On a pu croire, l’espace d’un instant, au détour d’un clic de souris, à une plaisanterie. Mais les plus expérimentés d’entre nous ont très vite compris.
En sortie de crise, le pire est toujours certain.
À l’origine de ce qui relève bel et bien d’un coup de colère, cette initiative d’une direction académique du numérique éducatif dont l’absence de culture historique l’a conduite à réinventer les décorations pour services rendus que la défunte Union soviétique distribuait pour n’importe quelle occasion.
Les Clionautes sont des historiens géographes, et nous savons décrypter un message, même lorsqu’il prend l’allure de la bienveillance ou de la reconnaissance.
Car soyons clairs, dans cette campagne sur les « open badges » distribués aux professeurs méritants, il n’y aura ni reconnaissance, ni bienveillance.
Depuis le 17 mars, des professeurs pionniers du numérique, et dont la formation ne doit rien à ce qui a pu être dispensé par les dispositifs coûteux de la DAFPEN, se sont investis et engagés, avec leur propres solutions logicielles et matérielles pour remédier aux déficiences de leur institution.
Avec le temps de réaction qui la caractérise, c’est-à-dire après la bataille, voici que la direction académique du numérique éducatif de l’académie de Montpellier, suivie par d’autres hélas !, propose aux professeurs qui se sont investis :
http://www.pearltrees.com/t/badges-academie-de-montpellier/id25841303
Une superbe collection de badges gommettes, parfois présentée par la rectrice elle-même, comme à Poitiers, en guise de reconnaissance.
Et la pandémie se répand. Nice n’est pas épargnée. Nous compléterons au fur et à mesure la liste des clusters.
Ces fameux badges avaient été envisagés auparavant, dans le cadre de dispositifs toujours aussi coûteux et inutiles, avant la pandémie.
MAIS ce qui est tragique, et disons le mot honteux, c’est que des services comme la direction académique du numérique éducatif, cherchent à instrumentaliser, à seule fin de justifier leur existence dont l’utilité interroge, l’investissement volontaire, désintéressé dans la plupart des cas, des professeurs pendant la période du confinement.
Ce ne sont pas ces badges à l’esthétique douteuse, version label Rouge pour certains produits alimentaires, assortis d’appellations en novlangue « agilité pédagogique », saupoudrés d’écriture inclusive « Passeur.euse », par exemple qui vont dissimuler les défaillances majeures de l’institution « éducation nationale » dans ce domaine.
« Nous sommes prêts ! » disait un ministre de rencontre à qui voulait l’entendre.
« Nous arrivons toujours en retard ! » chantent les carabiniers d’Offenbach !
Nous sommes pour beaucoup d’entre nous en colère, car dans le domaine de l’utilisation du numérique éducatif, les Clionautes ont été des pionniers, des découvreurs, des bâtisseurs.
- Combien de séquences, d’évaluations, de sources documentaires utilisables, avons-nous été capables de mettre en ligne à la disposition de nos collègues ?
- Faut-il vraiment comparer ces ressources vraiment utiles, directement opérationnelles, à ces litanies d’injonctions à découvrir des ressources qui n’ont pas été évaluées, et que certaines inspections pédagogiques régionales diffusaient en utilisant ces listes académiques au fonctionnement vertical qui rappellent ce que l’on appelait, avec ce typique détournement de langage, « le centralisme démocratique », si peu démocratique d’ailleurs ?
Il s’est même trouvé certains collègues, très peu nombreux il est vrai, qui ont accepté de fournir quelques séquences pour alimenter des sites académiques dont le vide était sidéral. Ils mériteront assurément qu’on vienne apposer sur leur poitrine ces badges « de la honte ».
Car je n’ai pas d’autre mot à proposer. La HONTE !
Après 15 jours de continuité pédagogique, mise en œuvre à l’initiative des professeurs, avec leurs propres moyens, sans aucun soutien, apprendre au détour d’une déclaration sur une chaîne d’information en continu que cela n’aurait servi à rien, a bel et bien représenté pour beaucoup d’entre nous une humiliation.
