki/Monument_historique
Pour la procédure d’inscription et de classement
http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/fiches/fiche1.htm
CLAMECY et sa collégiale ont été inscrits sur la première liste, en 1840. Cela impose des contraintes, notamment un « champ de co-visibilité » de 500 mètres autour de la collégiale, dans lequel il faut respecter certaines contraintes (forme, matériaux…) et consulter l’architecte des bâtiments de France (SDAP : Service Départemental de l’Architetcure et du Patrimoine) pour toute construction nouvelle et toute modification architecturale.
2) Un secteur sauvegardé
voir http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/fiches/fiche14.htm
Cette procédure permet de protéger intégralement un quartier. Clamecy est l’un des plus petits secteurs sauvegardés de France avec ses 11 ha. L’étude a duré 14 ans, de 1985 à 1999. Depuis cette date, tous les monuments sont répertoriés de la cave au grenier. Ce quartier relève de procédures particulieres en matière d’urbanisme : « Plan de sauvegarde et de mise en valeur », qui passe en Conseil d’Etat avant l’arrêté interministériel. Il n’est pas réglé par le Plan local d’urbanisme. C’est ce qu’on pourrait appeler « un trou dans le PLU ». Pour modifier quoi que ce soit la procédure très longue. Pour aider les propriétaires à répondre aux exigences comme l’obligation de matériaux, des aides sont accordées : un fonds communal d’aide à rénovation des façades et toitures, une aide de la communauté de communes pour les façades. Les aides de l’Etat ont quasiment disparu pour les particuliers.
Le flottage du bois
Le flottage est le transport de tronc par radeau, il existe partout dans le monde parce qu’il est assez instinctif : le bois, ça flotte ! Face aux besoins de Paris en bois de chauffage et de four, le bois des forêts du Morvan est ainsi transporté jusqu’à la capitale à partir du XVIe siècle. On flottait sur un bassin versant de 30 à 50 km autour de Clamecy, sur les petits affluents de l’Yonne. Le flottage est une activité extrêmement réglementée : les bûches font 1m14 de long, leur empilage est soumis à des règles précises et suit un calendrier que seules les sécheresses peuvent faire varier.
Le bois est coupé en novembre, entreposé pendant un an. Lors de la foire au bois de Château-Chinon le 1er novembre, le bois de l’année précédente est acheté par les « marchands forains ». Il est ensuite transporté de la coupe au bord de la rivière, et après le martelage qui appliquait à chaque extrémité la marque du propriétaire, il est jeté dans les ruisseaux. Des entrepreneurs de flottage transportaient les bûches jusqu’à Clamecy, régulant le débit des rivières en créant des crues artificielles grâce aux étangs de la région. Cette technique entraîne une détérioration des berges, qui doivent sans cesse être réparées. A Clamecy, 500 flotteurs faisaient vivre 3000 personnes sur les 6000 habitants au XIXe siècle. Sans compter une population mouvante de flotteurs occasionnels utilisaient cette activité en complément du travail agricole… Les besoins en manutention et main d’oeuvre étaient considérables.
A la confluence des trois rivières, Clamecy est un centre technique, administratif, une plaque tournante du transport du bois. Retirées du ruisseau dans les 36 ports répartis sur une zone de dix km, les bûches sont empilées pour sécher. Les flotteurs, qui habitaient le quartier de Béthléem à Clamecy, sur la rive droite de l’Yonne, constituaient une sorte de confrérie non-officielle, un métier héréditaire dirigé par le « roi-sec », vainqueur des joutes annuelles. Payés à la tâche par les propriétaires du bois, les femmes et les enfants retirent le bois avec leur piquot, le trient par marque. En 1804, année de référence, 700 000 stères de bois ont été tirées à Clamecy. C’est là que les marchands forains vendent le bois dans un marché de gré à gré aux marchands de Paris. Les bûches sont alors constituées en « trains de bois », sorte de radeaux de bûches de 75 m de long, 4,15 m de large et 0,3 à 0,5 m d’épaisseur, articulé pour mieux circuler et passer les perthuis, le tout ligaturé avec 3000 à 4000 liens de noisetiers, ou « rouettes ». Il fallait 6 personnes pour construire le train de bois. La rivière étant assez étroite, on assemble d’abord des coupons, soit 1/9ème de parts mis a l’eau. En trois jours, on construit 9 coupons, soit 1/2 train, qui peut s’avancer vers Paris conduit par un homme à l’avant, avec une perche, et un enfant à l’arrière. Au milieu du train de bois, une hutte peut servir d’abri. A Chatel-Censoir, lorsque la rivière est plus large, on assemble 2 parts. A Joigny, après le passage des perthuis, l’enfant revient à Clamecy à pied. Les trains sont alors couplés et descendent jusqu’à Charenton où les flotteurs de Clamecy s’arrêtent. Le bois est repris par des » plumets » de Paris. Le périlleux voyage aura duré 11 jours, et le retour des flotteurs à pied jusque Clamecy prend 4 jours.
