Les 9e Intergalactiques de Lyon 9 au 14 septembre 2021
Lorsque nous nous sommes lancés dans l’aventure de Clio-Geek nous étions guidés par l’envie de réfléchir autrement à nos enseignements et, de façon plus générale, au monde. Proposer des réflexions sur la pop-culture, quelques soient les supports, quelques soient les genres, mettre en perspective les problématiques actuelles, passées et futures de notre monde en nous plongeant dans les mangas, les jeux vidéos ou autres séries télévisées, tels furent nos premiers pas.
Logiquement la science-fiction, l’une des pierres angulaires de la pop-culture, s’est imposée comme une grille de lecture majeure. La richesse de ce genre est telle qu’il est en effet inconcevable de ne point s’en servir, y compris dans nos cours. Métaphores diverses en pleine guerre froide, analyses prospectives des évolutions humaines, technologiques, politiques … les chemins à explorer sont immenses.
Les 9e Intergalactiques, the place to be
Depuis 2012 le festival des Intergalactiques de Lyon s’impose de plus en plus comme un rendez-vous incontournable pour tous les amatrices et amateurs de science fiction et plus généralement de pop-culture.
Projections de films, salon du livre, conférences, échanges avec des auteurs, des spécialistes de tous horizons sont autant d’occasion de réfléchir sur notre monde. Anne Canoville & Raphaël Colson, responsables littéraire et artistiques de cette neuvième édition des Intergalactiques de Lyon, proposent dans une lettre d’intention forte, les bases de cet événement très attendu :
Face à l’incertitude d’un futur imprévisible, il semble plus commode de renvoyer l’autre à ce qui nous en distingue, nous oppose à lui, et d’appeler au repli sur soi.
En ces temps de globalisation, les avancées du progressisme socio-culturel, portées par les luttes de groupes opprimés militant pour leurs droits, pour une société plus égalitaire et plus juste, ont permis l’affirmation d’une altérité revendiquée plutôt que subie.
Mais nous vivons aussi une époque de crises favorisant délitement démocratique, séparatisme de classe, agressivité nationaliste et affirmation raciste.
Pour tout amateur de science-fiction, cette inquiétante toile de fond ne saurait surprendre : le genre n’anticipe-t-il pas depuis des décennies de tels évènements, entre dystopie totalitaire et fiction d’effondrement ?
Signe des temps, la science-fiction multiplie de manière vertigineuse les récits envahis par des hordes d’infectés et de zombies, un choix qui révèle à quel point la fracture sociale contamine notre regard sur l’autre.
Le rapport à l’autre constitue en effet l’un des grands sujets de la science-fiction, et ce depuis ses plus lointaines origines, au début des temps modernes. Dans son principe de création même, la science-fiction explore des futurs et des mondes possibles, dont le décalage avec le nôtre procède de son altération par des éléments fictionnels et spéculatifs.
Des premiers contacts avec les extra-terrestres à l’hybridation du corps qui constitue le cyborg, en passant par le monstre, le robot, le mutant… Il suffit de commencer à dénombrer les espèces et les figures que propose la science-fiction pour se persuader que l’altérité y a la part belle.
Selon les époques, le type d’incarnation privilégié de l’autre varie, évolue, comme un reflet des obsessions et des angoisses du temps présent.
Du XVIe au XXIe siècle, la science-fiction n’a jamais cessé de mettre en scène des individus allant à la rencontre des « autres », d’abord sous la forme de voyageurs visitant des sociétés utopiques.
A ces pérégrinations géographiques s’est ajoutée la dimension qui détermine encore aujourd’hui la spécificité du genre : à savoir la projection dans le temps, des voyages temporels aux explorations spatiales rendues possibles par une évolution technologique futuriste. L’altérité est ainsi abordée à la fois dans l’espace et le temps, nous ouvrant à des horizons toujours plus larges.
Par le décentrement qu’elle opère, la mise en récit du rapport à l’autre propre à la science-fiction tend évidemment un miroir à ce qui nous constitue nous-mêmes en tant qu’espèce, civilisations, sociétés, corps politiques et individus.
Elle le fait volontiers sous l’angle de la découverte scientifique, de la curiosité et la fascination suscitées par des formes imaginaires de l’autre : organismes, écosystèmes et sociétés exotiques, voire par des entités radicalement étrangères échappant à notre intellection.
Mais ce contact ne se révèle pas toujours aussi enthousiasmant, encore moins pacifique. Il faut bien reconnaître que la science-fiction privilégie aussi, bien souvent, l’évocation d’une altérité menaçante, hostile, dont la figure bien connue de l’envahisseur extraterrestre apparaît sans doute comme la plus canonique. Est-ce à dire que la mise en scène du conflit génère de meilleures histoires ?
Au-delà d’un intérêt purement dramatique, elle en dit long sur la manière dont les civilisations et sociétés humaines, en particulier occidentales, se représentent leur relation à l’étranger.
Aussi cette thématique de “La forme de l’Autre”, initialement programmée en 2020, a-t-elle continué à mûrir dans nos esprits, au regard de l’année que nous venons de vivre et d’un contexte de plus en plus délétère.
Il nous semble plus que jamais urgent de l’interroger, sous trois modalités qui nous tiennent à cœur : mise en images, mise en récits, mise en discussion.
Nous avons le plaisir de vous annoncer que Clio-Geek va participer à ce festival. Proposer des analyses, nourrir la réflexion sur la pop culture est au cœur de notre matrice et nous nous inscrivons pleinement dans la volonté des Intergalactiques de diffuser ces savoirs. À cette occasion nous mettrons à disposition, le 11 septembre, lors du salon de la microédition, plusieurs de nos articles dont des inédits. Ce sera aussi l’occasion de pouvoir échanger avec tous les esprits curieux.
Nous sommes aussi bien décidés à nous inscrire pleinement dans le temps. Ce festival des Intergalactiques est un rendez-vous majeur à nos yeux. Nous sommes totalement résolus à contribuer, à notre échelle, à son succès, en proposant nos réflexions, nos articles au plus grand nombre.
Cécile Dunouhaud, William Brou et Ludovic Chevassus
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