Alors que l’antisémitisme n’a toujours pas reflué dans notre pays, notre engagement de professeurs d’Histoire-Géographie mais aussi d’Éducation morale et civique nous conduit à toujours perfectionner l’enseignement de la Shoah. L’enjeu est d’autant plus important que les témoins disparaissent les uns après les autres. À côté d’excellentes initiatives de recherche et de formation menées, entre autres, par le Mémorial de la Shoah, il existe aussi le travail remarquable de structures comme le projet Convoi 77. Cette association, dirigée par Georges Mayer, est partenaire de notre association depuis plusieurs années et l’année 2023 ne dérogera pas à cette amitié.
1) Quel est l’objet de l’association Convoi 77 ?
Le Convoi 77 était le nom du dernier grand convoi de déportés partis de Drancy vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau le 31 juillet 1944. L’association se donne pour but d’écrire les biographies des 1306 déportés de ce convoi, parmi lesquels 324 enfants. En effet, pour l’immense majorité d’entre eux, nous ne disposons comme point de départ que de quelques bribes d’information recueillies par Serge Klarsfeld : le nom, le prénom, la date de naissance, la date et le lieu de l’arrestation ou la dernière adresse connue. L’objectif est de combler les blancs dans ces histoires personnelles, en traitant et en croisant les sources d’abord, puis en rédigeant une biographie finale.
Ce travail d’écriture est mené par les élèves eux-mêmes, accompagné de leurs professeurs.
2) Quels niveaux scolaires peuvent participer ?
Parce qu’ils étudient la Seconde Guerre mondiale en Histoire, les élèves de Troisième et de Terminale sont naturellement les premiers visés par le projet. Mais ce n’est pas exclusif. Certaines classes de Seconde, de Spécialité HGGSP voire des étudiants en licence ont rejoint le projet. Il va de soi que plus le niveau d’enseignement s’élève, plus le niveau de difficulté de l’exercice s’adapte : une biographie pourra être rédigée par une classe entière au collège, là où un étudiant pourra s’acquitter seul de la même tâche.
3) Combien de temps un tel projet prend-il dans l’année ?
Le projet s’adapte à chaque situation. Certaines classes, particulièrement ambitieuses, mènent les recherches et la rédaction pendant près d’un an mais d’autres n’y consacrent qu’un trimestre, souvent en début d’année pour coïncider avec les programmations autour de la guerre. Certains projets se font sur le temps du midi, en atelier, sur la base du volontariat, d’autres disposent d’heures supplémentaires. Parfois, il y a même interdisciplinarité.
4) Pour la rédaction de la biographie, y a-t-il des attentes spécifiques de longueur ou de présentation ?
Aucune. Cela peut être une demi-page ou 15 pages. Il n’y a pas davantage de règles formelles à respecter. Ce qui compte, c’est l’exactitude scientifique. Aux enseignants de choisir le format le plus adapté à leurs élèves. Certaines biographies sont illustrées de dessins d’élèves, d’autres ont été enregistrées avec des voix d’élèves.
5) Comment les enseignants font-ils pour trouver des sources à faire étudier à leurs élèves ?
L’association donne aux enseignants les toutes premières archives : dossiers du SHD de Caen, archives de Bad Arolsen, documents émanant de la Préfecture de police. Les enseignants se lancent ensuite dans la recherche d’archives complémentaires.
Les sources sont multiples, qu’elles viennent des archives locales (bibliothèque municipale, mairie) ou régionales ou d’institutions comme les Archives nationales ou les Archives de la Préfecture de Police (tous les dossiers n’ayant pas été numérisés par l’Association), la recherche de descendants… Mais cela ne doit pas intimider l’enseignant. On ne lui demande pas de courir les archives. C’est là que l’association intervient auprès de nos partenaires institutionnels, soutient activement la classe, propose et facilite la transmission des documents.
Par exemple, dans les cas où le déporté est né à l’étranger, l’association trouvera dans la ville d’origine du déporté une classe partenaire qui se chargera localement de rassembler les sources. L’association a même un partenariat avec l’AEFE pour que la vie des déportés nés en Égypte ou en Algérie puisse être mieux connue. L’association aide et guide les enseignants dans leurs recherches. Trois historiens, Sandrine Labeau, Laurent Joly et Alexandre Doulut répondent aux questions les plus complexes.
6) Comment choisir le ou les déportés que l’on souhaite faire étudier à ses élèves ?
Sur le site de l’association, une liste actualisée indique les déportés pour lesquels nous n’avons pas encore de biographie. Pour des raisons de simplicité mais aussi pour encourager l’ancrage local du projet, nous préconisons de choisir un déporté qui a vécu ou a été arrêté dans la commune ou la région de la classe. Mais cela n’a rien de contraignant, bien entendu.
7) Puisqu’il faut privilégier des recherches autour d’un déporté local, quelles sont les régions pour lesquels l’association a le plus besoin de trouver des établissements partenaires ?
Nous recherchons en priorité des établissements d’Île-de-France, de Lyon, de Marseille-Nice et de l’Est. Mais encore une fois, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.