Et cette humiliation, nous la portons en nous comme une tache honteuse.
En voyant ces alignements de badges aux couleurs chatoyantes, élaborés sans doute par un cabinet d’infographie, ce qui au passage nous amène à nous interroger sur le coût de cette campagne, nous tenons à rappeler aux « roitelets » qui nous gouvernent, ces généraux d’armée mexicaine aux titres ronflants de chargés de missions diverses (et dernière innovation en date : les GAR, Gestionnaires d’Accès aux Ressources), que c’est dans nos classes, avec de vrais élèves, que nous attendons de voir mis en œuvre les gadgets qu’ils préconisent.
On a même osé proposer un badge de « transmetteur.euse » sans en reprendre le terme heureusement, cela aurait été une insulte à nos soldats.
Nous en proposerons un autre : il existe depuis 20 ans, et nous sommes fiers de l’arborer !
C’est un badge de transmetteur en effet, et c’est bien ce que nous sommes. «Transmetteurs et passeurs de savoir».
Et ce badge de transmetteur qui porte nos couleurs, on me permettra de l’associer à la devise des vrais transmetteurs,
« L’arme qui unit toutes les armes »
ADHÉRER AUX CLIONAUTES
Le temps du combat est venu !
Ne pas réagir et laisser faire, c’est être complice d’une machine qui broie les individus, stérilise leurs initiatives, les humilie et les infantilise.
Ce ne sont pas des likes sur les réseaux sociaux dont nous avons besoin ! Mais de votre engagement, résolu et déterminé comme historiens et géographes à nos côtés, chez nous, chez vous !
ADHÉRER AUX CLIONAUTES
Post-scriptum.
Cette épidémie de Badging semble se diffuser sur plusieurs académies. Après Montpellier, Nice et Poitiers, nous avons pu noter que Versailles avait été contaminée. il nous a été également apporté une pépite originale venue de Normandie qui daterait de 2017.
jamais la formule « quand on touche le fond, on creuse encore » n’a jamais été aussi appropriée.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul voici également un récapitulatif utile sur l’origine de la pandémie.
Qu’est-ce qu’un Open Badge ?
NUMÉRIQUE ET DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL
Et pour ceux qui n’auraient pas compris cette pitrerie, vous trouverez ici un schéma ludique, comme de bien entendu, qu’il conviendra de modéliser à défaut de mémoriser, car cela suppose un effort, dans le socle de compétences.
Mise à jour du 1er juillet 17h38
durement éprouvés par le covid 19 la région Grand EST semblait être à l’école de la pandémie du Badging 20.
hélas, hélas, hélas, dans l’académie de Besançon la DANE avait laissé sur sa page, avant de le retirer à 17h30 exactement le lien vers les badges BRAVO
Badges pour Reconnaître les Aspirations, les Valeurs et les Œuvres
Parce que chers amis, malheureusement je n’invente rien, il se trouve dans les services académiques, avec dans ce cas précis un financement région, Bourgogne Franche-Comté pour dire clairement les choses, des gens qui sont payés à trouver des conneries pareilles.
Beaucoup de gens de bonne foi je le répète ont cru que ce genre de fadaises était une blague lorsque nous avons publié cela sur les réseaux sociaux.
Et bien non, dans cette situation comme dans bien d’autres malheureusement dans notre institution, le pire relève toujours de la certitude.
Malheureusement, les éminences numériques de ce service dont on pourrait largement se passer n’ont pas supprimé le lien dans le menu. Ils peuvent me demander, on leur expliquera comment faire.
Et bien entendu, cerise sur le gâteau vous trouverez sur ce site les preuves de ce forfait.
Le lancement des Openbadges à la #JNE_19
Allez, soyons fous, je vous offre un badge, il sera certainement collector.
