De retour de notre audition au conseil supérieur des programmes, nous faisons connaître la teneur des échanges que nous avons eu avec nos quatre interlocuteurs, parmi lesquels le président du CSP, le Recteur Alain Boissinot.
- Nous avons dans un premier temps présenté les Clionautes en utilisant les moyens numériques, moyens numériques que nous avions nous-mêmes apportés. La présentation assistée par ordinateur nous a permis d’illustrer notre propos.
Le président du conseil supérieur des programmes a d’ailleurs souligné que nous étions en cohérence avec les arguments que nous mettions en avant.
Nous avons été l’objet d’une attention soutenue, et bien souvent nos interlocuteurs ont acquiescé à certaines de nos remarques. Le document de synthèse avait été envoyé au préalable, le Président du conseil supérieur des programmes l’avait sous les yeux pendant l’audition.
Nous sommes intervenus à trois voix, et nous avons réparti les thèmes de nos interventions, en fonction des niveaux mais aussi en fonction des différents points d’intérêt comme les démarches pour appréhender les progressions, l’organisation de l’année scolaire, et bien entendu les usages numériques sur lesquels nous avons très fortement insisté.
C’est d’ailleurs un des éléments de différenciation qui est très nettement apparu, cela a d’ailleurs été souligné par nos interlocuteurs, par rapport à d’autres associations ou groupements disciplinaires qui avaient été entendus par ailleurs.
Nous avons très clairement fait comprendre au début comme à la fin de notre audition que nous étions une association d’enseignants en activité, présente sur tous les terrains, aussi bien dans le primaire que dans le second degré, et que contrairement à d’autres nous étions à la fois un groupe de réflexion mais que nous étions également engagés dans l’action.
Tous les arguments que nous avons développés dans la synthèse de 20 pages que nous avons présentée s’appuient sur des situations concrètes.
Nous avons bien fait comprendre à la fois par la vigueur de nos affirmations, mais aussi la précision de nos arguments, que les Clionautes pouvaient prétendre au statut d’interlocuteurs privilégiés.
Nous avons bien entendu défendu la place de l’histoire et de la géographie, comme disciplines scientifiques et de formation, et nous avons bien fait entendre les réserves que nous avions à l’encontre d’une sorte d’intégration de nos disciplines dans un ensemble de type curriculaire.
Mais dans le même temps, nous n’avons pas dressé autour de nous une sorte de ligne Maginot, dont l’histoire a pu montrer l’inefficacité. Et si nous avons argumenté sur la nécessité de maintenir un volume horaire suffisant, c’était à partir d’une réflexion sur la dimension formatrice de nos disciplines en référence à un socle essentiel de connaissances, de culture, et aussi de compétences, c’est-à-dire de savoirs-faire.
- Pour dire les choses clairement, la délégation des Clionautes a pu faire entendre la différence, et cela a été clairement mentionné, avec une association historique dont les éditoriaux guerriers se limitent à une posture défensive. Pour reprendre une analogie en cette période de commémoration du centenaire de la grande guerre, la sortie des tranchées et ses résultats ont conduit à promouvoir une ligne Maginot disciplinaire dont l’inefficacité est aujourd’hui démontrée.
Nous n’avons évidemment pas pu pendant 1h30 d’audition développer tous les points du texte de synthèse.
- Catherine Didier Fèvre est longuement intervenue sur l’enseignement primaire, elle a rappelé toutes les réserves que la profession avait sur les programmes de 2008, et argumenté sur l’importance de les reformuler en s’appuyant sur l’expérience des programmes de 2002. Catherine a également largement insisté sur la formation des professeurs des écoles dans le domaine disciplinaire.
- Jean-Baptiste Veber est intervenu sur le collège, à la fois sur le constat de situation, mais aussi et surtout sur les propositions d’organisation. Nous maintenons l’importance de programmes nationaux, mais nous insistons sur les questions de liberté pédagogique dans l’organisation des progressions. Nous avons été entendus avec beaucoup d’intérêt lorsque nous avons évoqué le caractère directif des programmes, des documents d’accompagnement, et cette domination des études de cas en géographie.
- Nos propositions, les plus originales ont été notées et entendues par nos interlocuteurs. Nous espérons sincèrement qu’elles seront d’ailleurs prises en compte, mais également que leurs implications se traduisent sur le terrain.Cette traduction sur le terrain a été reprise par Catherine Didier Fèvre pour la formation des enseignants, dans les ESPE, pour tous les niveaux.
Ces éléments concrets ont également été développés par Jean-Baptiste Veber, à propos des usages du numérique.
- Nous souhaitons promouvoir un usage du numérique qui prenne comme préalable la généralisation des supports, leur déploiement dans la cohérence, et la formation des maîtres. Nous avons même rappelé, de façon très précise, la situation d’une directrice d’école rurale dont le seul ordinateur utilisable servait à la fois aux tâches administratives et aux activités pédagogiques, le tout dans une classe à trois niveaux. Frédérique était présente, même virtuellement, à nos côtés. Cette présence, l’importance de ce qu’elle a pu intégrer à propos du primaire dans notre document de synthèse, ont d’ailleurs fait forte impression.
- À partir du numérique, – et encore une fois, notre perception n’est pas celle d’expérimentations hasardeuses présentées comme innovantes,- nous proposons une démarche d’acquisition de connaissances et de savoirs faire.
Au final, j’ai le sentiment que les deux auditions successives ont permis d’ancrer l’association des Clionautes dans le paysage disciplinaire. Nous sommes aujourd’hui des interlocuteurs reconnus, indépendants et actifs. Nous ne nous appuyons pas sur un réseau de connivences, nous sommes trop éloignés, y compris géographiquement, pour cela.
Paradoxalement, c’est cela qui fait notre force: la détermination dans la conduite de l’association, la capacité à investir tous les terrains, la volonté de défendre et de promouvoir nos disciplines enseignées, au-delà d’intérêts corporatistes ou particuliers.