L’historial, un musée à re-visiter
Centenaire de la Grande Guerre oblige, une visite de l’Historial de Péronne s’imposait en cet été 2014. De l’extérieur, pas de changements visibles. Une fois entré, première surprise : le sens de la visite a été modifié ce qui m’a conduit à commencer par la salle…4.
Retour en arrière cette fois-ci dans le sens de la visite
Et là, en déroulant les différentes parties du musée, le visiteur découvre la grande nouveauté de l’année : l’installation de tablettes interactives de différentes tailles en plus des bornes vidéos existantes et de la multitude d’objets déjà présents. Que dire de ces tablettes ? Avant tout, que le projet est en cours ce que laisse deviner celles affichant une étiquette « work in progress ». Néanmoins, deux à trois de ces outils sont présents dans chacune des salles et sont fonctionnelles. Parmi les plus grandes, deux ont retenu mon attention : celle faisant un état des forces en présence est compliquée à utiliser, et il faut quelques minutes pour saisir la manipulation nécessaire à l’apparition de l’information ; une autre portant sur les empires coloniaux est trop sensible et dans ce cas l’information défile trop rapidement. Toutefois, soulignons l’intérêt de la tablette « effectifs et équipements » : que vous choisissiez les effectifs en hommes, avions, navires, et une fois que vous maitriser l’engin, apparaissent à la fois, sur la droite des graphiques en bâtons et des cercles sur une carte permettant des comparaisons aisées et l’établissement d’un rapport de force numérique.
D’autres tablettes, plus efficaces encore, permettent de faire défiler sur un écran objets et images présents dans chaque vitrine. A certains d’entre eux, pour l’instant, sont associés une courte présentation et un texte plus long permettant de contextualiser la pièce choisie mais aussi un commentaire plus général (repérable par un i) sur le thème de la dite vitrine.
Autre nouveauté, à mon sens, la présence dans la première salle d’un îlot central faisant référence à la guerre russo-japonaise ou encore aux empires coloniaux, notamment allemand.
Bref, si dans l’ensemble, la présentation reste identique, fosses/vitrines/bornes vidéos, et si beaucoup d’objets restent inchangés, des innovations notables et positives sont à noter. Gageons que la mue de l’Historial se poursuivra dans les mois et années à venir.
Entendre la guerre : sons, musiques et silences
Tel est le titre de l’exposition temporaire proposée par l’Historial de Péronne et ce jusqu’au 16 novembre 2014. Le sujet est original et la présentation aussi.
Qu’y découvre-t-on ? Dans une pièce rectangulaire, une série de thèmes (la musique militaire, les chansons, les pratiques musicales au front, à l’arrière, en territoire occupés, l’arrivée du jazz) formant un U, traitent principalement de la musique et de la guerre avec force affiches de spectacles, partitions, instruments de musique faits avec des boîtes de cigares, des sabots ou tant d’autres objets détournés de leur usage premier mais cela concerne essentiellement les instruments à cordes puisque nous découvrons aussi des instruments à vent tels que des flutes mais qui ne sont pas le résultat d’un artisanat de tranchée. Au centre de la pièce, trois stations debout invitent à écouter de cette musique de la Grande Guerre. Cette écoute peut être poursuivie dans la salle centrale du musée (où se trouve les dessins d’Otto Dix) ; en effet, ont été installés, pour une écoute solitaire, quatre sièges pourvus de casques, d’un clavier et d’une liste de titres allant de « La Marseillaise » à « It’s a long way to Tipperary » en passant par des marches militaires, plusieurs versions de « La Madelon » et autres musiques en tout genre comme ces quelques titres de jazz.
L’exposition se poursuit dans une autre salle ; vous êtes invités à vous adosser à un mur pour écouter pendant huit minutes les sons de la guerre : celui des armes, des pas de chevaux, de musiques militaires…Lors de l’écoute, le mur vibre, bouge en fonction des sons diffusés. Une expérience interactive inattendue mais intéressante.
On devine donc que cette exposition ne livre pas à l’écoute de sons de la guerre, de celle qui a fait des millions de morts car il n’existe aucun enregistrement de ces sons-là. La lecture de certains commentaires nous laisse entrevoir le vacarme que fut cette guerre et la violence des sons des combats comme celui faisant référence aux tympans crevés des artilleurs. Alors pour les découvrir ou les re-découvrir, il faudra probablement se plonger dans les écrits, romans ou témoignages, pour entendre silencieusement la guerre.