L’académie de Nancy-Metz a développé depuis plusieurs années un enseignement à la Défense de qualité, sous l’égide du Recteur de l’Académie de Nancy-Metz, de l’Officier Général de Zone de Défense et de Sécurité Est et de la Présidente de l’Association Régionale de l’IHEDN (trinôme académique), auxquels il convient d’ajouter depuis dix ans, le Président de l’Université de Lorraine et du Général de corps d’armée commandant la région de gendarmerie de Lorraine.
Les webinaires de la défense
En cette année scolaire 2023-2024, les Clionautes suivront les conférences des « webinaires de la défense ». Leur contenu s’inscrit dans la droite ligne des préoccupations des professeurs d’HGGSP en Terminale ainsi que de celles des candidats aux différents concours des armées.
10 octobre : les évolutions de la guerre
9 novembre : le conflit ukrainien : enseignements stratégiques et tactiques
7 décembre : la situation sécuritaire dans le Sahel : origines de la crise, évolution de la stratégie française, perspectives,
18 janvier : la dissuasion, fondements, capacités, perspectives,
15 mars : la stratégie française dans l’espace indo-pacifique
Le compte-rendu qui suit est bâti à partir de la conférence du 10 octobre dernier, conduite par Vincent Alexandre, général adjoint engagement – Zone de défense Est.
Le terme de “guerre”
Clausewitz dresse le constat que la guerre est un caméléon : elle revêt les aspects les plus divers, mais elle a son essence propre :
- Une violence intentionnelle (contrairement par exemple à celle des accidents de la route)
- Une violence entre groupes humains et donc pas un comportement individuel de 2 hommes qui se bagarrent au coin de la rue.
- Un matériel spécifique et une organisation dédiée, avec des armées, bien entendu, un commandement, des unités à l’avant et l’arrière, une planification. Car la guerre suppose un calcul des probabilités tactiques et stratégiques tant dans la planification qu’ensuite dans la conduite des opérations
- Elle oppose des États ou des organisations politiques, des factions politiques, qui aspirent à poursuivre un intérêt, à obtenir un gain. Même une mafia peut être considérée comme une organisation politique (FARC en Colombie avec leur guerre très longue face à l’Etat colombien et poursuite d’intérêts politiques opposés)
Clausewitz utilise aussi l’expression d’”étonnante Trinité” de la guerre qui associe la violence, le calcul des probabilités et l’objectif politique :
- 1ère brique : La violence est la brique élémentaire. La tendance naturelle au cours d’un conflit, c’est la montée des extrêmes parce que deux ennemis s’opposent et qu’à la réponse de l’un, la réponse de l’autre va être encore plus importante. Cf. Sun Tzu, théoricien et stratège chinois il y a 2500 ans, qui énonce les principes de la guerre : “la guerre est le lieu où se rencontrent la vie et la mort, chemin conduisant à l’anéantissement ou à la survie. » Il donne même des recettes sur ce qu’est l’escalade de cette violence dans la guerre
- 2ème brique : le calcul des probabilités militaires qui vient en fait rationaliser, au sens propre du terme, l’emploi de la violence. Il s’agit d’économiser la violence pour la rendre la plus utile possible, rentable. Ce calcul des probabilités peut avoir pour conséquence de freiner l’ascension de la violence, de l’orienter sur un secteur géographique particulier plutôt que sur un autre, voire d’imposer une cause. C’est d’ailleurs ce qu’on apprend à l’École de Guerre à travers la planification des opérations : à pratiquer les principes de la guerre pour opérer un calcul des probabilités militaires.
Les principes de la guerre ont été remis à l’honneur par le maréchal Foch au moment de la Première Guerre mondiale à travers :
- la concentration des efforts
- la liberté d’action
- et l’économie des moyens
Toute bonne manœuvre et planification militaire se doit de respecter, de pratiquer, ces trois principes, de les coordonner le plus possible pour avoir un calcul de probabilité militaire qui canalise la violence et la rendre efficace.
- 3ème brique : L’objectif politique est la clé de voûte de cette Trinité puisque celui qui décide des objectifs de guerre est une simple continuation du politique par d’autres moyens
Cette Trinité clausewitzienne sur la guerre est à mettre en parallèle avec la nature de l’homme telle que la définit Aristote : l’homme est un animal rationnel et politique. En tant qu’animal, il éprouve des passions, des pulsions qui peuvent être des pulsions meurtrières quand il estime sa sécurité ou son honneur menacés et avoir recours à la violence. Mais il va le faire en tant qu’animal rationnel en déployant sa violence guerrière à travers une tactique à travers une stratégie. Et enfin il va le faire en tant qu’animal politique parce qu’il va mettre cette violence rationalisée au profit ou au service de sa collectivité d’appartenance.
La suite est accessible aux adhérents de l’association.
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