Le Premier Prix du Comité International des Sciences Historiques (CISH) vient d’être attribué à Serge Gruzinski, Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), historien français moderniste né à Roubaix. Toute proportion gardée naturellement, il s’agit un peu d’un « Prix Nobel » de l’Histoire… C’est dans le contexte de cette remise de décoration (elle aura lieu lors du prochain congrès du CISH à Jinna, en Chine, le 26 août 2015) et à l’occasion de la sortie de son ouvrage, L’Histoire, pour quoi faire ? (Editions Fayard, 202 p, 18 €) que fut organisée le 5 mai dernier à Science Po Paris une conférence présidée par cet auteur, dont la thématique trouve son sujet dans le litre même du livre.
Face à une salle de Science Po Paris, copieusement garnie, l’auteur fournit un résumé concis et vivant de son dernier ouvrage et, au-delà, de sa démarche et des modalités de son travail d’historien.
A l’occasion, divers intervenants prirent la parole lors de cette conférence enlevée, stimulante et bien en prise sur notre temps car « L’avenir est un miroir ou se reflète le passé ».
Après une brève introduction par Frédéric Mion, directeur de Science Po, ce fut d’abord Marc Lazar qui a pris la parole pour brosser rapidement le contexte historiographique qui voit actuellement le développement de l’Histoire globale.
Puis, Valérie Hannin, Directrice de la rédaction de L’Histoire, recentra le propos sur Serge Gruzinski, évoquant au passage ses nombreuses contributions, parfois anciennes (la première datant de l’anniversaire de la « Découverte de l’Amérique » en 1992), à la revue.
Il appartint ensuite à son Secrétaire Général de présenter plus précisément et d’évoquer à grands traits quelques moments marquants de l’histoire du CISH, institution historienne déjà ancienne née en 1926. Robert Frank s’acquitta avec clarté de cette tâche. Il évoqua ensuite l’organisation et le mode de désignation de ce premier lauréat que fut Serge Gruzinski.
Après des remerciements pour l’organisation de la conférence, ce dernier aborda le contenu de son travail et plus particulièrement concernant sa dernière livraison en librairie depuis décembre 2014. Le brio des explications le disputa à l’actualité, pour ne pas dire l’urgence, de certains thèmes évoqués : Quelle histoire globale ? Quelle place pour l’histoire nationale ? Que nous disent les Jeux vidéo, les séries TV et les contenus des réseaux sociaux sur le passé, le présent et l’avenir ? Sont-ils des documents pertinents à analyser ? etc …
Vous pouvez trouver une recension du dernier ouvrage de Serge Gruzinski à l’adresse suivante : L’histoire pourquoi faire ?
Puis vinrent le tour de Pap Ndiaye, professeur à Science Po, de livrer son sentiment et surtout sa réflexion sur L’Histoire, pour quoi faire ? Son intervention s’acheva sur la personne de son auteur, à l’honneur ce jour, son ouverture d’esprit et son absence totale de condescendance : deux traits de caractère qui vont bien ensemble !
Après quelques questions prises au hasard dans la salle, la parole de conclusion fut, non « sans malice », comme il le dit lui-même, confiée au spécialiste de l’histoire politique de la France Jean-François Sirinelli. Le Président du Comité Français des Sciences Historiques s’en acquitta remarquablement en affirmant à la fois sa gratitude et son admiration à Serge Gruzinski. Le point d’orgue de cette soirée stimulante fut l’appel au débat qu’il lança ensuite sur les liens à opérer entre les histoires nationales et les histoires globales, tant il est vrai que « les formules binaires ne rendent pas compte de la complexité » (Jean-François Sirinelli).
Photographie (de gauche à droite) : Jean – François Sirinelli, Robert Frank, Valérie Hannin, Serge Gruzinski, Marc Lazar, Pap Ndiaye, Frédéric Mion.
Emmanuel Didier – Fèvre © Les Clionautes