Bonjour à tous,
la tradition des vœux pour la nouvelle année n’est pas simplement formelle, en tout cas pas chez les Clionautes. Il s’agit de fixer le cap, d’affirmer nos ambitions et nos projets.
C’est aussi l’occasion de rappeler que par-delà les mondes virtuels dont nous sommes issus, de par notre histoire associative, il y a des femmes et des hommes, avec leur grandeur mais aussi leurs limites, leurs enthousiasmes et leurs passions, mais aussi des moments de doute.
Depuis 2012, au moment où les Clionautes ont changé véritablement d’orientation, j’ai souhaité que jamais aucun adhérent ne se retrouve isolé devant des difficultés, qu’elles soient professionnelles, où plus personnelles. C’est toujours le cas aujourd’hui, j’ai évidemment une pensée pour tous ceux qui ont subi des difficultés cette année, qui parfois les subissent encore. Ils ne sont pas seuls, ils trouveront toujours parmi nous une écoute attentive, parfois un conseil, un soutien. Mes pensées vont évidemment vers eux.
L’année de la croissance
L’année 2017 a constitué une étape majeure dans notre développement. La forte croissance en termes d’effectifs, est bien entendu liée au choix que nous avons fait de développer une plate-forme de services. Mais dans le même temps, jamais nous n’avons autant diffusé et mis en ligne de publications. À l’extérieur de l’association, certains, dont on peut discuter la pureté des intentions, nous font périodiquement le reproche de réserver une part des ressources publiées aux adhérents. Je leur rappellerai simplement cette évidence : « quand c’est gratuit, le produit c’est vous ! ». Les adhérents de notre mouvement ne seront jamais « des produits », « des parts de marché », des « cœurs de cible », livrés aux entités des géants du numérique.
Cette indépendance, ce sont nos adhérents cotisants qui en paient le prix. Au-delà des coûts économiques, il faut penser à tout ce travail bénévole que beaucoup parmi nous fournissent.
Comme c’est le cas depuis 2012, les objectifs qui avaient été fixés, actés par notre assemblée générale nous document d’orientation, ont tous étés tenus.
Je forme le vœu que cela continue en 2018.
Car pour les 20 ans de notre mouvement, nous avons un immense défi à relever. Nous avons commencé à entreprendre la mutation de la totalité des sites de la galaxie des Clionautes. Celle-ci a une histoire. Il n’est pas question d’en faire table rase, mais bien de la conserver et de la rendre toujours pérenne et accessible.
À l’ensemble des domaines et des sous domaines que nous avons constitués, comme la Cliothèque, Clio prépas, Clio collège, Clio Carto, et bien d’autres, nous allons substituer un accès totalement nouveau. Une nouvelle plate-forme, plus ergonomique, plus facile à utiliser pour les contributeurs, sera mise en place. Ce travail est en cours, il faut bien avoir conscience que ce sont plus de 850 Go de données qui sont à transférer. Ce sont des dizaines de milliers de contributions, c’est plus de 2000 auteurs et contributeurs qui composent cette histoire précieusement conservée dans des serveurs redondants dont nous avons la maîtrise exclusive.
Le nouveau site des Clionautes
Les sites des Clionautes racontent une histoire, celle de débats parfois vifs et passionnés, de confrontations parfois, et cette histoire il faudra la conserver et la transmettre.
Nous participerons encore en 2018 aux grandes échéances de notre profession, comme les rendez-vous de l’histoire de Blois, le festival de géographie de Saint-Dié, le festival de géopolitique de Grenoble.
Mais nous serons aussi mobilisés par l’événement que nous créerons nous-mêmes. C’est celui de nos 20 ans. La date en a été fixée, ce sera le 12 mai, les modalités définies, et je vous invite vivement à faciliter la tâche de toutes celles et tous ceux qui se sont investis dans la préparation de cette étape majeure de notre histoire en vous y inscrivant dès à présent.
Des interventions sont d’ores et déjà prévues, elles porteront bien entendu sur nos champs disciplinaires, et feront sans doute une large place aux thèmes en préparation pour les concours.