Quand on y réfléchit, et lorsque l’on connaît la concentration d’adeptes des foutaises pédagogiques dans cette académie, dont certains furent d’ailleurs Clionautes, avant que nous ne remettions l’église au centre du village, et que nous transformions cette association en mouvement disciplinaire basé sur la transmission de la connaissance des savoirs, ce n’est finalement pas très étonnant.
La lutte contre cette pandémie du BADGING 19 sera dure et difficile, mais nous allons y arriver.
cher ami, la solution se trouve ici.
https://www.clionautes.org/adherer-aux-clionautes
je constate que j’ai répondu très rapidement à cette question somme toute légitime. Mais j’ai posé quand même une question directe. Que l’on me montre une bonne fois pour toute la plus-value qu’apportent ces fameux espaces numériques de travail. Je ne me suis pas contenté d’émettre des critiques. Je suis référent numérique et correspondant ENT depuis que la fonction existe dans l’académie de Montpellier. Et tout ce que je vois du fonctionnement de cette usine à gaz, c’est un fonctionnement totalement arbitraire, de la direction académique des systèmes d’information que l’on appelait la DASI et que j’appelais, car je suis historien, évidemment la STASI, astuce de langage que mes interlocuteurs ne comprenaient pas. je ne vois pas en quoi la lisibilité de l’association est perturbée, et je n’aime pas trop le terme de votre association. Car à ma connaissance c’est aussi la tienne. Alors je repose une question directe. Qu’est-ce que les guichets d’accès au numérique vont apporter ? en plus quand j’ai vu cet acronyme, effet de génération sans doute, j’ai plutôt pensé aux GARI, les groupes d’action révolutionnaire internationalistes qui ont été la matrice du groupe action directe de sinistre mémoire. À quel moment aurons-nous des personnels ayant un minimum de culture en responsabilité ? Est-ce que tu te rends compte que dans la pratique, les directions académiques du numérique éducatif, qui ont remplacé les DASI ne sont pas en mesure de répondre à de simples questions techniques, et encore moins à de vraies demandes de formation. Et je parle de formation sur le terrain, pas pendant des journées qui commencent par un tour de table version séminaires d’entreprise, avec des interventions convenues et ridicules. Tu veux que je continue sur le recyclage d’un certain nombre de tocards qui ont obtenu des décharges pour faire cela, et qui ne se sont pas posées la question une seule seconde sur le caractère humiliant de leur distribution de badges ? Parce que au final, j’accepterais toutes les critiques que l’on veut sur ce que je peux écrire, et publier. Mais à la seule condition que l’on fasse mieux, et que l’on montre concrètement, sur les sites des Clionautes, ce que l’on est capable de faire. Hélas il ne s’agit pas d’obtenir une vague reconnaissance d’un inspecteur pédagogique régional de rencontre, mais d’être au service de ses pairs. Alors effectivement, cela ne donne peut-être pas envie de s’engager, parce qu’effectivement il n’y a rien à gagner en termes de gadgets institutionnels chez les Clionautes, mais on y gagne le respect des siens, des petites choses que les serviteurs complaisants des académies ont oubliées, le respect de soi-même.
Bravo monsieur Bruno MODICA pour ce combat contre ces badges de la honte.
Mais jusqu’où les politiques auront le courage d’aller pour se moquer de nos enseignants ?
Bonjour,
des remarques intéressantes mais des amalgames inacceptables. Le Gar, guichet d’accès aux ressources, n’a rien à voir là-dedans et ne renvoie à aucune démarche de caporalisation. Et quand tu verras arriver dans ton ENT ce très bel outil de service public, tu ne pourras qu’applaudir.
Je suis adhérent de Clionautes mais c’est vraiment ce genre de confusion qui perturbe la lisibilité de l’association, de votre association et qui ne donne pas envie de s’y engager depuis plusieurs années.
Très cordialement
Jean Olivier
Ça ressemble à l’inspecteur des travaux finis…
Bravo Bruno Modica pour cette belle analyse !! Un beau combat à mener.
En un mot comme en cent : BRAVO !