« L’Europe au pied des murs » d’Elsa Putelat et Nicolas Dupuis. Une enquête de 2 ans sur le business de la sécurisation et de la construction de murs aux frontières de l’Europe. L’Europe et le monde s’enferment de plus en plus alors que nous allons fêter les 30 ans de la chute du mur de Berlin.

 

Ce film de 53 minutes est d’un grand intérêt en cela qu’il témoigne d’une réalité et qu’il interroge, un peu, la perception des riverains mais surtout des modes de décision et des intérêts économiques en jeu dans la politique sécuritaire de l’Europe.

Le propos débute au moment de la crise migratoire de 2015 en suivant la frontière serbo-hongroise, on y voit une situation et des paysages qui, toute proportion gardée, peuvent évoqués les Camps (miradors, barrière électrifiée, usage des chiens..). Cette frontière largement financée par l’Union européenne semble aussi avoir favorisé la corruption.

Le second exemple est la courte frontière terrestre gréco-turque, un mur construit au moment même où la Grèce connaissait une crise économique, sociale et financière. Sont aussi évoqués les coûts de construction, de maintenance et de surveillance de la frontière ukrainienne de la Slovaquie et des enclaves de Ceuta et Melilla.

L’efficacité de ces dispositifs n’est guère prouvée, les routes évoluent et sont toujours plus dangereuses.

Le rôle, le fonctionnement et les moyens y compris de recherche de Frontex sont analysés et cela met en évidence que pour nombre d’entreprises militaro-industrielles et de renseignement ces murs sont, au-delà des ce marché, une vitrine pour exporter un savoir-faire sur d’autres continents.

 

Les interventions, à plusieurs reprises, dans le documentaire de  Stéphane Rosière, professeur de géographie à l’Université de Reims Champagne-Ardenne dont les travaux portent sur la réflexion théorique  à propos des dimensions spatiales de la violence et de la coercition (Les « murs » en l’an 2009, 20 ans après l’ouverture du mur de Berlin), attestent du sérieux du traitement du sujet.

Le réalisateur pose la question des opinions publiques, des ONG dans un débat sur cette politique qui reste confiné à Bruxelles.

 

La discussion porte sur les difficultés d’une telle enquête, il a été quasi impossible de traiter les murs de Calais.

La conclusion : comment une question sociale devient une opportunité économique pour quelques entreprises.

Ce documentaire1 dont la présentation est visible ici peut être utilisé en classe2.

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1Une co-production Ekla Production – viàOccitanie. Avec le soutien de la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée, la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département des deux-Sèvres, La Procirep et L’Angoa. Avec la participation du CNC

2Me demander les coordonnées de Nicolas Dupuis