Car c’est aussi une des heureuses surprises de l’année 2017, l’afflux d’étudiants, certes séduits par les fiches de lecture, mais qui contribuent également. Bien entendu, nous chercherons à les accompagner dans la réussite. Ils auront à ce propos une belle surprise pour les 20 ans des Clionautes.
Notre objectif est aussi celui d’accompagner nos plus jeunes collègues, avec Clio tutorat. Certes nous utilisons un groupe Facebook, comme pour les préparations aux concours, mais ces plates-formes obéissent aux règles de rigueur et d’éthique que nous nous imposons à nous-mêmes. Et nos groupes Facebook modérés ne sont pas des déversoirs de jugements péremptoires comme nous le voyons trop souvent, particulièrement sur certains comptes Twitter.
Le sens du collectif
Parmi les règles auxquels nous sommes également très attachés, il y a aussi ce sens du collectif. Et comme dans toute communauté humaine, il arrive parfois que certains se mettent davantage à la recherche de leur promotion personnelle, qu’au service de tous. En 20 ans d’existence, cela s’est effectivement produit. Mais depuis 2012, toutes les tentatives de ce genre sont restées vaines.
Notre mouvement ne doit sa reconnaissance qu’à notre engagement et à notre sérieux. Il ne servira jamais à des promotions de complaisance, dérisoires hochets agités devant des esprits faibles ; il ne délivrera pas des titres ronflants, comme dans les armées de républiques bananières.
Cette indépendance, farouchement préservée, certains parmi nous en paient le prix. Et pourtant, dans le dialogue constant avec l’institution, c’est cela qui nous permet d’être respectés, pour ce que nous sommes, et pas ce que nous prétendons être.
Dans le monde de l’éducation, il existe une nébuleuse de mouvements pédagogiques, à la structuration incertaine, aux statuts improbables, le tout favorisé par le bouillonnement des réseaux sociaux. En 20 ans beaucoup sont passés, plusieurs ont disparu, et sans le changement radical d’orientation, les Clionautes auraient rejoints ces étoiles mortes qui brillent encore faiblement dans des univers lointains.
Ces exigences vont très au-delà d’une association de type loi de 1901. Notre croissance continue nous donne à cet égard une responsabilité majeure devant les 30 000 historiens géographes en activité. Cette loi de 1901, une des lois fondatrices de la République reste toujours notre cadre, celui que nous avons d’ailleurs, en 2012, restauré et sorti de l’amateurisme. Mais au-delà de la structure associative, nous sommes devenus un mouvement, et c’est bien cela qui nous différencie désormais.
Les acteurs du mouvement
« Historiens et géographes de l’avenir » était le sous-titre que les fondateurs avaient rajouté en 1998 au nom des Clionautes. C’est devenu une réalité, celle d’un mouvement ancré sur les territoires, acteur du débat public, malgré toutes les difficultés que le centralisme parisien entraîne. De ce point de vue, il y aura également des changements en 2018. Notre développement nous donne désormais les moyens d’intervenir sur l’ensemble du territoire.
Mais cela dépendra de l’engagement de tous, et tout particulièrement de ceux qui ont accepté d’être les dirigeants de notre mouvement.
Je terminerai par des remarques plus personnelles. J’ai bien conscience que le défi qui a été relevé en 2012 a été conduit de façon énergique, et que ce faisant, bien des rentes de situations ont été égratignées. Cela me vaut quelques inimitiés qui ne doivent pas freiner notre développement. Je saurais, si besoin, en tirer les conséquences.
La responsabilité de notre mouvement est une tâche exigeante et je suis lucide sur les possibilités qui existent de passer le relais. Cela se produira inéluctablement, et je ne ferai jamais le mandat de trop. Mais dans le même temps, parce que mon engagement est depuis sept ans exclusif, et au service de notre mouvement, j’en assurerai la direction autant que nécessaire et tant que vous me conserverez votre confiance.
Je vous souhaite à tous une belle année 2018, et que vos espérances se réalisent.