Doctorante à l’Université de Paris Est, Garance Clément s’intéresse au parcours résidentiel d’habitants frontaliers. Quitter le versant d’une frontière pour aller s’installer de l’autre revient finalement à effectuer une migration internationale mais à échelle locale.
Ces mobilités, ici étudiées de France à Belgique, demeurent minoritaires et sont le fait de populations aux ressources variées.
Certaines familles, déjà aisées, montrent qu’elles ont justement les ressources nécessaires pour élargir leur choix résidentiel et donc social finalement. Il s’agit là d’un investissement dans la pierre pour ces catégories cherchant à maintenir le lien professionnel et familial côté français.
Les classes moyennes semble opérer ce choix lors de l’étape d’agrandissement de la famille et se disent que, pour un même budget, elles peuvent obtenir quelque chose de plus confortable.
Enfin, des catégories plus populaires, minoritaires, complètent cet échantillon. Des faits divers assez isolés mais récents, de familles françaises expulsées du territoire belge ont défrayé la chronique puisqu’une certaine mise en parallèle avec des populations non européennes s’est faite. Ce qui semble acceptable ou tolérable pour des familles extra européennes apparaît là inconcevable pour des français.
Les stratégies sont donc construites en fonction du différentiel frontalier. Les fortes disparités socio-économiques, qui ici profitent surtout aux riches, contrastent avec ce discours ambiant sur l’ouverture et l’effacement des frontières.