Après un rappel de la longue phase de domestication des espèces végétales comme animales Marc Dufumier insiste sur les mécanismes qui ont conduit à la situation actuelle de sélection des semences? Il définit les pratiques ancestrales de sélection massale, des choix adaptés à un environnement précis par chaque paysan face aux travaux des agronomes à qui on a demandé depuis un siècle pour l’Europe et les États Unis, un demi-siècle pour le reste du monde, de sélectionner des variétés dites améliorées, à haut potentiel photogénétique Qui ont les meilleurs résultats en terme de photosynthèse à l’hectare mais pour de vastes surfaces, le plus vite possible et qui ont été développées dans des espaces protégés des ravageurs par des produits phytosanitaires, ce qui a conduit à des écosystèmes fragilisés?
Michel Vanderpooten intervient à partir de sa thèse Publiée aux éditions L’Harmattan: 3000 ans de révolution agricole, techniques et pratiques agricoles de l’Antiquité à la fin du XIXème siècle., col. Historiques, 2012
http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article4199 et insiste sur la définition de rendement et son évolution de x grains récoltés pour x grains semés à production à l’hectare mais montre que cette approche oublie les consommations (pétrole, engrais etc…) majore de fait le progrès. Il montre la diversité ancienne des pratiques, difficiles à étudiées car non présentes dans les textes, liées à la diversité de micro-écosystèmes.
Mattthieu Calame rappelle l’intérêt récent des historiens pour l’évolution de l’environnement qui rend l’histoire agraire plus complexe. Il existe trois écosystèmes: forêt, prairie, marécage stables quand fixation et relargage de carbone s’équilibre. La révolution néolithique née dans la savane sèche, la prairie a conduit quand elle se répand à une destruction de la forêt et peut être considérée comme la première catastrophe écologique. A partir de l’explication scientifique de la minéralisation accrue la nuit il montre que la domestication des arbres (olivier…) en zone méditerranéenne à sans doute éviter la désertification prévisible due à la conjonction agriculture sur brûlis et rumination des animaux. Poursuivant son raisonnement il montre qu’aujourd’hui avec l’utilisation massive des produits pétroliers en agriculture (mécanisation, engrais azotés) on utilise l’excédent de fertilisation vieux de plusieurs millions d’années on pratique en quelque sorte une agriculture sur brûlis. Perspective d’avenir: comment créer un système qui encourage les agriculteurs à produire en préservant les grands flux géochimiques tout en maintenant des revenus corrects, soit comme la forêt produire beaucoup avec rien.
Cette table ronde en décalant le regard par l’apport des agronomes apportait en quelque sorte une réponse à la conférence de Sylvie Brunel.