Les TIC. Une chance ou défi pour l’Afrique ?
Introduction
Hugo Billard (professeur CPGE- Paris)
Paradoxe de l’hypobancarisation ; Il y a 754 millions de téléphones portables en Afrique alors que moins de 10% de la population a accès à un compte bancaire.
Le continent reçoit 3% des IDE mondiaux. Étant donné que l’insécurité des investissements restent forts, on pourrait se demander si ces investissements sont perdus ?
Qui profite des TIC ? On observe une multiplication des pratiques liées aux IDE. Lesquelles sont-elles ?
Assiste-t-on à un miracle spécifique africain ?
TIC, l’enjeu des infrastructures en Afrique
François Bost (professeur des universités – Reims)
Cette question est un indicateur de l’insertion du continent dans la mondialisation. Le dernier numéro de Challenges (mars 2016) montre l’interêt grandissant du continent pour les investisseurs.
On a sous-estimé l’appétence de l’Afrique pour les TIC. Bien que la fracture numérique soit réelle, le rattrapage a été réel car dès 1993, le Kenya est connecté au monde numérique, le Nigeria en 1995. Depuis 10 ans, les investissements sont massifs sur le continent et concernent les technologies les plus récentes. Par exemple, en 2002, l’installation d’un câble (SAT 3/WASC), pour un coût de 600 millions de dollars, entre la péninsule ibérique et l’Afrique du Sud a permis d’augmenter le volume d’échanges.
Depuis environ 2010, des projets concurrentiels, comme celui de l’Eastern Africa Submarine System (EASSy) voient le jour, dans lesquels des ONG, l’Union Africaine et des institutions internationales (Banque Mondiale) participent. La bande passante en Afrique est celle qui a le plus gagné en capacité à l’échelle mondiale (voir le site des éditions Armand Colin, rubrique carte). Rappelons que 99% des connections passent par ces câbles (1% seulement par satellite). Pourtant l’un des enjeux est la formation de points d’échange entre les opérateurs afin de faire baisser les coûts et les transits par l’Europe.
A l’échelle mondiale, l’Egypte est un des premiers pays connectés du continent, mais occupe le 83e rang mondial, l’Afrique du Sud le 75e et le Niger est au dernier rang (le classement de l’ONU ne comprenant que 155 états).
La croissance des équipement est très forte en Afrique sub-saharienne, notamment au Nigeria. Cela est sous-tendu par des efforts de la part des états pour réglementer les équipements. Ainsi, au Togo il est possible d’utiliser un téléphone portable dans les endroits les moins denses ou les plus reculés grâce à de bonnes infrastructures de couverture mobile. En conséquence, des planteurs et agriculteurs peuvent se renseigner sur le cours des matières premières ou sur l’état des routes afin d’améliorer leurs ventes. Pour arriver à cela, on construit des antennes relais qui sont approvisionnées grâce à l’énergie solaire. L’essor des télécommunications peut donc aller de pair avec l’électrification.
A l’ile Maurice, une cyber-city (ebene cyber city, à l’ouest de l’ile) a vu le jour grâce à un effort de l’état. Elle propose des services informatiques pointus.
Une géo-économie du Net africain
Alain Nonjon (professeur CPGE Vanves)
La croissance africaine débouche sur un renforcement des inégalités.
L’analphabétisme est encore grand sur le continent, surtout pour les femmes. L’économie numérique est donc, en quelque sorte plutôt destinée aux hommes.
L’idée que les nouvelles technologies soit surtout destinées aux élites semble fausse.
Certains évoquent la possibilité d’un plan Marshall du numérique pour l’Afrique.
A la critique que l’Afrique ne soit pas entrée dans l’histoire, on peut répondre que le numérique permettra même d’amplifier l’inscription de son histoire, via le réseau numérique.
Le numérique pourrait aussi permettre de géo-localiser les épidémies dont le continent est parfois victime.
Le e-banking, levier de développement ?
Arnaud Pautet (professeur CPGE à Lyon)
Les pays africains sont bien placés dans les transactions bancaires effectuées par téléphone mobile.
Il y a seulement 15 millions de smartphones, alors que ce sont les seuls appareils capables de servir pour le e-banking.
La législation bancaire est plutôt bien aboutie, ce qui assure le possible déploiement des activités bancaires en ligne. Le service M’Pesa a été lancé au Kenya en 2007, et s’est ensuite même exporté en Inde et en Roumanie. Cela devait originellement servir à développer le micro crédit, mais désormais, elle est surtout utilisée pour le paiement de factures. Il y a deux millions de transactions par jour au Kenya et il est envisagé de développer la possibilité de pouvoir payer les impôts via cette plateforme. Toutefois la question de la pérennité de ce genre de systeme se pose, surtout lorsque le système M’Schwary, similaire à M’Pesa, a subi de nombreux impayés.