Les flotteurs étaient en au fait des idées les plus avancées sur le plan social et politique, grâce au contact établi avec les ouvriers parisiens lors de la descente à Charenton.
Parfois les flotteurs se mettent en grève, par exemple pour faire remplacer l’enfant par un adulte qui sera mieux payé. Les flotteurs ont également fait partie de la résistance au coup d’état de 1851, particulièrement vive et donne lieu àl’exécution de deux flotteurs, ce qui explique le drapeau tricolore qui flotte encore au sommet de la collégiale.
L’essor du charbon a causé le déclin du flottage. Cependant le bois a permis l’essor d’une nouvelle industrie : la société des produits chimiques de Clamecy, devenue Rhodia. On y pratiquait la carbonisation du bois mais aussi la chimie dérivée du bois : alcools dérivés, chimie minérale fine (peinture, insecticides). L’usine chimique, née au XIXème siècle, a employé mille personnes sur cinq mille habitants au milieu du XXème siècle.
Le risque inondation
La situation de Clamecy la rend vulnérable aux crues : la crue de 1836 a particulièrement marqué les esprits. D’après le compte-rendu du conseil municipal du 1er mai 1836, l’eau est montée de plusieurs mètres et les bûches empilées ont détruit les murs et le pont de Bethléem.
Il y a encore à Clamecy des biefs, des barrages à aiguilles de bois… qui montrent la nécessité de maîtriser l’eau. Le risque d’inondation survient lorsque le Beuvron et l’Yonne débordent en même temps. Les crues de l’Yonne sont aujourd’hui plus rares, du fait de la réalisation du barrage de Pannecière, qui fait partie du système de régulation du bassin de la Seine.
Aujourd’hui l’eau est toujours un élément essentiel de la culture clamecycoise, surtout pour les loisirs : canoë kayak, aviron, pèche, Joutes sur l’eau, festival des perthuis, « descente bidon » (embarcations humoristiques), tourisme fluvial…
Présentation du PPRI.
Clamecy et sa région bénéficie d’un Plan de prévention du risque inondation, qui prend en compte la possibilité de rupture du barrage de Pannecière, à 60 km environ, dans le Morvan. En cas de rupture, l’eau serait sur Clamecy en 3h30 et la préfecture a ordonné deux lieux de rassemblement pour mettre hors de danger les populations. Cependant ce plan d’évacuation a été critiqué : l’un des lieux de rassemblement est situé en zone inondable… Il n’a donc pas été approuvé et jamais distribué par la municipalité aux habitants. Le nouveau PPRI est attendu en mairie pour finaliser le PLU.
– La brochure d’information de la préfecture de la Nièvre
http://www.nievre.pref.gouv.fr/B8_DDRM58_P12a15.pdf
– Pour avoir une idée du régime de l’Yonne et du Beuvron, voir la synthèse hydrologique de deux stations en amont :
Le Beuvron à Ouagne
L’Yonne à Dornecy
Nouveau dispositif de suivi en temps réel des débits des cours d’eau:
http://www.vigicrues.ecologie.gouv.fr/niv_spc.php?idspc=7